« À Mont-Carmel, ce sont des membres de la communauté locale qui nous ont demandé d’organiser une rencontre d’information. À Cabano, 8 maires de différentes villes et villages qui ont insisté pour qu’une rencontre d’information ait lieu. À certains endroits, nous pensions arriver au milieu d’un événement populaire du genre un concert de Mes Aïeux tellement il y avait du monde au centre-ville (les pompiers étaient mobilisés pour faire la circulation), mais cette affluence était plutôt motivée par la tenue du débat sur le passage des pipelines et oléoducs. » Il évalue que le nombre de rencontres d’information ira en s’amplifiant dans toutes le s régions qui sont sur la carte du passage des oléoducs et pipelines. Et la grogne est bien présente : « Des producteurs agricoles refusent systématiquement d’envisager le passage d’un tel équipement sur leur terres. »
Questionné sur les consultations sur le projet d’Enbridge à la Commission nationale de l’énergie, M. Guilbeault a été clair : « Enbridge a demandé un délai pour compléter son dossier. Puisqu’une manifestation pacifiste à l’intérieur de la salle a servit de prétexte à un report des travaux, nous pensons que la mobilisation citoyenne a eu ses effets et que l’entreprises a reculé à cause de ça. »
Les mobilisations citoyennes sur les projets pétroliers se développent. Les rencontres d’informations sur les projets de pipelines et oléoducs sont fort courues : « À Mont-Carmel, une communauté d’un peu plus de 1 000 habitantEs, entre 150 et 175 personnes se sont présentées à la rencontre d ’information. C’est significatif de l’ampleur des préoccupations des citoyenNEs. » Équiterre travaille de façon conjointe avec l’AQLPA afin de tenir le maximum de ce type de rencontre partout au Québec et même au Nouveau-Brunswick. « Dans le nord francophone, nous avons été mandatés par nos collègues des Maritimes afin d’animer les soirées s’adressant aux communautés francophones. »
Et l’opposition québécoise tient à tisser des liens avec la résistance au Canada-anglais. « Nous faisons partie d’une coalition canadienne qui regroupe environ 80-85 groupes écologistes, syndicaux, autochtones et populaires afin de nous concerter partout au pays. Nous avons participé aux consultations de la Commission nationale de l’énergie et nous tissons des liens avec toute la mouvance écologiste, les groupes autochtones et les syndicats. » Il raconte l’intervention du ministre de l’environnement de l’Ontario qui s’est montré septique sur la sécurité du transport par pipeline ou oléoducs : « Le plan d’un des projets indique qu’un des trajets proposé passe à quelques pieds de la station de métro Finch à Toronto. Les éluEs municipaux ne font pas de mystère sur les risques qu’engendre une telle situation pour la sécurité du public : « Imaginez un déversement pétrolier dans le métro de Toronto... » Même chose du côté de Montréal où le conseil municipal a adressé une lettre à la Commission nationale de l’énergie pour exprimer son opposition au passage de pipeline ou de l’inversion de la ligne 9 d’Enbridge. « C’est une menace sur la source d’eau potable de Montréal et ses 2 millions d’habitantEs. »
Au Québec, le PQ a été pendant la campagne électorale de 2012 assez clair sur ses objectifs : « on nous promettait des objectifs clairs de réduction de notre dépendance au pétrole : 20% d’ici 2020 et 40% d’ici 2030. Or, cette précipitation à accepter les projets d’Enbridge et éventuellement celui de TransCanada qui auront peu d’impact au Québec, est inacceptable. Je ne comprend pas le PQ, Il n’y a aucune raison d’embarquer dans ces projets. Surtout de la part des ministres au passé écologiste comme Martine Ouellette et Yves-François Blanchette. »
« Le ministre de l’environnement promettait en décembre dernier des consultations sur ces enjeux et depuis, plus rien. Les consultations fédérales à la Commission nationale sur l’énergie aurait pu être le théâtre d’une intervention du Québec. Mais le gouvernement a décidé de demeurer silencieux. Je ne comprend pas. » Évoquant la possibilités que des élections soient déclenchées au Québec dans les prochaines semaines, M. Guilbeault a mentionné que les groupes écologistes sont conscients de cette possibilité. « Nous nous préparons à cette éventualité. Si c’est le cas, nous serons actifs pendant cette période. Il faudra qu’il y ait des consultations au Québec mais le temps avance rapidement et Enbridge sera prêt d’ici peu. »
Le PQ a trahit ses engagements fait en septembre 2012. « Le PQ a bien fait de fermer Gentilly II mais ce n’est qu’une mesure parmi tant d’autres pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. À ce titre, son engagement dans la filière pétrolière est proprement incompréhensible. »
Tout compte fait, il semble que la suite des événements risque de coûter cher au PQ. Lors de la récente campagne électorale, il a bâtit son programme afin de séduire le mouvement écologiste. Mais une fois au pouvoir, il a déçu par son adaptation aux besoins de l’économie canadienne façon Stephen Harper en matière de développement de la filière du pétrole sale des sables bitumineux. De plus, il s’engage dans toute une série de mesures visant à séduire cette fois l’électorat de droite avec sa Charte des valeurs. Une rupture politique semble à l’ordre du jour pour ce mouvement qui doit conserver son autonomie face aux propagandistes des énergies fossiles, pour conserver sa crédibilité face aux citoyenNEs qui veulent obtenir l’heure juste et développer la mobilisation citoyenne.