Édition du 25 mars 2025

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États-Unis

Ralph Nader dénonce le budget corporatiste, militariste et raciste du Président Trump.

Democracy Now, 17 mars 2017
Traduction et organisation du texte : Alexandra Cyr

D.N. Amy Goodman  : Nous nous tournons vers Ralph Nader pour avoir une réaction à la proposition de budget déposée par le Président Trump. Cette proposition prévoit une augmentation de 54 milliards de dollars des budgets militaires, tout en coupant gravement dans d’autres programmes et en éliminant des agences. M. Nader a été quatre fois candidat à la Présidence et, pendant longtemps, avocat dans le domaine de la consommation et il est critique des affaires corporatives. Qu’avez-vous à dire, M. Nader ?

Ralph Nader : Et bien, tant pis pour les promesses de campagne de D. Trump envers les hommes et les femmes oubliés-es des États-Unis, ce sont les grands-es perdants-es comme vous l’avez signalé dans vos exemples. Globalement, ce budget reflète le corporatisme, le militarisme et le racisme. Les masques sont tombés : D. Trump, ses vantardises, ses horribles promesses, ses promesses que tout serait sécurisé, que les gens auraient une assurance maladie et qu’il créerait une multitude d’emplois. Les masques sont tombés ; les crocs sont sortis et il collabore avec le parti républicain le plus vicieux et le plus ignorant de l’histoire depuis 1854 ; les archives le démontrent. Le Sénateur Robert Taft, un conservateur des années 1950, serait renversé de voir la méchanceté, le corporatisme, le militarisme et le racisme de ces Républicains-es, sauf pour de rares exceptions.

En lisant ces quelques 50 pages de budget, (les détails seront livrés en mai prochain avec un budget plus complet), vous vous rendez compte que les réassurances quotidiennes de Sean Spicer (porte-parole de la Maison blanche) ne s’y trouvent pas : ils veulent, dit-il, s’en prendre à tout ce qu’ils désignent comme des inefficacités, du gaspillage et des malversations du gouvernement, récupérer les milliards de dollars obtenus par la fraude des entreprises aux dépens des contribuables. Par exemple, parlons de la nécessité des coupes en soins de santé, qui feront en sorte que 14 millions de personnes seront privées d’assurance cette année seulement et 24 millions environ d’ici 2026, et ce, selon l’analyse du Bureau du budget du Congrès. Arrêtez-vous là-dessus. (Le Président) dit qu’il ne veut pas financer des programmes qui ne sont pas efficaces. D’accord. Il se dépense presque 10 milliards de dollars chaque année depuis la Présidence de Reagan dans un projet inutile au Pentagone, appelé missile balistique de défense. Ça ne fonctionne pas. La Society of Physicists qui comprend des physiciens consultants au Pentagone a déclaré que le système est trop facile à détecter et qu’il y a beaucoup d’autres moyens bien plus simples pour s’équiper d’armes nucléaires dans ce pays. Et il existe encore un programme qui participe au financement de Boeing et d’autres entreprises, de véritables « corporate welfare bums ». Ce programme a un budget à l’intérieur de celui du Pentagone qui représente la totalité de celui de l’Agence pour la protection de l’environnement. Vous voyez, il ne s’attaque pas aux crimes des entreprises, à leur gaspillage ni à leurs fraudes ultra présentes dans tout le budget fédéral.

Imaginez ! Ils (les Républicains-es) parlent des programmes d’assurance. D’accord, mais ils vont restreindre Medicaid (programme d’assurance maladie pour les pauvres selon certaines conditions). Ils menacent de privatiser Medicare (programme d’assurance maladie et autres services pour les retraités-es). Ils baissent les impôts des compagnies pharmaceutiques qui devaient servir à payer pour Obamacare. Les baisses toucheront aussi les compagnies d’assurance maladie, celles d’équipements médicaux et un peu les riches. Ainsi, on se débarrasse de la recherche de l’efficacité. Maintenant, examinons ce dont ils ne parlent pas. Ils ne disent rien de ce que le Bureau de la comptabilité gouvernementale du Congrès a mis à jour il y a des années, à savoir : 10 % des dépenses dans les soins de santé dans notre pays passent à la trappe à cause de la fraude à la facturation et aux abus. Et ce chiffre est considéré comme conservateur par un expert de Harvard, le professeur Malcolm Sparrow. En ce moment, (cette évaluation) représente 340 milliards de dollars qui, cette année, passeront à la trappe. Si cela témoigne de leur intérêt pour l’efficacité, pourquoi ne pas poursuivre ces entreprises pour leurs crimes ? Consultez CorporateCrimeReporter.com pour en savoir plus sur cette question.

Ils parlent de l’efficacité dans le secteur de la santé, mais ne parlent pas du très grand nombre de personnes qui meurent parce qu’elles ne peuvent pas s’assurer pour avoir un diagnostic précoce et être traitées à temps. C’est l’autre aspect fascinant et tragique en même temps de leurs prétentions. En ce moment, il y aurait 35,000 de ces décès par année. Ces chiffres viennent d’une extrapolation de l’École de médecine de Harvard dont des membres examinaient une étude publiée dans le Journal of Public Health en 2009. Ils n’ont jamais dit un seul mot à ce sujet. Ils ne parlent jamais non plus des 60,000 personnes qui décèdent chaque année à cause de la pollution de l’air. Ce sont les chiffres de l’Agence de protection de l’environnement. Et pas un mot non plus des 58,000 qui perdent la vie à cause de leurs conditions de travail, des maladies reliées et des traumatismes subis. Ce sont les chiffres de l’Occupational Safety and Health Administration.

Nous sommes donc au courant de la nature de leurs manœuvres. Ce corporatisme, ce militarisme et ce racisme sont une énorme opportunité pour que le 1 % puisse s’activer, se centrer sur une partie du gouvernement et mener à des conséquences positives aux élections de 2018. (…) À part la manifestation du 21 janvier dernier, il y a eu donc un peu moins que quelques centaines de milliers de personnes qui se sont présentées dans les assemblées locales (convoquées et dirigées par les élus au Congrès). Les élus-es républicains-es qui étaient de la partie sont revenus à Washington ébranlés-es, en se demandant ce qui se passait, constatant que quelque chose avait changé ; il n’y avait plus de sièges libres dans ces réunions que d’habitude, il y avait plus d’intervenants-es que de participants-es à ces rassemblements. Trois périodes de relâche sont à venir ; deux auront lieu avant l’arrêt d’un mois, en août ; il faut occuper ces sièges. Si jamais les élus-es annulaient ces rencontres locales, ce dont il est question, ce serait tant pis pour les rencontres avec le peuple, mais nous devrions organiser les nôtres. On les annonce et vous convoquez formellement vos élus-es pour la date, le lieu facile à atteindre et les avisez qu’il leur faudra répondre à vos questions à l’ordre du jour.

J’ai donc écrit un livre : Breaking Through Power, petit livre de 140 pages qui démontre comment un nombre infime de personnes ont changé le pays de façon historique. Il n’a jamais fallu plus que 1 % de la population pour y arriver et même moins. C’est donc une grande opportunité. Être si cruel et méchant, et prétendre vouloir transformer le gouvernement en un puit de militarisme, de corporatisme et de racisme, pourrait créer un effet de boomerang si les gens savent en profiter.

(…)

Il faut convoquer les élus-es, les sommer (de se présenter aux assemblées que nous allons organiser). Cela figure dans mon livre : les sommations formelles par lesquelles les gens dans leur milieu, convoquent leurs élus-es.

A.G.  : Oui, on peut voir les effets de ce genre de réunions. Par exemple, le Sénateur Tom Cotton a reçu une réponse massive où la colère s’est exprimée quand il a convoqué une réunion locale ; il y avait des milliers de personnes. Prenez Darrell Issa en Californie. Pour la première fois peut-être nous l’avons vu changer de position après une grande réunion locale … Nous avons des exemples de ça partout dans le pays : des gens qui écrivent WANTED avec le nom de leurs représentants-es ou qui font de la publicité dans les journaux où il est écrit Recherché-e ou encore, L’avez-vous vu-e ?

R.N. : Et il n’y a pas que ça. Un des pires membres du Congrès en ce moment, M. Jason Chaffetz de l’Utah qui préside l’Oversight Committee à la Chambre, s’est retrouvé devant un millier de personnes lors de sa réunion locale en plus de 200 à 300 à l’extérieur. Il n’y avait plus de place pour ces personnes. Ils, (les Républicains-es) prétendent que ce ne sont que des organisateurs-trices professionnels-les qui se font payer pour participer à ces réunions. Dans l’ouest de New-York, il y avait un couple dans la soixantaine qui s’est présenté avec une pancarte où on pouvait lire : « Nous ne sommes pas payés, représentant Reed, vous l’êtes ! » ; il y a de quoi se poser des questions. Quand les électeurs-trices chez-eux demandent à leur représentant-e au Congrès : « Comment osez-vous voter pour n’importe quelles coupes qui vont toucher les vulnérables, les pauvres, les gens de la classe moyenne ? Il faudrait que vous les votiez pour vous aussi ». Si leur vote aboutit à une loi d’assurance maladie odieuse ou exécrable, elle devrait aussi s’appliquer aux membres du Congrès. En ce moment, par exemple, un beau plan d’assurance vie leur est attribué aux frais des contribuables. Il y a même un plan d’allocation habitation en leur faveur. Leur salaire annuel est presque de 200,000 $, accompagné d’allocations habitation et d’un splendide plan de retraite. Vous voulez donc leur faire déclarer : « Ce qui est bon pour Pitou est bon pour Minou », mais c’est le contraire que nos soi-disant représentants-es s’appliquent à eux-mêmes et elles mêmes. Il faut que les mêmes standards s’appliquent (à tous et toutes) ; il faudra arracher leur adhésion à ce principe. Il faut avoir un face-à-face, une vraie interaction avec les membres du Congrès ; non seulement dans de grands rassemblements parce que l’énergie qui s’y déploie ne dure souvent pas plus qu’une fin de semaine, mais il faut les interpeler dans ces réunions locales publiques, dans les auditoriums des villes et les confronter face-à-face. Il y a un autre problème.

(…)

A.G. : (…) Mais il (le Sénateur Cotton de l’Arkansas) est sorti de sa réunion locale en disant à propos de l’ACA (Obamacare) et de son retrait : « Il faut y aller lentement. Il faut recommencer. Il n’y a pas le feu ». Ralph Nader, parlez-nous de ce qui se passe spécifiquement en ce moment autour de l’ACA.

R.N.  : Actuellement, il y a une opposition de droite et de gauche aux propositions des Républicains-es et de D. Trump. C’est l’importante opportunité du moment. Je pense que le Sénateur Cotton a été ébranlé. Il a regardé cette salle et s’est dit : « Parmi ces gens il y a de mes électeurs-trices ». Quand, pour un- e représentant-e, un sénateur ou une sénatrice, vous vous retrouvez dans votre circonscription devant une alliance d’opposition gauche-droite, c’est politiquement insupportable. Vous êtes donc devant ce soi-disant système d’assurance maladie, qui n’en est pas vraiment un, et c’est confondant. C’est une proposition de système d’assurance maladie qui va évincer des millions de personnes de leur protection. C’est du racolage d’appuis de la part des entreprises d’assurances et de matériel médical puisqu’on élimine les impôts qu’elles payent en ce moment, comme je l’ai expliqué. Le lobby de l’industrie hospitalière est très dérangé par la proposition Trump ; il y voit un réel problème pour l’avenir et les publicités à ce sujet sont déjà commencées. Cela va donner une alliance entre cette industrie et les citoyens-nes.

Amy, il y a un argument qui dit que ces propositions sont des folies. Les proposeurs-euses sont dans la folie. Ce que je veux dire c’est que rien n’y est prévu pour récupérer les 430 milliards de dollars qui ne sont jamais perçus dans ce pays. Avec quoi tout ce programme et ces infrastructures etc. seront-ils payés ? Toute une partie de cette proposition est complètement folle. Le budget du ministère de la sécurité intérieure sera augmenté, mais il est aussi question de couper le budget de la Garde côtière. Le mur sera construit et payé. Mais pour y parvenir, on va encore affaiblir la Garde côtière qui est déjà sous pression pour dispenser les services de sécurité et de sauvetage aux États-Unis. Mais je pense qu’il s’agit surtout de ballons d’essai. C’est la façon de penser de Trump. Il a utilisé ce genre de moyens tout au long de sa carrière en affaires et au moment de ses faillites. Il dit des outrances pour plus tard devenir un tout petit peu moins agressif et les gens se disent : « Il est vraiment plus raisonnable ». Je pense donc que nous sommes devant des ballons d’essai pour obtenir la réponse (recherchée). Probablement qu’en mai prochain, les coupes seront moins drastiques.

Mais il ne faut pas se tromper, quand vous avez Steve Bannon à la Maison blanche (…) et d’autres du même genre qui, finalement, influencent et amplifient les particularités de Donald Trump en termes de militarisme, de corporatisme et de racisme : il va y avoir beaucoup de tensions entre certains personnages du cabinet présidentiel. Mais ça ne fera pas les manchettes. Les tensions vont surgir par exemple avec le Secrétaire à l’intérieur qui ne veut pas vendre les terres publiques et qui fait face à un budget qui facilite ces ventes. Donc …

A.G.  : Avant cela je veux que vous nous parliez des Popotes roulantes.

R.N. : Oui,

(…)

Vous pouvez observer l’asymétrie, une cruelle asymétrie. Il y a des (élus-es) désinvoltes, (…) avec des buts extrêmement radicaux dans les coupes de budgets en faveur des vulnérables, des malades et des plus pauvres. C’est de l’intimidation purement et simplement. Il va y avoir d’autres budgets qui vont subir des coupes, comme celui concernant l’application de la loi sur les Centres de soins de longue durée. Le soutien financier au transport public, comme Amtrak, va diminuer et ce sont les gens à faible revenu qui s’en servent.

(…) Nous devrions aussi jeter un coup d’œil sur le Parti démocrate. Est-ce que ses élus-es vont pouvoir profiter de l’occasion ? On entend des propos vaseux ; par exemple ceux de Nancy Pelosi [1] : « …la destruction du gouvernement fédéral ». Que voilà une manière excitante de faire sortir les gens dans les rues n’est-ce pas ? Il leur faut parler comme tout le monde. Des gens vont perdre la vie à cause de ce budget, ici et à l’étranger. Les aides contre les famines dans le monde sont coupées. (Cette administration) ne veut plus que nous soyons un pays humanitaire, nous ne serons plus qu’un pouvoir brutalement militaire. Nous serons sous un régime très doux pour les crimes corporatifs. Après tout, cet homme d’affaire, D. Trump, a triché avec ses consommateurs-trices, ses travailleurs-euses, ses créditeurs-trices, il a utilisé les faillites à sa manière pour en faire un avantage compétitif et il a évité de payer un maximum d’impôts et de taxes. Il a fermé des casinos et licencié des travailleurs-euses. Atlantic City est maintenant une ville économiquement ravagée en partie à cause de la perspicacité de ce mauvais homme d’affaire.

Donc, (…) que va faire le Parti démocrate ? (…) Va-t-il présenter des candidats-es dans les 50 États où il y a des chances de réussir ? Est-ce que ses élus-es vont passer l’essentiel de leur temps à solliciter des fonds auprès des entreprises ? Ou, est-ce que le Parti adoptera la formule Sanders : gros volume de petites contributions ? Va-t-il vraiment se battre pour le régime universel étatique d’assurance maladie ? Il y a 64 Démocrates à la Chambre qui ont signé en faveur de la proposition de John Conyers [2] pour cette solution. (…) Mais ils sont silencieux à ce sujet. Ils ne font rien pour faire avancer la proposition parce que Nancy Pelosi et Steny Hoyer [3] leur disent de ne pas soulever cette question avec laquelle 60 % de la population américaine est d’accord, (…) selon un sondage de l’Institut Pew.

A.G.  : Ralph, arrêtons-nous sur cet exemple. Comment pensez-vous que cela pourrait se jouer en ce moment où la remise en question d’Obamacare est si importante, mais aussi où les Républicains-es sont submergés-es par son retrait et son remplacement par la formule que P. Ryan [4] va présenter, quelle qu’elle soit, même si c’est clair qu’elle ne sera pas celle qu’il désire ? Pour vous, est-ce le moment de mettre la solution du régime universel Medicaid pour tous et toutes de l’avant ? Comment voyez-vous la situation ? Comment évaluez-vous la stratégie qui pourrait être adoptée pour introduire cette solution ?

R.N.  : C’est une bonne idée que des progressistes commencent à mettre de la pression pour ça, au lieu de se laisser aveugler par ce qui sera fait à Obamacare. (…)

Mais voici ce que je vois. Récemment, il y a eu un éditorial important dans le Wall Street Journal qui portait sur ce qui se passe côté républicain avec Obamacare. À la fin, il était question de ce qui arriverait s’ils ne réussissaient pas à retirer la loi et l’article soulevait la possibilité qu’ils se tournent vers une formule de régime universel parce que c’est l’avenir de cette politique. Et cela a été réaffirmé par un chroniqueur du même journal cette semaine ; il soutenait exactement la même idée. Voilà ! Vous avez des gens de droite, pro-entreprise qui, finalement, disent que si les Républicains-es n’arrivent pas à mettre en place un système farfelu qui retire l’assurance maladie aux gens, se débarrasse des moyens de le financer via les impôts sur les entreprises etc. etc. S’ils échouent il ne reste donc qu’une solution, c’est Medicare [5] pour tous et toutes qui ne rejette personne, donne le libre choix de son médecin et de son hôpital, non pas ces restrictions qui existent en Virginie occidentale ; c’est le régime universel financé et géré par l’État. C’est ce que dit le Wall Street Journal.

Pour les Démocrates, il s’agit d’une chance classique. C’est le moment de s’agiter. Mais que voyons-nous ? L’an passé, quand il était candidat à la nomination démocrate pour la présidence, le Sénateur Sanders militait pour Medicare pour tous et toutes, pour le régime universel. Est-ce qu’il en parle en ce moment ? Il n’a pas présenté de projet de loi au Sénat. Il est le leader du mouvement pour le régime universel, mais il se fait dire par C. Schumer de se tenir tranquille, qu’il faut que les Démocrates se concentrent sur la nécessité de contrer les attaques des Républicains-es contre Obamacare, que ça leur suffit.

(…)
A.G.  : Passons brièvement à la politique étrangère (…) Le Secrétaire d’État, ancien dirigeant d’ ExxonMobil, M. Rex Tillerson, est en Asie en ce moment. En Corée du sud, il s’est rendu dans la zone démilitarisée. Il déclare que les États-Unis vont prendre une approche nouvelle et que ça peut bien être une approche militaire. En même temps, au cours de ce même voyage, ce secrétariat a subi des coupes de budget très importantes. Et le Secrétaire à la défense, James Mattis, s’est déjà rendu célèbre lorsqu’il était Commandant du Centre de commandement américain, en disant que si le Secrétariat d’État n’était pas suffisamment financé, il devrait acheter plus de munitions. Est-ce que ce budget nous mène vers la guerre ?

R.N.  : Il diminue sûrement les capacités diplomatiques et celles du Service des affaires étrangères du Secrétariat. Qu’est-ce qui, pensez-vous, va pouvoir remplir le vide ? Mais le Secrétariat d’État, que ce soit sous les Démocrates ou les Républicains-es, Mme Clinton, Albright ou Rice, a toujours été militariste. Elles étaient militaristes. On peut commencer à avoir peur. Souvent, les propos militaristes du Secrétariat d’État ont plus de portée et de poids que ceux du Département de la défense. Alors, au-delà des coupes de budget, une question surgit : est-ce que la culture du Secrétariat d’État va s’en tenir aux antécédents qui ne composaient pas qu’avec les conflits, mais avec les signes avant-coureurs de la diplomatie, de la possibilité d’impact modéré sur le monde, des possibilités de négociations ?

Prenons l’exemple de cette cyberguerre, de la cybersécurité, dont on parle tant. Notre gouvernement fédéral n’a absolument rien fait depuis 20 ans pour réunir toutes les nations et arriver à un traité international sur ces questions, comme on l’a fait pour le contrôle des armes nucléaires avec l’Union soviétique et avec les traités sur les armes chimiques et biologiques. Rex Tillerson est un peu coincé. On ne sait rien de lui, sauf qu’il est très, très discret.

(…)

A.G.  : Merci Ralph Nader d’avoir été avec nous.


[1Leader de la minorité à la Chambre des représentants.

[2Représentant démocrate pour le 13ième district à Détroit.

[3Chef du groupe démocrate à la Chambre

[4Président républicain de la Chambre des représentants.

[5Programme d’assurance maladie pour tous les retraités-es américains-es.

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