Dans un sondage Léger et Léger publié dans Le Devoir de ce matin (6 mai 2016), on apprenait que 45% des sympathisants péquistes souhaitent un éventuel retour en politique de PKP alors que 32% s’y opposent. Le fait que PKP ait remporté aussi facilement la course à la direction du PQ et qu’aujourd’hui un aussi fort pourcentage souhaite son retour en politique est très révélateur de ce que ce parti est devenu : un véhicule politique qui tourne dans le vide parce qu’il a depuis belle lurette cessé de lier lutte pour l’indépendance et projet social. À force de remettre (toujours) à plus tard la tenue d’un référendum (jamais remis en question comme stratégie d’accès à l’indépendance) et de clignoter à gauche lorsqu’il est dans l’opposition ou en période électorale et de virer à droite lorsqu’il exerce le pouvoir, le PQ a fortement contribué à semer le défaitisme, à cultiver le cynisme à l’égard de la politique et à discréditer l’idée d’indépendance elle-même.
Dans ce contexte, QS doit se méfier comme de la peste de toute perspective de convergence qui ne lie pas lutte pour l’indépendance et projet d’émancipation sociale. Il doit plutôt consacrer ses énergies à faire œuvre pédagogique en démontrant comment il existe des possibilités réelles de sortir de l’impasse dans laquelle nous a conduit la logique productiviste du capitalisme et plus d’une trentaine d’années de politiques néolibérales. Tout en mettant de l’avant un programme politique concret et crédible, QS doit en même temps faire la démonstration qu’il ne peut pleinement être mis en œuvre dans le cadre des institutions fédérales actuelles, ce qu’il a tendance à négliger. Il contribuerait ainsi à la mise en place d’assises solides pour qu’une véritable convergence puisse voir le jour. Non pas une convergence de façade qui ne ferait que renforcer ceux et celles pour qui indépendance rime avec simple renforcement d’une bourgeoisie nationale, mais une convergence qui ouvre enfin la voie aux aspirations légitimes d’une nation « unique par son histoire et sa culture en constante évolution autour d’une langue commune qu’est le français. » Tout en défendant sa conception d’un Québec qui n’exclut personne, QS aurait aussi avantage à rappeler ce passage de son programme beaucoup plus souvent qu’il ne le fait.