Édition du 24 septembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Canada

Pour sortir le Nouveau Parti Démocratique de la marginalité au Québec : ajuster le tir.

Le Québec est-il décidément une terre stérile pour le grand parti social-démocrate fédéral ? Ce dernier peut-il encore entretenir l’espoir d’une quelconque percée électorale sérieuse dans la "Belle province" ?

Tout d’abord, examinons les résultats du scrutin partiel tenu lundi le 16 septembre dans le comté de La Salle-Émard-Verdun. La direction du parti a investi des efforts soutenus pour le remporter ; le chef Jagmeet Singh y a affirmé une présence fréquente. On ne peut affirmer que la performance du NPD y a été décevante. Qu’on en juge par les résultats en termes de votes obtenus : Le Bloc québécois a raflé 28,2% des voix, le Parti libéral 27,3%, le NPD 26,1% et le Parti conservateur a végété avec 11,5%. La formation dirigée par Jagmeet Singh a donc terminé en troisième position, talonnant ses deux principaux adversaires.

Cette élection confirme par ailleurs que les politiques sociales et économiques restrictives prônées par le Parti conservateur ainsi que le style de leadership abrasif de son chef Pierre Poilievre ne conviennent pas à une majorité d’électeurs et d’électrices francophones.
Alors, pourquoi les néo-démocrates n’arrivent-ils pas à en profiter pour améliorer leur score au Québec ? Croient-ils seulement encore à cette possibilité ?

J’ai déjà abordé à ce propos les obstacles généraux rencontrés par le parti pour y parvenir : méfiance à l’endroit du nationalisme québécois, politiques centralisatrices et peu d’efforts consentis pour rallier l’électorat québécois à sa cause.

Pourtant, celle-ci n’est pas désespérée comme l’a prouvé la réussite (cependant éphémère) de Jack Layton en 2011. Toutefois, le NPD n’a pas poursuivi sur sa lancée et les successeurs de Layton, Thomas Mulcair et Jagmeet Singh ont laissé passer la chance d’implanter leur formation de manière durable au Québec.

Quand on regarde la situation de plus près, on s’aperçoit que les Québécois et Québécoises connaissent mal le NPD. Pourquoi ? En raison du peu d’efforts investis par sa direction au Québec.

Il n’existe aucune équipe substantielle dont la mission consisterait à assurer une présence continue du NPD ici ni de lieutenant québécois prestigieux ou convaincant. Alexandre Boulerice, en dépit d’évidentes qualités comme député, n’a pas la stature d’un leader "national" québécois capable de conseiller le chef du parti sur la politique à suivre chez nous. Bref, la direction du parti à Ottawa ne fait guère d’efforts pour se doter au Québec d’une équipe chargée d’effectuer une percée électorale significative.

Cette situation déprimante est-elle due aux échecs répétés du parti auprès de l’électorat québécois, ce qui ferait que les candidats ne se bousculent pas aux portes ou l’inverse, c’est-à-dire que les échecs consécutifs du NPD s’expliqueraient par cette absence ? Sans doute un peu des deux. On ne peut non plus faire surgir un représentant d’envergure au poste de conseiller d’un coup de baguette magique.

Mais il me semble que mettre sur pied un groupe de conseillers expérimentés et éventuellement trouver un leader relève du possible à condition d’y consacrer le temps et les efforts requis. Ce groupe et ce "leader" pourraient alors "travailler" le Québec, donc être présents sur beaucoup de tribunes et participer à des luttes sociales. Ils se donneraient aussi comme mission de "réconcilier" le NPD avec le nationalisme québécois, ce qui ne se ferait pas sans tiraillements internes, mais le jeu en vaut la chandelle.
La domination électorale de plus en plus relative du Parti libéral fédéral au Québec (33,7%et 35 sièges obtenus en septembre 2021) et la large part qu’est allé chercher le Bloc à la même occasion (32,1% pour 32 sièges) ne sont pas inévitables. Notons que lors de ce scrutin général, le NPD a du se contenter de 9,8% des voix et d’un seul député, Alexandre Boulerice. Il était à la traîne derrière les conservateurs (18,6% et dix députés).
Enfin, Jagmet Singh n’est peut-être pas le chef idéal pour orienter le parti dans cette direction. Il est aussi multiculturaliste que Justin Trudeau et méfiant à l’endroit du nationalisme québécois. Il faudrait penser à le remplacer tôt ou tard, et vaudrait mieux tôt que tard.

En conclusion, oui le NPD peut s’imposer au Québec mais à certaines conditions qui n’ont pas été respectées jusqu’à maintenant. Il doit corriger le tir.

Jean-François Delisle

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