Édition du 17 décembre 2024

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Le blogue de Pierre Beaudet du 20 août

Parler vrai

Il y a à peu près l’unanimité ce matin sur le fait que c’est Françoise qui a marqué le débat d’hier. Elle avait travaillé fort pour se préparer et cela paraissait. Mais le plus important n’était pas dans sa maîtrise des dossiers. Françoise « parlait vrai ». Qu’est-ce que « parler vrai » ?

Finalement dans la vie, il y a deux grandes familles de personnalités. Des gens parfois bien intentionnés ne sont pas capables de « parler vrai ». D’abord ils ont toujours raison. Leur assurance est davantage une arrogance. Celle-ci veut dire en fin de compte qu’ils n’écoutent pas. Ils ont également réponse à tout et plus encore, leur réponse se présente sur le ton définitif et total : « voici LA solution ». Autrement, les gens qui ne sont pas capables de « parler vrai » pensent qu’il y a une et seulement une manière de régler les choses. La réalité n’est jamais complexe, mais unilatérale, estiment-ils. Hier sur cela, le champion toute catégorie était François Legault avec ses ridicules prétentions à « tout régler ». Il est apparu comme un néant à côté d’une géante.

Ne pas « parler vrai » s’exprime aussi d’une autre façon. On refuse de parler vrai en ne répondant pas à la question, tout simplement. On refuse de dire ce qu’on pense « vraiment » et hier, c’est malheureusement Pauline Marois qui a monté qu’elle ne pouvait pas « parler vrai ». Même si la chose n’est jamais simpliste, il faut qu’on soit capable de l’appeler par son nom. Même s’il n’y a pas de réponse magique, il y a une réponse, une piste, qu’on doit mettre de l’avant avec son intégrité et sa capacité d’écouter.

Souvent mais malheureusement pas toujours, les gens de gauche essaient de « parler vrai ». On n’a rien à cacher, et on n’est pas là pour défendre ses intérêts personnels ni pour « prendre le pouvoir ». Mais ce n’est pas toujours le cas. Des gens de gauche peuvent aussi tomber dans le piège. « Voici LA réponse et il n’y a en pas d’autre ». « Le problème est simple et on va le régler simplement ». « Si tel problème n’est pas réglé, c’est la faute des autres ». Cette incapacité de « parler vrai » discrédite le discours critique et donne l’impression que la gauche est le miroir de la droite. Hier Françoise a monté que ce n’était pas le cas. Il n’y a pas de solution miracle à la question nationale. Il n’y a pas de quick fix, de référendum patenté, de « bonne tactique ». On ne réglera pas le problème de la santé avec 1000 ou pourquoi pas 10 000 médecins. « Parler vrai », c’est d’être capable de dire, « le problème est complexe, la solution est complexe, mais on peut commencer à la trouver ».

En fin de compte, « parler vrai » signifie qu’on ne prend pas les gens pour des imbéciles à qui on « révèle » la vérité absolue. Celle-ci existe seulement dans la tête de ceux et celles qui se prennent pour d’autres et qui sont donc incapables de « parler vrai ».

La gauche doit travailler fort pour « parler vrai », ce qui veut dire éviter la démagogie, l’arrogance, le sentiment d’avoir tout raison. Cela exige de la modestie, une certaine pudeur aussi. L’insulte, la raillerie, le sarcasme ne sont pas des manières de s’opposer à des idées et de parler vrai, mais des signes de faiblesse et d’arrogance. « J’ai raison et les autres sont tous des cons ». Hier, Françoise est la seule je crois qui a pu dire à ses adversaires de temps en temps, « je suis d’accord avec vous et vous avez raison ». C’est aussi cela « parler vrai ».

Merci Françoise

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