« En participant à ce sommet, le gouvernement Trudeau savait qu’il serait attendu au tournant. Avec cette nouvelle cible canadienne de 40 à 45%, on reste sur notre faim. Plutôt que de se présenter en premier de classe, le Premier ministre a choisi de se contenter de la note de passage », déclare Anne-Céline Guyon, chargée de projet Climat à Nature Québec.
« Nous félicitons le gouvernement Trudeau qui est enfin plus ambitieux que Stephen Harper et son gouvernement climatosceptique. Cependant, la nouvelle cible du Canada est encore loin de compenser pour toutes les années où nous nous sommes enrichis en exploitant les sables bitumineux et en polluant l’atmosphère planétaire. Nous devons faire notre juste part de l’effort climatique mondial et soutenir les pays les plus touchés par la crise climatique », explique Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.
Attendue avec impatience depuis six ans, la nouvelle cible aurait dû permettre au Canada de respecter non seulement les exigences de la science du climat, mais également les principes d’équité en tenant compte de sa responsabilité historique et différenciée dans les émissions mondiales de GES.
Durant les dernières semaines, l’administration Biden a fait monter les enchères et a elle-même quasiment doublé la cible américaine, visant maintenant un objectif entre 50 et 52% de réduction d’ici 2030 par rapport à 2005. Notons cependant que la nouvelle cible américaine reste insuffisante pour que les États-Unis fournissent également leur juste part. D’autres pays ont fait preuve de plus d’audace. Par exemple, le Royaume-Uni a annoncé une cible de réduction de 78% d’ici 2035 par rapport à 1990, alors que l’Union Européenne et la Norvège ont promis respectivement une réduction des émissions de 55% et 50 % d’ici 2030 par rapport à 1990.
Nature Québec rappelle que le Canada a toutes les ressources et la technologie en main pour opérer les changements structurants que la lutte à la crise climatique commande, mais doit avoir le courage de les mettre en œuvre. Cela comprend l’arrêt immédiat de toutes les subventions directes et indirectes aux énergies fossiles, ainsi qu’un plafonnement drastique des émissions des secteurs pétrolier et gazier. À terme, le Canada doit également prévoir une sortie de ces secteurs en préparant une transition juste pour les travailleuses, les travailleurs et les communautés. La préservation et la restauration des milieux naturels font également partie de la solution de par leur capacité de captation et de stockage du carbone, et doivent être priorisées.
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