Les citoyenNEs présentEs ont souhaité obtenir une information de qualité. Bien que la Direction de la santé publique de la Capitale-nationale ait émis un avis qui admettait les risques à l’exposition au nickel sur une grande partie du territoire de la ville et que les concentrations détectées étaient bien au-delà des normes acceptables, les personnes présentes avaient l’impression que l’organisme prenait les choses à la légère. “Ce n’est qu’à la dernière minute que la DSP a accepté de nous rencontrer car nous étions des citoyenNEs ordinaires et dans leur culture, ce n’est pas coutume" a déclaré Véronique Lalande.
La DSP avait admis dans un communiqué émis le 26 avril que « les effets sur la santé liés à la présence de nickel sont réels, et que des recommandations s’imposent ». Toutefois, c’est la timidité des recommandations de la DSP qui étonne, compte tenu de la situation. On suggère aux entreprises génératrices de risques de “développer et actualiser leur plan d’action visant à réduire la contamination par le nickel et les autres contaminants”. Une tape sur les doigts pour une entreprises, Arrimages Québec, qui transborde des dizaines de milliers de tonnes de produits potentiellement dangereux sans se soucier de la qualité de l’air des quartiers environnants et ce, depuis des années. On va même jusqu’à suggérer à la Ville de Québec "d’ augmenter ses activités de verdissement”. Comme si une couche de pelouse supplémentaire allait corriger les choses. Et rien dans les recommandations de la DSP allant dans le sens de faire appliquer rigoureusement les règlements déjà en vigueur pour forcer le Port de Québec et ses locataires à s’y soumettre.
Labeaume s’en lave les mains
Le maire Labeaume tient à ce que la Ville n’en fasse pas trop. Il remet entre les mains du ministère de Développement durable, de l’Environnement et de la Faune la responsabilité de gérer la situation, n’exige rien aux autorités du Port de Québec, adopte une attitude de complaisance envers les élites d’affaires dont font parties le Port et Arrimage Québec qui effectue les opérations de transbordement des marchandises au Port. De plus, il adopte une attitude méprisante avec les citoyenNEs ordinaires refusant toute rencontre avec les membres du comité Vigilance Port de Québec. Celui qui se vante d’être le représentant du peuple et d’obtenir un appui sans faille à sa politique montre un autre visage lorsqu’il est question d’autre chose que du futur Colisée. Il va même jusqu’à déplorer que tout ce débat fait en sorte que la valeur des propriétés et des commerces ira à la baisse sans se soucier de la santé des personnes. “Chaque fois qu’on diabolise Limoilou, ça veut dire que les valeurs des propriétés baissent, la réputation du quartier baisse et il y a des commerces qui vont avoir des problèmes “ et “On est vraiment en train du faire mal à Limoilou. On est en train de créer une psychose. Je veux dire aux gens de Limoilou que c’est pas vrai que je vais prendre ça pour du cash. “ (Le Soleil du 19 mars 20134). Bref, il tape sur ceux et celles qui ont soulevé le problème mais pas sur ceux qui en sont la source.
Des suites
Après la rencontre du dimanche 28 avril, le comité Vigilance Port de Québec poursuit ses activités. Le 3 mai, Arrimage de Québec doit présenter son plan de redressement, plan qui devait être rendu public en décembre dernier. Rien ne dit que les mesures qui seront présentées seront à la hauteur des exigences de la situation. En effet, Arrimage de Québec niait les problèmes jusqu’à tout récemment : “Nickel dans Limoilou : Arrimage Québec serait étonné d’en être responsable “ titrait le Soleil du 11 avril dernier. Le représentant de la compagnie lorsqu’interrogée par le même quotidien affirmait récemment : “C’est un cycle industriel, c’est [la cargaison de l’Umiak I, N.D.L.R.] 30 000 tonnes, c’est 1000 voyages de camion. Alors, je n’affirmerai jamais qu’il n’y a aucune particule qui s’échappe. Mais de là à ce que ça se rende à Limoilou, ça m’étonnerait. C’est un procédé qui est considéré comme étanche”. Le représentant de la compagnie s’exprimait dans le cadre d’une opération de relation publique organisée par le Port de Québec pour couper l’herbe sous le pied de la contestation.
Puis le 6 mai, les membres du comité doivent se présenter à l’Hôtel de ville de Québec pour la séance du conseil municipal. Une telle manœuvre vise à faire en sorte que le maire Labeaume se compromette dans le dossier et agisse de façon à mettre de la pression sur les autorités du Port. Connaissant les rapports entre le maire et le dirigeant du Port de Québec Mario Girard, on peut présumer qu’il fera tout en son pouvoir pour ne pas le compromettre davantage et résister à ces citoyenNEs qui perturbent son agenda.
Enfin, le 2 juin, une grande manifestation aura lieu dans les rues de la ville. Elle doit se rendre sur les terrains du Port de Québec mais, pour l’instant les autorisations nécessaires pour ce parcours ne sont pas émises. Et comme les forces policières disposent maintenant de tout l’arsenal législatif nécessaire pour réprimer les manifestations non-autorisées, les membres du comité demeurent prudents dans ce dossier. Mais l’essentiel est que la mobilisation citoyenne déborde largement le quartier Limoilou et s’élargisse à l’ensemble des zones touchées et que des centaines de citoyenNEs demandent des mesures nécessaires pour régler la situation une fois pour toutes.
Nouvelle de dernière heure
Le Soleil de ce matin 30 avril nous apprend qu’au terme d’une rencontre, le maire de Québec a accepté de rencontrer le comité Vigilance Port de Québec et qu’un comité de vigilance sera mis sur pied afin d’assurer une surveillance sur les mesures à venir pour mettre un terme aux émanations de poussières provenant du Port de Québec. Une victoire partielle mais réelle.