Édition du 18 juin 2024

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Amérique latine

Mexique : la Caravane pour la paix avec justice et dignité met le cap au sud

Après une première étape qui l’a conduite jusqu’à Ciudad Juárez en juin dernier [1], la Caravane pour la paix avec justice et dignité (CPJD), composée de 600 personnes réparties en 14 autobus, a parcouru, courant septembre, sept des principaux états du sud du pays.

Au cours de son trajet, la caravane a permis de mettre en relief une situation qui a peu à envier à celle du nord du pays, nombreux cas d’assassinats et disparitions forcées à la clé. Le passage de la caravane a rendu explicite une violence qui affecte, plus directement qu’au nord, les mouvements sociaux, historiquement plus nombreux et mieux enracinés au sud du pays. Si des mobilisations importantes ont été organisées pour recevoir la caravane menée par Javier Sicilia, des différences significatives sont apparues entre les organisations populaires et ce dernier.

Et la caravane passe…

Au Chiapas par exemple, une importante mobilisation a été organisée par plus de cinquante organisations, en vue de recevoir la caravane. Ces dernières, qui ont démontré une réelle capacité de convocation, n’ont cependant pas rejoint formellement le mouvement dirigé par Javier Sicilia. En effet, ce dernier avait décidé, contre l’avis des organisations locales, de rencontrer le Gouverneur du Chiapas. Dans l´État de Tabasco, plus de trente organisations ont reçu la caravane. Ces dernières, sans qui le passage de la caravane n’aurait sans doute pas eu le même impact, se sont néanmoins distancées du mouvement après s’être vu refuser la parole à la tribune par l’équipe de Sicilia.

Les exemples de ce type, auxquels il faut malheureusement ajouter la disqualification systématique des dirigeant·e·s populaires par Sicilia et son équipe, ont été monnaie courante durant toute la durée de la caravane. Mentionnons également les insultes proférées au Chiapas, contre des journalistes qui questionnaient la stratégie de négociation adoptée par Sicilia face au Gouvernement de Felipe Calderón.
Un «  abrazo  » au gouvernement

L’attitude de Sicilia s’explique par sa volonté de se distancer de ce qu’il considère comme «  la vieille gauche  » ou «  la gauche radicale  », préférant négocier avec Calderón et sa bande de criminels. En bon catholique, il distribue allégrement des abrazos aux responsables de la mort de son fils. Cette «  stratégie  » a déjà produit son effet dans le Morelos, État de Sicilia et berceau du mouvement, où la mobilisation a été insignifiante, les activistes et «  la vieille gauche  » s’étant retirés.

Et pourtant, aujourd’hui plus que jamais, il faut réaffirmer la nécessité pressante d’un mouvement large et pluraliste contre la militarisation, tout en tirant un bilan critique de cette dernière étape de la mobilisation. La voie à suivre doit être celle de l’unité la plus large possible entre les organisations populaires, syndicales, paysannes et de droits humains, qui seule sera capable d’entraîner l’immense majorité des gens qui souffrent de la stratégie criminelle de Calderón.

Héctor Márquez

Solidariity

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