Les gens sont écœurés de se faire prendre pour des valises et de se faire dire n’importe quoi par des ti-counes affranchis remplis de suffisance et de certitude qui, pour qu’ils avalent leur agenda économique, social et politique, leurs répètent à satiété des faussetés comme celle voulant que le Québec soit pauvre (ce qui est erroné car en termes de PIB par habitant le Québec se classe 20e au monde sur 235 pays selon l’Institut de la statistique du Québec. Comme l’écrit le Journal de Montréal du 29 mars 2006) et que la dette du Québec est une bombe atomique (dixit l’économiste de service Pierre Fortin). Bombe atomique qui est plutôt un pétard mouillé si on retranche de la dette publique – ce que ne font pas les lucides afin de mieux vous endoctriner – la valeur marchande de l’instrument collectif Hydro-Québec qui vaut plus que la totalité de la dette globale du Québec. Et si le Québec est à feu et à sang, dixit encore une fois Pierre Fortin, pourquoi donc ce titre dans La Presse du 16 septembre 2011 : « Québec garde sa bonne note de Moody’s » ? Et puis, ils répètent inlassablement les mêmes âneries mensongères du vieillissement de la population, de l’immobilisme, de l’exode des cerveaux, de la rigueur fiscale obligée, des riches surtaxés, du taux de syndicalisation trop élevé du Québec qui sclérose notre économie et opprime nos entrepreneurs ; ils ciblent nos prétendues vaches sacrées que sont nos services publics délabrés et sous-financés intentionnellement afin de mieux les privatiser aux affairistes. Ils omettent toutefois de mentionner les odieuses vaches sacrées consenties aux pachas : abris fiscaux, paradis fiscaux, baisses indécentes d’impôts, subventions éléphantesques qui s’apparentent à un bar ouvert qu’avait dit l’ex-vérificateur général du Canada Denis Desautels, etc. Après ils se demandent pourquoi les gens ne vont pas voter.
Il y a aussi ces hypocrites qui feignent ne pas comprendre les indignés et même les accusent de tous les torts en affirmant qu’ils se comportent en gros bébés gâtés. Ils affirment qu’au Québec et au Canada tout va très bien. Très bien pour qui au juste ? Au cours des 30 dernières années de croissance économique soutenue, le salaire des travailleurs a stagné et les inégalités se sont accrues à des niveaux records. Gracieuseté des élus corrompus qui ont défiscalisé les riches et les entreprises et ont taxé davantage la classe moyenne (qui s’est appauvrie au fil des ans), en augmentant allègrement la TVQ et en tarifiant abondamment tous les services publics. Bien oui, ça va très bien madame la marquise et monsieur le marquis. Effectivement, tout va extraordinairement bien pour les marquis et leur famille. À l’urgence, qui n’a d’urgence que le nom, il faut attendre 20 heures pour voir un spécialiste et pour passer une radiologie faut mettre un an. Les classes sont insalubres et, pour améliorer les choses, Charest vient de couper dans le maigre de nos services publics un autre 800 M$ (Le Devoir, 17 septembre 2011) afin de payer pour la nouvelle salle de 300 M$ de l’Orchestre symphonique de Montréal (une autre vache sacrée pour les gens importants) et le nouvel amphithéâtre à Québec (400 M$). Et il y a les patrons d’entreprises qui n’ont jamais été aussi riches qui annoncent : « Une hausse salariale des travailleurs [pour 2012] sous la barre des 3 %» (La Presse, 19 octobre 2011), au moment même où l’inflation augmente de près de 4 % : « Le coût de la vie augmente rapidement » (La Presse, 22 octobre 2011). Beau modèle équitable de répartition de la richesse. Après, on feint d’être surpris par la montée des injustices économiques et faudrait rien dire et surtout rien faire.
Puis-je vous dire mes amis qu’en Allemagne et en Israël ça va bien économiquement aussi, mais la grosse partie de la richesse est accaparée pat une minorité ? À quoi sert d’avoir une job et de recevoir une augmentation de salaire de 10 % si le prix des produits et services incluant la nourriture et le logement, augmente de 20 % ? Voilà ce qui se produit en Allemagne et en Israël et qui explique la réaction des gens qui manifestent par milliers tout en brassant la cage dans la rue qui a fait réfléchir et reculer les politiciens.
Pour les vendus, tout va supposément bien pour tout le monde. La collusion et la corruption nous sortent par les oreilles et coûtent des milliards de dollars en fonds publics et ils ne voient rien. En catimini, Charest démantèle Hydro-Québec, gaz et pétrole, Soquip et Soquiem et donne nos ressources naturelles (pétrole, eau, bois et mines) à des opportunistes, souvent d’ex-politiciens, et ils ne remarquent rien. Ces pantins trouvent même ça correct. Ça répond à leur façon de contrer l’immobilisme au Québec et ça crée, à même nos ressources naturelles et nos services publics, une classe dodue de riches qu’il ne faut surtout pas taxer. Ces colonisés applaudissent la vente de nos ressources naturelles et nos services publics à des étrangers car ils reçoivent une belle commission lorsque cela se produit.
Tiens, il y a le titre de cet article de La Presse du 5 mars 2010 qui dit : « Entreprises canadiennes : des taux d’imposition parmi les plus bas au monde. » Et au moins deux fois moins élevé qu’aux States. Qu’à cela ne tienne, les entreprises canadiennes nous vendent leurs produits et services 20 % plus chers qu’aux Etats-Unis et nos gouvernements ne font rien. Ils se disent préoccupés tout au plus. Ils sont plus courageux avec les syndicats aux Postes, chez Air Canada et dans la construction. Et puis il y a cet article du Devoir du 16 août 2011 intitulé : « Les banques canadiennes veulent un assouplissement du régime fiscal. » Vraiment révoltant. Ces banques qui nous arnaquent et qui détournent des milliards dans les paradis fiscaux veulent payer encore moins d’impôts même si elles sont parmi les moins taxées dans le monde occidental. Et, ce sont ces mêmes banques qui nous disent régulièrement comment gérer l’État et qui comptent plusieurs ex-banquiers comme ministres, tant au fédéral qu’au provincial. Ben oui, tout va très bien. On peut dormir tranquille sur nos deux oreilles et leur faire confiance. Et puis il y a l’organisme de recherche patronal du Conference Board qui affirme dans Le Devoir du 14 septembre 2011 : « Les inégalités de revenus progressent plus vite au Canada qu’aux Etats-Unis. » Il ajoute même : « Au Canada, la classe moyenne tend à se rapprocher des groupes les plus pauvres. »
La moitié des compagnies ne paient pas d’impôt sur le revenu au Québec même si elles sont très rentables et le gouvernement du Québec, qui coupe partout dans nos services publics et tarifie ceux qui restent, verse 6 M$ par année en subventions aux entreprises, ce qui en fait le champion canadien selon le Fraser Institute, organisme privé très à droite (La Presse, 28 novembre 2009).
Nos politiciens et le patronat font comme si rien ne s’était passé, que ces manifestations ne sont pas vraiment sérieuses et qu’il s’agit seulement d’une saute d’humeur passagère de quelques hurluberlus. Faites comme si de rien était messires. Feignez ne pas voir les gros messages qui vous sont envoyés comme celui-ci : « Les Québécois sont ceux qui jugent le plus sévèrement leur gouvernement. Méfiance extrême envers les élus » (La Presse, 29 octobre 2011). Mais ne venez pas plus tard jouer à l’autruche et faire vos innocents si les indignés d’aujourd’hui deviennent les révoltés de demain. Vous n’aurez que vous à blâmer et à tenir responsables pour les soulèvements qui vont survenir, probablement violents, que vous aurez fomentés. L’exploitation est la mère de la violence. Quand cela produira, au moins un de vos souhaits qui vous tient le plus à cœur aura enfin été exaucé, soit celui de contrer l’immobilisme au Québec.