Un tel ouvrage est construit pour une espérance de vie de plus de 50 ans. On peut prévoir que sa rentabilisation se ferait sur plusieurs dizaines d’années. Or quel sera la demande future du pétrole est une question difficile à répondre. Toutes les prévisions faites jusqu’à date doivent être revues à la baisse à la lumière de nouveautés comme : la taxe sur le carbone, la généralisation de l’électrification des transports, la guerre aux plastiques, la promesse de M. Trudeau de la carboneutralité du Canada d’ici 2050, etc.
De toute évidence l’avenir n’est pas dans l’expansion de l’industrie du pétrole ni au Canada ni ailleurs dans le monde, si on se fie aux tendances allant dans le même sens qu’au pays. On peut même prévoir à court ou moyen terme une réduction de la demande de pétrole. Cette réduction devrait entraîner une diminution des prix. Les premiers qui seront touchés lors de ces réductions seront les producteurs non conventionnels les plus chers et les plus polluants soient les sables bitumineux, principalement au Canada, et les gaz de schistes, aux États-Unis.
À moyen terme, ce pipeline peut devenir non rentable et un véritable éléphant blanc pour le pays. D’un autre côté, l’idée d’investir les revenus du pipeline de 500 M$/année dans la transition verte est un non sens. C’est proposer de polluer plus maintenant pour peut-être moins polluer dans le futur. Il faut rappeler que la production de GES ne fait que s’additionner dans l’atmosphère et ne peut être éliminée que sur une échelle de centaines voire de milliers d’années.
La solution la plus raisonnable pour le moment serait de décréter un moratoire sur l’accroissement de la production de pétrole provenant des sables bitumineux. Si le gouvernement canadien veut réellement aider l’Alberta, il pourrait investir dans la diversification de son économie.
Pascal Grenier
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