Édition du 17 décembre 2024

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Féminisme

Les quotas du ministre Barrette et les femmes

La loi 20 du Docteur Barette met en place des quotas pour les médecins. Il faut faire un parallèle avec le salaire à la pièce. Plus tu en fais, plus tu es payé. Les travailleurs et les travailleuses du siècle dernier se sont unies et ont lutté fort pour presqu’éradiquer ce mode de rémunération, alors que le ministre veut discipliner les médecins omni en le rétablissant.

Mais plus que cela, les quotas vont établir des classes de bénéficiaires : très pockéEs par la vie et les maladies et les autres presqu’en santé. Les presqu’en santé vont être traitéEs rapidement et les bons médecins vont s’occuper des autres en prenant tout leur temps.

En plus de cette catégorisation mais dans le même esprit, le Conseil du statut de la femme privilégie la majorité les femmes et principalement les plus pauvres contre les femmes médecins biens nanties et s’offrant une qualité de vie. Encore faut-il voir c’est quoi cette qualité de vie ? Le Conseil se prononce donc pour les quotas aux médecins.

Cette vision de l’esprit est pour le moins étroite, méprisante et violente. Il faut s’occuper de toute la population de la même façon. Les services en santé doivent être les mêmes pour tous et toutes : c’est une question de justice sociale. Les ordres professionnels ont bien raison de conspuer le ministre Barette.

Ils le font pour des objectifs de statu quo alors qu’il faudrait élargir le débat à l’ensemble de cette idéologie néolibérale : l’égoïsme et l’individualisme portés au paroxisme. Car la suite de cette logique c’est que nous sommes responsables de nos maladies. À chacun de nous de payer. Tu manges mal : paye ; tu fumes : payes pour ; tu fais pas d’exercice : paye… et dans cette logique à quoi bon payer pour des services gratuits, privatisons le tout. On pourra ainsi lutter contre l’austérité en payant aux banques les fameux remboursements de la dette alors qu’elles font des milliards de profits à chaque année, ne paient pas d’impôts et continuent d’engranger les argents de la collectivité. Le contexte social sera aussi occulté. Le rôle de la publicité et des médias, des multinationales du tabac et des médicaments, de la restauration fast food, des pollueurs industriels, des pétrolières avec leur énergie sale. C’est hors d’ordre. Nous sommes malades, parce que notre organisation sociale est basée sur le profit et non sur le bien être des hommes et des femmes qui la composent. C’est pourquoi, au minimum, il nous faut garder des services de santé gratuits, accessibles à tout le monde et sans discrimination. Ces services ne feront que réparer les torts causés. Mais il nous faudra penser prévenir et là, il nous faudra aborder le contexte social et la quête du profit aux dépens des personnes.

Notre société a besoin de l’apport de toutes les femmes : médecins ou bénéficiaires, consommatrices ou travailleuses. La tactique Barette-CSF en est une de confrontation des femmes entre elles. De cette bataille, il ne peut sortir rien de positif ni pour les personnes malades ni pour les personnes soignantes. Ce sont les droits de toutes les femmes que la société doit promouvoir. Si un groupe de personnes sont lésées alors toutes les femmes le seront. Le favoritisme d’une partie de la population sous prétexte de pauvreté ne peut pas créer une société juste où il fait bon vivre. L’égalité de toutes les femmes entre elles et avec les hommes est une question de justice sociale : pas d’égoïsme divisionnaire.

Chloé Matte Gagné

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