Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Féminisme

Make it great again Noël féministe

Ce texte a été lu lors du Noël festif et solidaire organisé le 1 décembre par le comité des femmes de Québec Solidaire Capitale nationale.

2024-12-01
Élisabeth Germain

Je ne sais pas très bien ce qui m’arrive. C’est peut-être la vieillesse du corps qui s’est imposée à moi depuis un an et qui me ralentit. Ou une fragilité nouvelle qui me rend plus vulnérable aux fragilités autour de moi. En tout cas me voilà moins combative, moins prompte à monter sur mes grands chevaux, comme on dit.

C’est aussi, je crois, mes recherches écoféministes qui me font devenir tellement plus consciente de nos interdépendances et aspirer à ce que nous prenions soin de la vie, forte et fragile comme elle est.

J’ai envie de me tourner vers la paix plutôt que vers la lutte. Ou, en tout cas, de lutter pour rendre la paix possible. Vous voyez, je suis un peu mêlée. Et puis c’est un lieu commun, je le sais, parler de paix à Noël.

Mais c’est l’hiver, le début de l’hiver, et je ne peux qu’angoisser en pensant à toutes les Ukrainienꞏnes qui vont encore endurer le froid, la noirceur et l’impuissance, pour un troisième hiver d’affilée.

Parce qu’un empire a décidé de les conquérir. Parce qu’un orgueil mâle aspire à régner. Make Russia great again.

C’est le début de l’hiver et les Palestinienꞏnes continuent à être délogées, bousculées, bombardées, affamées. À mourir longuement.

Parce qu’un orgueil mâle, là aussi, poursuit impitoyablement sa vengeance et son appropriation. Make Israël great again.

Et c’est le début d’un hiver de quatre ans chez nos voisins du sud. J’angoisse là aussi, en pensant à toutes les femmes sur lesquelles le contrôle mâle, politique et religieux, va s’étendre de plus en plus.

Your body, my choice. Make America great again.

C’est aussi le début d’un hiver écologique où les puissants détruisent la vie pour construire leurs empires de pétrole, de satellites et d’artifices, Viagra, faux seins et intelligence artificielle.

Autrefois, hier encore, on pouvait ne pas savoir, on pouvait être des analphabètes de l’écologie, malgré les découvertes scientifiques depuis 1856 où Eunice Newton Foote, la première, découvrait l’effet de serre. Malgré les avertissements inquiets et bienveillants de Rachel Carson, les alarmes fracassantes de Françoise D’Eaubonne, les appels de Margaret Mead, les arguments des Australiennes Ariel Salleh et Val Plumwood, de l’Indienne Vandana Shiva, de l’Allemande Maria Mies, malgré les enseignements vécus de nos sœurs autochtones et africaines, de nos Mères au front québécoises et de toutes celles qui n’ont pas publié mais qui ont agi, alerté leurs milieux saccagés par l’expansion industrielle, affirmé la nécessité de l’attention, du soin, des relations, de la bonté.

Aujourd’hui… aujourd’hui c’est la planète elle-même qui nous fait savoir que ça ne va pas. Ces conquêtes, ces destructions d’êtres vivants, ces creusages de mines, ces gaz toxiques, engendrent déserts et déluges, défaites et désespoirs.

Les puissants, tous néo-capitalistes et autoritaires sous leurs étiquettes de gauche ou de droite, ces Make it great again veulent contrôler la planète, la vie, nos vies, notre sexualité.
Ils ne pourront pas empêcher cette vie de jaillir de nos corps, de notre sang, de nos accouchements, de nos désirs, de nos soins pour les vivantꞏes qui nous entourent. Car ensemble nous prenons soin, malgré tout.

Nous résistons. Est-ce que nous prenons une conscience nouvelle de notre force et de nos connexions ? Est-ce qu’un courage nouveau remplit nos veines pour résister aux nouvelles colonisations, aux nouvelles destructions de la vie et de la terre ?

Dites-moi, dites-moi que nous ne laisserons pas le champ libre à ces nouveaux tsars redoutables autant que méprisables :

Vladimir 1er, le faux curé,
Xi 1er, le rouleau compresseur,
Donald 1er, le pelotteur,
Benyamin 1er, le corrompu ,
Elon 1er, le fou des machines,

et tous leurs petits soldats malades de grandeur et de puissance phallique.

Noël, une fête presque aussi ancienne que notre hémisphère nord, célèbre le retour de la lumière, alors que nous sommes au creux de la noirceur : fin décembre, les jours commencent à allonger. Quand on se sent comme à la fin de tout, il y a… un léger basculement, presque imperceptible, mais porteur de tous les possibles.

Alors mon Noël féministe, je vous le partage. C’est le travail incessant, les cris d’amour et les révoltes de nos sœurs autour du monde. C’est la puissance des femmes quand elles s’allient pour la vie. C’est l’espoir que les humains mâles finissent par nous rejoindre dans la tâche essentielle : prendre soin de la vie, de toutes les vies, partout. Mon Noël féministe, c’est le rêve de renverser les puissances obscures et c’est la joie forte de partager ce rêve avec vous, en ce moment.

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