La semaine qui vient de se passer pourrait être le moment de capitulation du NPD devant le capitalisme néolibéral. Celui qui se présente comme LE parti social démocrate vient de donner son appui à un accord de libre échange et de s’opposer à un appel du Fond monétaire international (FMI) à une amélioration du caractère progressif des taxes et impôts.
Le NPD vient donc d’approuver techniquement l’accord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne et négociée par le gouvernement Harper. Cette entente va considérablement augmenter le pouvoir des entreprises multinationales. En étendant la protection des brevets elle va faire augmenter le coût des médicaments qui est déjà élevé. Elle affaiblit également la capacité des provinces, des municipalités et de leurs agences à s’approvisionner localement. Elle donne plus de pouvoir aux entreprises multinationales de soumissionner pour l’exécution des contrats publics.
Et encore plus vicieux, cet accord donne aux entreprises basées au Canada et en Europe le pouvoir de poursuivre les gouvernements si elles croient que les politiques publiques interfèrent avec leur capacité à faire des profits. Ces poursuites seront faites devant des tribunaux spéciaux plutôt favorables aux entreprises.
Malgré toutes ces concessions aux entreprises, Don Davies, critique du NPD en matière de commerce, a publié une déclaration disant : « Les néo démocrates accueillent le progrès, grâce à l’AECG avec l’Union européenne ». Pour justifier cette position, il s’appuie sur le caractère social démocrate de l’Europe de l’Ouest : « Le NPD a longtemps soutenu que le Canada devait développer plus profondément ses rapports avec l’Union européenne. (Elle regroupe) des pays démocratiques où on trouve les plus hauts standards environnementaux et de protections des travailleurs-euses au monde ».
Il est intéressant de noter que le NPD se souciait moins de la démocratie lorsqu’il a voté pour l’accord de libre échange Canada-Jordanie à la fin de l’an dernier. À ce moment-là, il était tout fier de souligner le mot libre. Au point ou le parti a fermé les yeux sur le manque de liberté de syndicalisation des travailleurs-euses et l’absence d’élections libres dans ce pays. Il a également passé sous silence que dans cette monarchie, ont poursuit les « grandes gueules » qui parlent contre le roi.
Voici un autre signe de la capitulation du NPD face aux règles établies par les possédants-es. Le FMI propose des politiques d’imposition plus progressives que ce que soutient le Parti « de gauche » canadien. La semaine dernière, l’organisation habituellement de tendance néo libérale, a publié un document qui note que : « partout dans le monde, les systèmes d’imposition et de taxations deviennent de moins en moins progressifs depuis le début des années quatre-vingt ». Pour corriger cette situation, le chapitre « Fiscal Monitor » avance qu’il faudrait une augmentation de 60 à 70% sur les plus hauts revenus et même des prélèvements de capitaux pour les ménages les plus riches. Depuis longtemps le FMI a soutenu les politiques d’austérité dévastatrices. Mais ce qu’il vient de proposer est ni plus ni moins qu’un virage vers les niveaux d’imposition et de taxation qui étaient courants il y a quelques décennies. Au début des années quatre-vingt, le plus haut niveau d’imposition au Canada était de 60%. C’est environ 15% de plus qu’aujourd’hui. (En 1948, l’équivalent en dollars constants des revenus de 2,4 millions de 2013, étaient imposés à 80%).
Un parti social démocrate motivé par l’amélioration de la société et non par la prise du pouvoir, aurait sauté à pieds joints sur la proposition du FMI. Mais, le chef du NPD était plus occupé à se départir de la candidate Linda McQuaig dans Toronto centre lors de l’élection partielle ; elle avait soutenu antérieurement que le taux d’imposition des plus riches devrait être à 70%. Là-dessus, M. Mulcair a déclaré au National Post : « Attention ! Elle n’a rien dit qui soit contraire aux politiques du parti (depuis qu’elle est devenue candidate). Elle est une intellectuelle avec une audience publique et elle a écrit toutes sortes de textes. Mais nous avons déposé une offre devant les Canadiens-nes…L’augmentation des impôts sur les revenus des individus n’en fait pas parti ».
Il va arriver un moment où les progressistes, membres de ce parti, vont devoir se demander jusqu’où ils et elles seront d’accord pour continuer d’avancer sur le sentier néo libéral. Pour le moment, ces membres ont le devoir d’informer leur chef de leur opposition au AECG et qu’une sérieuse augmentation d’impôt sur les revenus des riches s’impose.