Françoise, Amir et les « autres »
Françoise David et Amir Khadir ont joué un grand rôle pour rompre l’indifférence. Françoise avec ses racines dans le mouvement des femmes et le mouvement populaire apparaît pour plusieurs comme la femme de principe qui continue de dénoncer l’insupportable. Amir nous donne des étincelles dans les yeux en faisant peur aux puissants qui manipulent notre système politique et pillent nos ressources. Aux côtés des deux porte-parole, de manière invisible mais efficace, quelques milliers de personnes s’activent pour faire de QS un pôle d’attraction pour la société. Chaque jour, un travail inlassable commence à donner des fruits (d’où la métaphore de la taupe qui creuse patiemment ses galeries !).
Oser confronter
Un projet de transformation sociale n’est pas un ensemble de formules ou d’astuces publicitaires. Dans notre monde, les politiciens cherchent à vendre des images : « Votez pour moi, et tout sera merveilleux ». On occulte les questions fondamentales et on clôt le débat : les structures du pouvoir sont « indépassables » et il n’y a « pas d’alternative ». Plus encore, le cynisme face au politique (cet art du possible) devient le dernier chic de la posture intellectuelle à la mode. Le rôle de QS est de miner et éventuellement de détruire cette hégémonie du statu quo. Il est aussi de faire émerger des projets qui posent les jalons d’une alternative où les droits des humains et de la vie doivent primer sur le mode de vie possessif et individualiste imposé par le capitalisme contemporain. Après tout, nous ne sommes pas des marchandises !
La bataille des idées
Cette tâche dépasse les horizons du court terme. C’est une longue bataille des idées, mais aussi une série de combats quotidiens sur tout ce qui interpelle notre société, l’économie, l’environnement, la démocratie. Dans ces batailles, QS ne se substitue à personne, encore moins aux mouvements sociaux qui sont sur la « première ligne ». Mais l’existence de Québec solidaire permet à ces combats de prendre place sur la scène politique. Par exemple, la bataille des régions pour un développement équitable est devenue une affaire nationale depuis qu’Amir Khadir a dénoncé des minières qui pillent et bradent nos richesses.
Les premières secondes du papillon
QS a donc sorti la gauche de son cocon. Mais on le sait, cette mutation est dangereuse. Quand on n’est déjà plus chenille mais pas encore pleinement papillon, il reste quelques secondes pour décoller. Quelles sont les conditions pour que QS prenne son envol ? La visibilité ouvre des portes, mais aussi des pièges. Avec leurs médias-poubelles et leurs roquets de service comme Éric Duhaime, les élites veulent semer quelques pelures de banane. D’une certaine façon, ces attaques sont un bon signe : QS est pris au sérieux ! Ce qui dérange le plus les dominants, c’est que ce parti est étranger à leur monde. Il n’est ni leur créature, ni le produit d’une scission des partis de gouvernement (comme le PQ et l’ADQ l’ont été). En réalité, QS est sorti de la profondeur des mouvements sociaux (altermondialiste, syndicaliste, communautaire, féministe) et tente de relayer leurs espoirs sur la scène politique.
Réaliste et ambitieux
Pour réussir, le papillon doit viser haut. L’idée est de construire un nouvel espace où la majorité de la population peut construire un projet de transformation « réaliste ». Pourquoi mettre réaliste entre guillemets ? En entendant les gens, on comprend qu’ils veulent des changements en profondeur en reconstruisant la société autour du bien commun. Il y a un noyau dur et constant autour des principes de justice sociale, d’égalité des chances, de respect des droits. Pour autant, est-ce que la majorité veut tout changer et tout de suite ? Il serait naïf de le penser.
Résister à l’impatience
Dans la gauche, on se dit souvent qu’on doit déraciner le mal (le capitalisme), et non se disperser dans des postures défensives. On s’impatiente car supposément, « les gens ne comprennent pas assez vite ». Il ne faudrait pas oublier que certains projets de transformation dans un passé récent ont glissé vers des formes d’autoritarisme intellectuel ou politique et que les gens s’en rappellent. Bien sûr, on ne doit pas se contenter de demi-mesures, de demi-programmes et de demi-revendications. Mais il faut mesurer les forces dont nous disposons et élaborer une stratégie, un plan de travail. La force de Québec Solidaire réside dans sa capacité de faire converger, (non pas d’une façon bébête comme une pseudo « avant-garde »), cette volonté d’émancipation qui se manifeste de mille et une façons dans les revendications contre la marchandisation de l’éducation et la dilapidation du secteur public, contre l’exclusion des femmes et des immigrants-es, contre la destruction programmée de notre environnement. De ces revendications émergera un grand projet d’un Québec solidaire et indépendant, nous n’en doutons pas.