Édition du 18 juin 2024

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La campagne électorale de Hillary Clinton en difficulté ?

Il semble que les partisanes de Hillary Clinton commencent à avoir des doutes sur ses chances de remporter l’élection présidentielle de 2016. Dans une enquête menée par le New York Times (cette tribune soutient ouvertement Clinton), plusieurs partisanes jugent que la candidate démocrate perd du terrain sur l’ensemble du pays. Le manque de transparence de sa part sur son état de santé sans compter le scandale des courriels confidentiels et son intervention dans l’affaire Benghazi représentent les principaux écueils de Clinton qui paraît comme une politicienne malhonnête aux yeux d’une part importante de la population étasunienne. L’excès de zèle en matière de rectitude politique et ses discours autant prévisibles que prudents établissent une distance entre elle et ses électeurs, même chez les femmes.

Gloria Steinham, féministe de la première heure et partisane acharnée de Clinton, ne cache pas ses inquiétudes. Depuis les trois dernières semaines, cette dernière observe une évaporation de la marge de 10% entre Clinton et Trump. Selon Steinham, le revirement actuel en faveur de Trump risque de causer des torts irréparables à la campagne démocrate. Le mépris de Clinton à l’endroit des électeurs de Trump (elle les a qualifiés de « gens pitoyables ») a certainement nui à sa cause. Par son approche technocratique de l’exercice du pouvoir et sa malhonnêteté, Clinton éprouve de la difficulté à représenter une véritable figure de rupture avec l’ancien mode de gouvernance. Pourtant depuis le début de la précampagne présidentielle, à travers l’engouement envers Bernie Sanders, nous avons pu constater combien la population avait soif de changement. Or, de quel changement s’agit-il ? Sanders incarnait un virage progressiste vers la social-démocratie, alors que Trump porte le discours nostalgique d’une Amérique qui cherche des coupables à son déclin : les immigrants, les démocrates, la Chine, etc. Quant à elle, Clinton a décidé de jouer de prudence et de naviguer maladroitement entre ces deux positions. Cette ambiguïté opportuniste est le principal talon d’Achille de la candidate démocrate et son rival, Donald Trump, ne cesse d’exploiter ce clou et sa campagne ne s’en tire que mieux. Durant les semaines suivant la convention démocrate, plusieurs sondages concédaient à Clinton une avance de 8 à 10 % à l’échelle nationale. Dans certains états-clés comme l’Ohio et la Floride, l’avance de Clinton oscillait entre 7 et 12 %. Selon plusieurs observateurs, Hilary Clinton était promise à un couronnement. Ceux-ci ont toutefois oublié une donnée essentielle dans leurs prédictions optimistes : une élection présidentielle n’est pas un sprint, mais bien un marathon.

La grogne de la population envers les élites politiques est désormais un lieu commun. Cependant ce discours provient d’une réalité concrète : des gens qui souffrent encore de la crise économique, ceux-celles qui doivent immigrer illégalement aux États-Unis pour améliorer leur sort, le taux de chômage hautement problématique et l’échec monumental du « rêve américain ». Les démunis de l’Amérique n’ont pas besoin de solutions technocratiques, mais de leadership et d’intégrité de la part des politiciens qui sont responsables de leur sort. Dans un article du journal local du compté de Hazard au Kentucky (republié dans The Progressive), on demandait aux électeurs de la région pourquoi ils préféraient Trump à Clinton. La plupart d’entre eux ont répondu que Trump comprend la souffrance des travailleurs qui subissent les conséquences de la mondialisation. « Cet homme nous a donné une voix. Il est notre voix », répondent-ils. Ils reprochent à Clinton son hypocrisie et son manque de compassion.

Il faut leur donner raison sur un point : Clinton et son équipe ne comprennent pas la souffrance du peuple américain. Trump, non plus. Il instrumentalise leur désespoir avec une fausse compassion, alors que Clinton, en bonne technocrate, ne fait que proposer une kyrielle de plans que le commun des mortels peine à comprendre. Ceci traduit la rupture entre le Parti démocrate et la population américaine (la classe ouvrière, la petite classe moyenne et le sous-prolétariat). La classe politique traditionnelle de Washington ne sait plus répondre aux problèmes que vivent ceux qui les portent au pouvoir. Trump, contrairement à ces élites, joue la carte de la sympathie et des solutions concrètes.

Pour ces raisons, le momentum de la campagne est clairement en faveur de Trump. À l’échelle nationale, il mène par deux %. Ce qui représente une poussée de 10 % en trois semaines. En Ohio, il mène par 1%, un renversement de 9 % dans la même période de temps. Les citoyens de cet État répondent à Clinton : « Nous sommes les pitoyables qui votent pour Trump ! ». Le New York Times prétend que les rivaux sont désormais nez à nez en Floride. Ce qui représente une chute de 8 % en trois semaines.

La campagne de Clinton est sur une pente glissante et seul le débat du 26 septembre pourra redresser sa campagne.

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