20 avril 2023 | tiré de Rabble.ca | Photo : La façade extérieure de la Banque du Canada. Crédit : Banque du Canada / Flickr
Malgré ces nouvelles encourageantes, cependant, certains facteurs importants et inquiétants se cachent dans les mauvaises herbes :
1. L’inflation mesurée par l’indice de référence (à l’exclusion des produits alimentaires, de l’énergie et d’autres éléments volatils) est maintenant plus rapide que l’inflation globale (en hausse de 4,5 % par rapport à l’année précédente, comparativement à 4,3 % pour l’ensemble des postes). Cela suggère un risque futur que l’inflation augmente – surtout si certaines des variations des éléments non essentiels (et de l’énergie, en particulier) s’inversent.
2. En effet, la quasi-totalité du ralentissement de l’inflation depuis juin est due à l’énergie. L’IPC hors énergie n’a ralenti que de 0,7 point de pourcentage au cours de cette période, passant de 5,98 % à 5,26 %. En revanche, le taux de l’IPC global a ralenti de 3,8 points de pourcentage au cours de la même période. Les coûts de l’énergie ont été le principal facteur à l’origine de la hausse de l’inflation avant juin (pas les salaires et les coûts de main-d’œuvre) ; et par le fait même, la baisse des coûts de l’énergie (et donc de l’inflation globale) depuis juin n’avait rien à voir avec les hausses douloureuses des taux d’intérêt canadiens.
3. Pire encore, les coûts du logement augmentent maintenant plus rapidement que le taux global d’inflation – et par la plus forte marge en deux ans. Les coûts du logement ont augmenté de 5,43 % au cours des 12 derniers mois, comparativement à 4,3 % pour l’inflation globale. La montée en flèche des frais de service de la dette (en raison de la hausse des taux d’intérêt) a augmenté de 26 % au cours de la dernière année. Ce fardeau écrasant a plus que compensé l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur les prix de l’immobilier (connue sous le nom de « coût de remplacement » dans l’IPC). Pendant ce temps, les loyers augmentent également – en partie parce que moins de gens peuvent se permettre une maison, avec des taux d’intérêt si élevés. Ironiquement, les taux d’intérêt provoquent maintenant une inflation plus rapide, en raison de coûts de logement plus élevés.
4. Enfin, les nouvelles données sur l’inflation confirment qu’il n’y a pas de corrélation entre l’inflation et le chômage – malgré les affirmations répétées de la Banque du Canada selon lesquelles un marché du travail « surchauffé » et une hausse des salaires sont à l’origine de l’inflation. Comme le montre clairement la figure suivante, l’inflation n’a pas augmenté en raison de la baisse du chômage. Et depuis juin, il a considérablement diminué, malgré un faible taux de chômage durable. L’engagement renouvelé de la Banque du Canada à l’égard de la doctrine du « NAIRU » (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment (une théorie selon laquelle le chômage doit être maintenu à un niveau suffisamment élevé pour discipliner les travailleurs et supprimer la croissance des salaires) n’est pas étayé par l’expérience réelle de cet épisode inflationniste.
En résumé, c’est une bonne nouvelle que l’inflation ait baissé si rapidement. Mais ne créditez pas les taux d’intérêt intérieurs plus élevés – qui augmentent l’inflation de manière perverse, en raison de leur impact sur les coûts de logement. Pendant ce temps, un autre choc des prix de l’énergie (comme cela pourrait résulter des réductions de la production de pétrole récemment annoncées par le cartel de l’OPEP +) ferait remonter l’inflation, en l’absence de politiques visant à plafonner les prix de l’énergie et à redistribuer les bénéfices sans précédent des compagnies pétrolières. Et même si l’inflation diminue, le réengagement de la Banque du Canada à l’égard d’une politique monétaire orthodoxe fondée sur la NAIRU pourrait servir à maintenir le chômage inutilement élevé, avec les conséquences économiques et sociales qui en résulteraient, pour les années à venir.
L’expérience des deux dernières années a confirmé que les théories économiques instinctives qui blâment automatiquement les travailleurs et leurs salaires pour toute poussée d’inflation doivent être abandonnées. Oui, l’inflation a été un problème. Dans ce cas, il résultait clairement des séquelles uniques et temporaires de la pandémie de COVID. Pourtant, la Banque du Canada et d’autres décideurs orthodoxes ont ciblé sans réfléchir les marchés du travail pour trouver des remèdes durs pour faire baisser l’inflation – même si les travailleurs sont les victimes de cette inflation, et non sa cause.
Ainsi, bien que nous puissions célébrer le ralentissement du taux d’inflation et espérer qu’il se poursuive, nous ne pouvons pas renoncer à exiger des changements fondamentaux dans la politique macroéconomique – y compris une reconnaissance du rôle des prises de bénéfices des entreprises dans la crise du coût de la vie.
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