En 2012, le citoyen Donald Trump affirmait que l’idée du réchauffement climatique était une arnaque chinoise. [1] Selon lui, le « concept du réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois pour empêcher l’industrie américaine d’être compétitive »[2]. Ce tweet a été partagé ad nauseam par tous ceux et celles qui nient cette réalité. Mais, est-ce que se mettre la tête dans le sable change la réalité ? En fin de compte, qui arnaque qui ?
Malgré le déni des puissants de ce monde, la réalité climatique rattrape les 7,5 milliards d’humains. Et malheureusement, ce sont souvent les personnes les plus démunies qui sont les plus touchées. Ces jours-ci, l’ouragan Harvey a dévasté la région de Houston avec des vents et des torrents de pluie jamais vus. On peut être gêné de rechercher les causes de ces sinistres alors que des milliers de personnes sinistrées se débattent avec cette catastrophe. Pourtant, il faut le faire[3]. Est-ce qu’on peut relier directement Harvey au phénomène mondial du réchauffement climatique ? De même, on pourrait demander au patient ou patiente qui souffre d’un cancer du poumon si la cigarette qu’il a fumée le 15 janvier 1995 à 12:15h est responsable de son état actuel ? Ou plutôt demander si ce ne seraient pas les deux paquets par jours qu’il ou elle a fumés depuis trente ans qui seraient la cause de sa maladie mortelle ? Dans les deux cas, serait-ce plutôt le cumul de petits gestes nocifs à travers les ans qui soit la cause de ces malheurs ?
Malheureusement, Harvey n’est pas un cas isolé. Les coûts financiers et humains des catastrophes en série dépassent l’entendement.[4] Alors que Harvey achève de déverser ses trombes d’eau sur l’État voisin de la Louisiane, voici qu’Irma tire son énergie de l’eau chaude de l’Atlantique pour préparer une autre frappe contre les installations humaines. De l’autre côté de la planète, il y a des inondations en Inde et au Pakistan dues à des moussons inhabituelles. Et puis, peut-on oublier que des citoyens et citoyennes de plus de 200 municipalités du Québec ont subi des inondations le printemps dernier. Les Québécois et Québécoises se plaignent d’un été maussade et frais ; mais dans l’Ouest et la Colombie-Britannique, des concitoyens et concitoyennes souffrent de vagues de chaleur dévastatrices qui sont indirectement responsables de gigantesques incendies de forêt. On pourrait dire la même chose du grand feu de Fort McMurray en 2016. Sans parler de l’Arctique qui se réchauffe plus vite que le reste de la planète. Et cette liste est incomplète....
Pour nier le lien entre la combustion des énergies fossiles et les dérèglements climatiques,[5] il a fallu de grandes manœuvres visant à tromper l’opinion publique à l’échelle mondiale. Dans un article du journal Libération, on peut lire qu’un plan de communication lancé par l’institut américain du pétrole disposait d’un budget de 2 milliards de dollars au cours de deux décennies et avait pour objectif de créer le doute au sujet d’une certitude. Voici ce que ce plan prévoyait : « La victoire sera obtenue quand la reconnaissance des incertitudes sur le changement climatique deviendra partie intégrante de la croyance populaire. »[6] Depuis 1980, la gigantesque pétrolière ExxonMobil connaissait la vérité, mais a préféré mentir au public et à ses actionnaires pour faire des profits à court terme. Il est troublant de savoir que l’ancien PDG d’Exxon, M. Rex Tillerson, est maintenant le secrétaire d’État des USA. Après avoir été l’artisan de ce mensonge épique, que valent ses paroles ?
Au Québec, l’arnaque a pris plusieurs formes. Par exemple, dans le procès qu’elle intente contre la municipalité de Ristigouche-Sud-Est, la compagnie Gastem manifeste le même état d’esprit de conquérant que celui qui a marqué sa présence dans notre région maskoutaine : faire des profits et tant pis si la santé des habitants et habitantes de ce village est menacée par la contamination possible de son eau. En 2007-2008, nous avons vu Gastem (avec sa partenaire Canadian Forest Oil) forer et fracturer un puits en plein milieu du village de Saint-Louis-de-Richelieu ;[7] la tête de puits est à un jet de pierre du terrain de jeu, à 125 mètres d’habitations et à proximité de l’ usine de cornichons située de l’autre côté de la rue[8]. Le PDG de cette compagnie, M. Raymond Savoie, ancien ministre délégué aux mines, semble dépité de ne pouvoir agir aussi cavalièrement à Ristigouche que dans notre région.[9] Cette poursuite serait-elle du « terrorisme judiciaire » ? Cette semaine, au palais de justice de New Carlisle, espérons que le système judiciaire « protégera nos foyers et nos droits » [10] contre ceux qui ont la prétention de s’approprier nos ressource les plus précieuses.
Gérard Montpetit
Membre du CCCPEM (Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain)
le 4 septembre 2017
2] https://www.nytimes.com/2016/11/19/world/asia/china-trump-climate-change.html?mcubz=3
“The concept of global warming was created by and for the Chinese in order to make U.S. manufacturing non-competitive,”
5] http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/506891/perspectives
6] http://www.liberation.fr/planete/2017/08/28/petrole-et-climat-un-secteur-menteur-par-essence_1592495
7] CBC,The Nature of Things, émission du 7 février 2013
8] Usine Mrs Whyte : problème d’approvisionnement en eau - près du puits de St-Louis
http://www.lecourrier.qc.ca/affaires/economie/2013/05/30/aliments-whyte-veut-etre-numero-1-au-canada
10] la phrase finale de la première strophe de la version française de l’hymne national « O Canada »
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