La pandémie actuelle nous permet d’observer la place des femmes et leurs rôles essentiels au fonctionnement de la société. Comment se fait-il que ces occupations essentielles soient parmi les moins bien rémunérées et que leurs conditions de travail soient parmi les plus difficiles ? Quelles femmes devraient prendre des risques et lesquelles devrions-nous protéger ?
Pensons aux travailleuses du système de la santé qui n’ont pas le privilège du confinement à la maison ou du télétravail. Déjà épuisées par leurs conditions de travail inhumaines, elles doivent en faire plus pour le bien commun. Pensons aux travailleuses en services de garde qui sont requises pour prendre soin des enfants du personnel des services essentiels. Pensons aux travailleuses dans les épiceries, les pharmacies, qui ont des conditions de travail minimales. Pensons aux travailleuses des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence, des services en agressions sexuelles et en itinérance, des banques alimentaires, etc. En plus des défis quotidiens reliés au manque de ressources et de financement, ces organismes communautaires font face à un manque de bénévoles et à une surcharge de travail. Pensons aux bénévoles et aux proches aidant-e-s, des femmes âgées pour la plupart, qui doivent choisir entre les risques pour leur santé et les soins aux personnes vulnérables. Pensons aux mères dont la charge mentale et physique s’est accrue avec les mesures de télétravail en présence d’enfants, ramenant à l’avant-plan le défi de la conciliation famille-travail et les attentes irréalistes du marché du travail. Pensons aux grands-mères qui, socialisées au don de soi, hésitent à respecter la consigne de distanciation sociale pour offrir leur aide auprès des petits-enfants.
Le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale réitère l’importance de reconnaitre l’apport du travail visible et invisible, salarié et bénévole des femmes, en temps de crise comme en temps normal. Cette reconnaissance doit passer notamment par l’amélioration des revenus et des conditions de travail et par des programmes sociaux équitables permettant de sortir les femmes de la pauvreté et de la précarité et d’atteindre l’égalité réelle.
Nous souhaitons témoigner de notre soutien aux femmes en situation de vulnérabilité. Pensons aux femmes victimes de violences conjugales et familiales et à leurs enfants, confiné-e-s auprès de leur agresseur, voyant augmenter les risques de subir de la violence. Pensons aux femmes âgées vivant seules, dont les proches annulent les visites pour les protéger, mais qui se retrouvent isolées, plusieurs vivant de la pauvreté. Pensons aux femmes pauvres qui ne peuvent faire face à l’imprévu en cette deuxième moitié du mois et répondre à leurs besoins de base. Pensons aux femmes vivant dans des logements insalubres et inadéquats et aux femmes en situation d’itinérance qui souffrent particulièrement de la fermeture des lieux publics. Pensons aux femmes immigrantes et sans statut, qui ont peu ou pas du tout accès aux ressources, notamment celles du système de santé, et qui continuent à prendre soin de leurs proches. Nous voulons témoigner notre soutien à toutes ces femmes qui vivent déjà des situations qui les mettent en danger, et auxquelles le virus actuel s’ajoute.
La pandémie et la réponse gouvernementale nous démontrent que nous sommes capables de faire face collectivement à une situation qui menace la santé et l’intégrité de la population. Avec la même volonté et des mesures sociales adéquates, nous sommes capables d’éradiquer la pauvreté, de lutter contre l’exclusion sociale, d’atteindre l’égalité de fait et de lutter contre les changements climatiques.
Merci de nous rapporter toute situation ou impact sur les femmes de la crise actuelle en écrivant à info@rgfcn.org .
Annie-Pierre Bélanger, agente de développement
Anne-Valérie Lemieux-Breton, agente de développement
Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Québec – Portneuf – Charlevoix)
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