Il a suffi que Francis Vailles, chroniqueur économique résolument à droite, publie une couple d’articles en décembre sur l’industrie de l’aluminium en émettant quelques réserves sur les privilèges exorbitants de cette industrie pour que ce monsieur sorte de sa réserve. Il faut dire que, dans les coulisses actuellement, se joue une négociation majeure mettant en vedette notre super ministre Fricgibbon distribuant de précieux contrats de vente de mégawatts. J’ai envoyé le texte qui suit à La Presse, je n’ai vu aucune trace de sa publication et comme je doute qu’il en soit différent dans les prochains jours, je l’ai soumis à Presse-toi à gauche.
Que voilà un texte vide sorti tout droit d’un département de relation publique. « Tout va très bien madame la marquise et l’avenir est rose bonbon. On passe à autre chose ! » Le procédé de M. Yella est simple, il escamote tout.
À commencer par la première question qui est celle de l’hydro-électricité. À le lire, c’est presque rien : moins de 1% de la production d’Hydro-Québec. Il passe très vite sur l’essentiel à savoir que les 6 barrages de Rio Tinto Alcan génèrent à eux seuls 3 200 mégawatts de puissance. Comparé aux 37 000 mégawatts qui correspondent à la puissance totale des installations d’Hydro-Québec, ça nous donne 8,6%. Un détail... Évidemment, M. Yella se retranche sur le fait que ces barrages appartiennent à Rio Tinto. Là aussi, il nous en passe une p’tite vite. Il tait simplement le fait que si ces barrages ont été soustraits à la nationalisation au début des années 60, ils peuvent en faire l’objet à tout moment. C’est ce principe de souveraineté qu’on a appliqué lors de la signature du bail de Péribonka en 1984. En retour des droits d’eau, on imposait à Alcan de construire quatre alumineries dans les 25 années suivantes sans quoi le gouvernement pouvait prendre possession des barrages. Cette condition n’a pas été respectée et il ne s’est rien passé mais ça, c’est une autre histoire.
Ce qui nous ramène à la deuxième question escamotée par M. Yella, celle des emplois. Il ratisse large en parlant de 17 500 emplois directs et indirects. Je me contenterai de parler des emplois directs. Au début des années 60, les barrages d’Alcan n’ont pas été nationalisés parce qu’ils créaient beaucoup d’emplois payants. À l’époque, c’était 12 000. Aujourd’hui, c’est 3 500... Au Saguenay lac Saint-Jean, c’est une question toujours d’actualité.
Tout ça nous amène au futur de l’industrie de l’aluminium. Comme notre cher Fricgibbon, M. Yella se fait lyrique quand il parle de la technologie Elysis. Il est important de le préciser , on peut dire n’importe quoi d’Elysis parce que tout est top secret. Commencées en 2018, les recherches sur cette technologie visaient une application en 2023. Aujourd’hui, même les dirigeants de Rio Tinto parlent de 2030 et certains... de 2035. Si messieurs Fricgibbon et Yella se font lyriques, c’est parce qu’ils parlent d’un fantasme.
Je termine en disant que dans un contexte inévitable de transition énergétique, toute cette question du statut et de l’utilisation des barrages de RTA pose des questions autrement plus conséquentes pour l’ensemble de la population québécoise que celles soulevées par le texte chloroforme de M. Yella.
Germain Dallaire, Vercheres
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