La gestion de Montréal se féminise d’une élection à l’autre. Cette année, les candidatures dans les 13 arrondissements et la ville-centre ont atteint la zone paritaire, soit au moins 40 %. Selon une étude récemment sortie du Conseil des Montréalaises, à laquelle Ricochet a eu accès, un total de 130 femmes se présentent à Montréal, parmi les 297 candidats. Ce chiffre augmentera sans doute dans les prochaines années, d’après la tendance générale des élections municipales au Québec. C’est du moins ce qu’avance Anne Mévellec, professeure agrégée à la Faculté de sciences sociales de l’Université d’Ottawa : « En 2013, nous étions beaucoup plus bas avec 37 %. Avec une hausse de presque dix points, c’est une lancée ; un mouvement de fond ». La candidate de l’Équipe Denis Coderre, Cathy Wong voit dans ces statistiques des bonnes nouvelles : « Non seulement il y a plus de femmes, mais plus de jeunes sous 35 ans, dont je fais partie, et aussi des candidats issus de la diversité ».
Mais avant de crier victoire, il est à noter que les postes exécutifs, comme celui du maire de la métropole, ne sont pas si accessibles, alors qu’une seule prétendante à la mairie de Montréal se présente contre sept candidats masculins. « Les postes les plus stratégiques et exécutifs sont souvent les plus difficiles d’accès. Si l’on fait un parallèle avec le provincial, c’est la distinction entre député et ministre. », constate Anne Mévellec.
Cette proportion contraste avec celle du conseil d’arrondissement, le niveau qui s’approche le plus de la véritable parité, avec 45 % de candidates qui se présentent comme conseillères de ville ou d’arrondissement. On remarque une légère baisse du taux de femmes parmi les candidats à la mairie d’arrondissement, soit 27 candidats contre 19 candidates, une fluctuation qui reflète bien les propos de la professeure.
Encourager les femmes à se présenter
L’une des principales difficultés pour atteindre la parité réside dans le recrutement. « Les femmes doivent souvent être sollicitées ; elles se portent rarement candidates en politique d’elles-mêmes », explique Anne Mévellec. La majorité du recrutement se fait d’ailleurs à travers des réseaux, selon la professeure. Ceux de la politique municipale sont souvent ce qu’on appelle des boys club ; des conseils scolaires ou des milieux associatifs. Ces situations présentent un défi, car il faut rejoindre d’autres milieux afin de recruter.
Le recrutement est d’autant plus difficile pour certaines femmes qui doutent de leurs propres compétences. « On attend toujours d’être parfaites ; de gagner plus d’expérience avant de se lancer », remarque la présidente du Conseil des Montréalaises, Dorothy Alexandre. Néanmoins, ce n’est pas le cas du toutes les candidates. « Je n’ai pas attendu que l’on vienne cogner à ma porte, j’ai pris les devants pour me proposer », explique Maeva Vilan, candidate au sous la bannière de Projet Montréal. Quant à Cathy Wong, l’ancienne présidente du Conseil des Montréalaises, elle s’est inspirée des modèles féminins en politique avant de se lancer elle-même.
Certaines limites sont plutôt financières, comme l’a constaté Maeva Vilain en faisant campagne dans le district de Jeanne-Mance : « Ça coûte très cher. Tu dois prendre trois mois de congé sans solde en comptant sur ce que tu as accumulé de ton salaire précédent, qui est souvent plus bas que celui des hommes. »
Un autre frein vers la parité serait la réélection des candidats sortants, qui est très forte au Québec, soit autour de 80 %. « C’est un phénomène qui va à l’encontre du renouveau municipal, qui limite donc l’entrée en poste de nouveaux candidats », explique la professeure.
Pour le Conseil des Montréalaises, il était primordial de recueillir et de publier les données sur les femmes aux municipales. « On veut non seulement encourager les femmes à se porter candidates, mais aussi motiver les électrices à voter en abordant la question de représentativité des genres. La voix des femmes est importante », précise la présidente, Dorothy Alexandre. Cathy Wong, la candidate au poste de conseillère du district de Peter-McGil, estime qu’il faut aller au-delà de la présentation de candidates, qu’il est nécessaire qu’elles fassent aussi partie intégrante de la vie associative en politique municipale. « On parle souvent du plafond de verre, mais il faut aussi faire attention à la porte tournante », faisant référence aux femmes qui quittent le milieu politique peu de temps après y être arrivées.
Se retrouvera-t-on avec davantage de conseillères et de mairesses le 5 novembre prochain ? La réponse serait positive, si l’on se fie au taux de succès des femmes en politique municipale, selon une étude menée en 2009. Mais selon Maeva Vilain, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, car les candidates ne sont pas toujours placées dans des arrondissements gagnable.
D’autres chiffres
– Verdun, est l’arrondissement avec la plus grande proportion de femmes candidates comme conseillères de ville et d’arrondissements avec 58 % de candidates.
– 6 arrondissements ont plus de candidates que de candidats, soit Anjou, Lachine, LaSalle, Montréal-Nord, Outremont et Verdun
– 7 arrondissements ont entre 40 et 50 % de candidates, soit Ahuntsic-Cartierville, Plateau-Mont-Royal, Rosemont–La-Petite-Patrie, Saint-Léonard, Sud-Ouest, Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension
– L’arrondissement avec la plus faible proportion de femmes candidates comme conseillères de ville et d’arrondissement est Saint-Laurent avec 18 % de candidates.
Un message, un commentaire ?