Parmi les radicaux souvent considérés comme dangereux, on peut aussi penser aux défenseurs de l’environnement, ou aux libertariens de l’extrême droite. Dans ce contexte, les participants au pseudo « convoi de la liberté » de l’hiver dernier n’ont pas hésité à assiéger le centre-ville d’Ottawa pendant trois semaines et à perturber la quiétude des citoyens avec un concert interminable de coups de klaxons cacophoniques. Pourtant, est-ce qu’un pays bien coté du G-7 comme le Canada pourrait être classé parmi les « dangereux radicaux » ?
Suite à la parution du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),[1] le secrétaire général des Nations Unies, M. Antonio Guterres, a accusé les pays et les entreprises qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre (GES) « de mettre de l`huile sur le feu » des changements climatiques car il faut que les émissions de GES diminuent avant 2025. Et d’ajouter : « les véritables dangereux radicaux sont les pays qui augmentent la production de combustibles fossiles.... Investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles est, moralement et économiquement, une folie. » [2]
Certes, M. Guterres est assez diplomate pour ne pas traiter publiquement le Canada de « dangereux radical ». Mais le message est clair. Toute augmentation de la production de pétrole est incompatible avec nos belles paroles au sujet de nos cibles de réductions de GES dans la lutte planétaire contre le réchauffement climatique. Dans cette catégorie de dangereux radicaux qui se préparent à commettre une folie « économique et morale », on se doit d’ajouter les vingt grandes pétrolières qui ont des projets d’expansion de 932 milliards d’ici 2030. [3]
Alors, que faut-il penser de l’approbation du projet Bay du Nord ? Les dirigeants du Canada aiment se draper du titre de « leader dans la lutte aux changements climatiques » ! En favorisant la construction du gazoduc Coastal GasLink, en payant près de 20 milliards de dollars pour dédoubler l’oléoduc Trans Mountain, en subventionnant les énergies fossiles à coups de milliards et en approuvant Bay du Nord, ne mériterait-il pas le titre d’État voyou ?
Même la très influente Agence internationale de l’énergie (AIE) affirme depuis mai 2021 qu’il ne faut pas autoriser de nouvelles infrastructures ayant pour objet d’exploiter les énergies fossiles ![4] À la lumière de ces affirmations de l’ONU et de l’AIE, on peut se poser la question suivante : Quand M. Steven Guilbeault est-il un « radical dangereux » ? Est-ce quand il était ce jeune militant de Greenpeace qui a grimpé dans la tour du CN ? Ou est-ce lorsque que ce militant devenu ministre de l’environnement autorise le projet Bay du Nord ?
Gérard Montpetit
Membre du CCCPEM (Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain)
le 18 avril 2022
1] https://report.ipcc.ch/ar6wg2/pdf/IPCC_AR6_WGII_SummaryForPolicymakers.pdf
2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1873981/giec-reactions-petrole-alberta-guilbeault-guterres
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