Mais sait-on par ailleurs qu’il existe depuis 2017 un NPD provincial au Québec ? Il est "dirigé" par Raphaël Fortin. Vous l’ignoriez ? Vous êtes tout à fait excusable, car cette formation politique n’a jamais pu, ni même essayé de décoller. Elle croupit dans une marginalité assumée. Elle n’a fondé aucune association de comté (tout au plus de vagues associations régionales), n’a recruté aucun candidat connu, ne donne jamais de conférences de presse. Elle est absente de l’espace public, sauf la participation occasionnelle du chef ou de ses adjoints à des manifestations pour de bonnes causes. Le NPDQ limite ses activités à la blogosphère où il s’agite beaucoup. La vaste majorité, sinon la quasi totalité de l’électorat québécois ne connaît même pas son existence.
Le NPDQ est, jusqu’à un certain point, l’héritier de l’ancien NPD (1963-1995) et du défunt Parti de la démocratie socialiste, lequel s’est fondu à l’UFP en 2002. Mais son histoire récente débute en mai 2011 quand une ancienne membre du Parti réformiste enregistre le "Nouveau Parti démocratique du Québec" auprès du Directeur général des élections du Québec (DGEQ).
Il s’ensuit alors un cheminement embrouillé au cours duquel successivement le nom est récupéré en 2012 par le Nouveau Parti démocratique fédéral, qui change d’idée en 2013. Toutefois en mai de cette année-là, Pierre Ducasse, ex lieutenant de Jack Layton, reprend l’idée initiale : il dirige l’entité provinciale du NPD fédéral avec l’appui tacite du "grand frère" d’Ottawa.
Le parti provincial est finalement reconnu en janvier 2014 par le DGEQ. Ducasse tient la formation à bout de bras comme chef intérimaire. Elle participe à une élection partielle dans le comté de Louis-Hébert en banlieue de Québec en octobre 2017 à l’issue de laquelle le candidat néo-démocrate Denis Blanchette recueille 1.35% des voix.
Cette même année, l’organisation devient enfin dans les faits un parti en bonne et due forme. Raphaël Fortin est élu chef en janvier 2018.
Le NPD du Québec participe au scrutin provincial d’octobre 2018 à l’occasion duquel il récolte 0,57% du vote pour 59 candidats sur les 125 circonscriptions du Québec.
Son nombre de membres est inconnu (je n’ai pu colliger de chiffres là-dessus en tout cas). Mais vu la passivité du parti et la marginalité qu’il cultive, ils ne sont sûrement pas légion. J’ai pu constater aussi, par des conversations téléphoniques et des échanges de courriels avec le chef et quelques responsables de haut niveau, qu’on y a la consolation facile. On mise beaucoup sur les réseaux sociaux pour accroître l’influence du parti, on refuse de mettre sur pied des associations de comté (une mesure pourtant élémentaire), à faire connaître des candidats par des tournées et à organiser des conférences de presse (sous prétexte que les grands médias ne seront pas intéressés à y dépêcher des journalistes, une appréciation contestable).
Le Nouveau Parti démocratique du Québec suit une voie tout à fait inverse à celle de Québec solidaire ; il lui abandonne le terrain d’une gauche réformiste mais fédéraliste, bien que très autonomiste.
Commet expliquer de marasme ?
Tout d’abord, un facteur immédiat ; les néo-démocrates québécois font de la politique en dilettantes. En les observant, on retire la nette impression d’assister aux activités d’un petit club privé de gauche. Ils fonctionnent en circuit fermé et s’avèrent incapables d’aller chercher le soutien des électeurs et électrices progressistes, souverainistes ou fédéralistes. Par comparaison, le dynamisme de Québec solidaire est éclatant.
Peut-être, en fin de compte, n’existe-t-il pas vraiment de place pour deux partis progressistes d’envergure sur la scène provinciale québécoise et le NPDQ est-il condamné à vivoter dans l’ombre de Québec solidaire.
Comme le disait Pierre Ducasse :
"Pour avoir les résultats que vous n’avez jamais eus, il faut faire ce que vous n’avez jamais fait".
À méditer pour les responsables du Nouveau Parti démocratique du Québec...
Jean-François Delisle
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