Édition du 11 mars 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec

Lettre ouverte en réaction à la hausse du salaire minimum

Un salaire minimum à 16,10 $ : une augmentation déconnectée de la réalité.

Plus tôt aujourd’hui, le ministre du Travail, M. Jean Boulet, annonçait que la prochaine hausse du salaire minimum sera de 0,35 $, le faisant passer de 15,75 $ à 16,10 $ dès le 1er mai. Illusion Emploi de l’Estrie et la Table d’action contre l’appauvrissement de l’Estrie (TACAE) dénoncent cette augmentation complètement déconnectée de la réalité des travailleuses et travailleurs en situation de précarité.

Une claque au visage

Selon le ministre du Travail, Jean Boulet, ce nouveau taux (16,10 $) permettrait d’atteindre un « bon équilibre » entre la préservation du pouvoir d’achat de ces travailleuses et travailleurs et la capacité de payer des PME. Mais dans quel monde vit-il ? Rappelons qu’en 2022, M. Legault a reconnu qu’il devait être difficile pour une personne de vivre avec un salaire horaire de 18 $. Trois ans plus tard, son gouvernement a le culot d’annoncer un salaire minimum en dessous de ce seuil et de nous dire que ça permet l’atteinte d’un « bon équilibre » ?!

Le Tribunal administratif du logement (TAL) vient de suggérer une hausse de loyer de 5,9%. Il s’agit de la plus importante hausse de loyer depuis 30 ans au Québec, qui viendra s’additionner aux hausses de loyer indécentes et à l’inflation galopante des dernières années. Ce sont les familles les plus vulnérables qui en paient le plein prix. Entre 2020 et 2024, le salaire minimum a augmenté de 20% alors que les loyers pour les logements disponibles ont augmenté de 44% à Sherbrooke pendant cette même période. L’augmentation du salaire minimum d’à peine 2,2% est définitivement plus proche d’une claque au visage que d’un « bon équilibre ».

Résultat : les personnes qui travaillent à temps plein au salaire minimum au Québec sont contraintes à vivre dans la précarité. Dans plusieurs cas, ces personnes doivent cumuler plusieurs emplois, avoir recours aux services des banques alimentaires ou simplement couper dans leurs besoins de base. Selon le Bilan-Faim 2024, le nombre de demandes d’aide auprès des banques alimentaires a augmenté de 55 % par rapport à 2021. Certains organismes en dépannage alimentaire, dont Moisson Estrie, sonnent l’alarme : la clientèle qui augmente le plus dans les demandes de services est celle des travailleuses et travailleurs à bas salaire ! Cette année, c’est une bénéficiaire sur 5 dans nos banques alimentaires qui ont un revenu de travail. Clairement, une décision comme celle du ministre Boulet maintient nos travailleuses et travailleurs à bas salaire dans la pauvreté et les force à avoir recours à nos banques alimentaires. 

Année après année, nous voyons les populations en situation de précarité augmenter. Pendant ce temps, le fossé des inégalités ne cesse de se creuser et ce sont des ministres gagnant 230 000$ par année qui déterminent la situation financière des plus vulnérables de notre société. Le 2 janvier 2025, les PDG les mieux rémunérés de la province avaient déjà gagné l’équivalent du salaire annuel moyen (60 000$). Il faudrait presque deux ans à une personne au salaire minimum pour gagner ce que ces PDG font en une dizaine d’heures seulement.

Laisser des personnes vivre dans la pauvreté alors que d’autres monopolisent toutes les ressources est d’une violence inouïe, et cette violence s’intensifie et se perpétue par les constantes décisions politiques des gouvernements, dont celle de refuser d’adopter un salaire minimum décent. 

Table d’action contre l’appauvrissement de l’Estrie (TACAE) et Illusion Emploi de l’Estrie 

 

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : Québec

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...