Tout au long de son engagement militant au sein des organisations ouvrières, il a plaidé en faveur de la solidarité internationale et il a fait de la santé et sécurité au travail (ce qui inclut la défense des accidentéEs du travail) un enjeu incontournable que les organisations syndicales devaient assumer et prendre en charge. Il a à maintes reprises dénoncé celles et ceux qui pratiquaient le syndicalisme d’affaires et plus particulièrement les associations soumises aux intérêts des détenteurs de capitaux (les « syndicats jaune », les « syndicats de boutique » et les « syndicats bona fide »).
Opposant acharné au capitalisme, Michel Chartrand voyait dans ce mode de production un système d’exploitation, de domination et d’oppression de la majorité de la population par une minorité possédante et dominante. Il précisait que ce système économique avait trois caractéristiques principales : « amoral, asocial et apatride ». La personne humaine était, pour lui, faite pour vivre en société et le devoir de citoyenneté impliquait la pleine participation de toutes et de tous à la vie politique.
En cette période où notre dépendance et notre intégration à l’économie américaine nous mettent dans une position de vulnérabilité devant le président Trump - qui rêve de faire de notre patrie le 51e État étatsunien -, on écoutera son intervention dans laquelle il décrivait l’aliénation du travailleur québécois. Michel Chartrand n’avait pas peur de dire que notre relation avec l’impérialisme américain avait pour effet de nous inscrire dans une logique de développement excentré et distorsionné qui était surtout profitable pour les capitalistes américains. N’est-ce pas un peu cela que nous entendons, par les temps qui courent, quand nous ouvrons la radio, la télévision, quand nous lisons ou regardons les médias d’information…
J’ai côtoyé Michel Chartrand à l’époque où le Mouvement Action-Chômage de Montréal était installé dans une salle qu’il avait mise gratuitement à notre disposition. Il a exigé en retour que nous assumions la défense de la totalité des chômeuses et des chômeurs qui s’adresseraient à nous, qu’elles ou qu’ils soient syndiquéEs ou non. Michel Chartrand n’avait que faire des chapelles organisationnelles. C’est auprès de lui que j’ai appris ce que voulait dire la « solidarité de classe ». Il m’est arrivé, au début des années quatre-vingt-dix, de l’inviter à titre de conférencier au Cégep du Vieux Montréal. Il ne voulait même pas être rémunéré. Tout au plus a-t-il demandé le remboursement de ses frais de déplacement et un dîner au restaurant. À la fin de sa conférence, qui a été chaleureusement applaudie par les étudiantes et les étudiants venuEs en grand nombre pour l’écouter, j’ai tenu à dire ceci : « Félix Leclerc a déjà dit qu’un homme est « grand » dans la mesure où il se tient debout. C’est ce que Michel Chartrand représente pour moi : un homme qui se tient debout. » Dans sa bouche, le mot solidarité n’était pas un vain mot.
RIP Michel, il y en a quelques-unes et quelques-uns, qui pensent toujours à toi.
Yvan Perrier
9 mars 2025
15h45
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