Publié le 09-03-2020 | tiré du Courrier international
https://www.courrierinternational.com/article/mobilisation-au-mexique-une-journee-sans-femmes-pour-denoncer-les-feminicides
L’appel a été lancé en février, dans la foulée de la vague d’indignation qu’ont soulevée “deux féminicides particulièrement choquants”, rapporte La Jornada.
Sur les réseaux sociaux, le collectif Brujas del Mar a convoqué les femmes à une manifestation nationale, sous la forme d’une ‘Journée sans nous’. Les Mexicaines sont invitées à ne pas aller travailler, sortir dans la rue, faire leurs courses ni se rendre à leurs cours.”
Une affiche d’un collectif de femmes pour l’appel à “une journée sans nous” le 9 mars dans tout le Mexique. @Fundación Hogares Collectif mexicain Fundación Hogares
Un cri pour les disparues
L’appel de Brujas del Mar (“Les Sorcières de la mer”), dont l’initiatrice est une spécialiste du marketing, Arussi Unda, a pris une ampleur considérable avec son hashtag #UnDiaSinNosotras (#UneJournéeSansNous).
“C’est le réveil des femmes du Mexique”, assure Milenio, qui constate que, même si les avis sont partagés sur cette initiative, six Mexicains sur dix connaissent son existence. L’appel à une journée sans femmes a été relayé par de grandes entreprises, des administrations publiques, des écoles et des universités, qui ont toutes annoncé qu’elles “ne décompteraient pas de jour de salaire” aux femmes si elles ne venaient pas travailler le 9 mars, poursuit La Jornada.
“Nous sommes le cri de celles qui ne sont plus là”, écrit un collectif associé à l’initiative.
Depuis plusieurs années, le nombre de féminicides augmente au Mexique. La presse évoque une hausse de 137 % à l’échelle de tout le pays depuis 2015, et beaucoup plus dans certains États. Selon des chiffres de l’ONU cités par La Jornada, entre 2017 et le début de 2020, le nombre de meurtres de femmes est passé de sept à plus de dix par jour.
Une parole publique critiquée
Face à ces drames, l’attitude du président López Obrador est vivement critiquée, notamment depuis les meurtres atroces d’Ingrid Escamilla et de Fátima, une fillette de sept ans, en février.
Depuis lors, il assure vouloir mettre en œuvre une campagne de sensibilisation des hommes, rapporte le site Expansión, mais il a aussi demandé aux femmes de “ne pas se laisser manipuler par des conservateurs”. Le président fait ainsi référence à ses opposants politiques. Sa phrase est largement dénoncée par des militantes qui y voient un affront supplémentaire.
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