Édition du 19 novembre 2024

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Le Monde

Appel à l’action 17 avril : Journée internationale des luttes paysannes

Le 17 avril, nous marquons la Journée internationale des luttes paysannes, notre journée d’action annuelle qui nous réunit pour commémorer le massacre d’Eldorado do Carajás* en 1996 et honorer la résistance des paysan·nes du monde entier qui persistent dans leur lutte pour la justice sociale et la dignité.

Photo et article tirés de NPA 29

Affiche : Inspirée par la cosmovision andine, notre affiche cette année reflète l’interconnexion de tous les éléments de la nature, l’humanité étant une partie intégrante. Elle illustre comment la Mère Terre soutient les paysan·nes et leurs luttes, défendant leur existence et leurs droits. Selon cette vision, nous pouvons également être une offrande de la terre, en tant que mouvement collectif comme celui des paysan·nes. Représentée comme une force unificatrice, la Mère Terre nous soutient, aux côtés de ses expressions naturelles, les montagnes symbolisant nos ancêtres et notre mémoire collective.mouvement collectif comme celui des paysan·nes. Représentée comme une force unificatrice, la Mère Terre nous soutient, aux côtés de ses expressions naturelles, les montagnes symbolisant nos ancêtres et notre mémoire collective.

Suite à notre 8e conférence internationale en décembre dernier, nous, paysan·nes, jeunes, femmes, hommes et diversités, migrant·es, travailleur·euses du monde rural, peuples autochtones et sans terres, nous tenons debout avec un espoir et une force renouvelés, une conscience accrue, un engagement indéfectible, une unité organisée et une détermination à affronter les crises multiformes. Nous poursuivons une lutte sans relâche contre les génocides, les guerres, les violations de la souveraineté des peuples, les expulsions de familles paysannes, la criminalisation et la persécution des paysan·nes et leaders sociaux, ainsi que l’extractivisme et les violations des droits des paysans. Unis, nous protégeons notre mère la terre contre l’emprise des multinationales de l’agrobusiness, des néocolonialistes, et des forces fascistes et militaires répressives.

Cette dévastation implique de nombreux acteurs dans l’ombre, notamment les institutions néolibérales telles que l’OMC, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. Leur ingérence dans les politiques agricoles nationales, liées au commerce et à la protection sociale, est évidente. Les accords de libre-échange et d’autres cadres de partenariat économique imposent des conditions néolibérales liées aux prêts et aux programmes d’assistance financière, ou des mesures favorisant les intérêts des corporations, mettant en péril les moyens de subsistance des paysan·nes, des travailleur·euses agricoles et des migrant·es. Pourtant, ce sont les paysan·nes qui nourrissent 70 % de la population mondiale avec une alimentation saine et de qualité.

Assez avec le génocide, les expulsions et la violence !

Aujourd’hui, le monde est le témoin d’une multitude de crises qui touchent chaque aspect de la vie sur terre. Le système capitaliste révèle désormais sa véritable nature destructrice, poussant les paysan·nes en Asie et dans d’autres régions du monde au suicide en raison de dettes impayables. Il corrompt les gouvernements, qui tuent leurs peuples pour favoriser des intérêts privés, violant la nature et l’équilibre écologique, compromettant ainsi l’avenir de l’humanité. Ce système engendre des génocides, non seulement par le militarisme, mais aussi en refusant l’accès à la nourriture, en utilisant la famine comme arme de guerre, comme on le voit actuellement à Gaza. Il prend également la forme d’un génocide lent, comme celui subi par les populations haïtiennes avec des politiques anti-paysannes et une gangstérisation orchestrée pour faciliter une nouvelle intervention étrangère, permettant ainsi l’accaparement des terres paysannes et le pillage des communs.

Le néocolonialisme est inhérent à ce système, s’étendant également à des pays tels que le Niger, où les sanctions de l’Union européenne affectent le droit à l’alimentation des populations. Les conflits politiques et armés provoqués en Libye, en Syrie et au Soudan ont entraîné des déplacements massifs de populations, la destruction d’infrastructures, ainsi que des difficultés d’accès aux terres agricoles. Cette logique capitaliste mine luttes des paysan·nes pour leur droits, la souveraineté alimentaire, les méthodes de production agroécologiques durables et diversifiées, les exploitations agricoles familiales, la préservation de la biodiversité et la paix avec la justice sociale servant de solutions paysannes à la crise alimentaire et climatique**. Elle écrase la diversité sous toutes ses formes de genre et ethniques, et ignore les savoirs agricoles locaux et ancestraux, masquant ses véritables intentions derrière des solutions de développement ne servant que les intérêts économiques d’une minorité. Les capitalistes qui contrôlent et marchandisent nos biens communs entravent les jeunes paysan·nes à accéder à la terre et brisent l’autonomie des celleux qui la travaillent, les poussant vers des conflits agraires, la pauvreté, la famine et une agriculture sans paysan·nes.

Construisons la solidarité, uni·es pour la souveraineté alimentaire !

L’année 2024 a commencé avec les manifestations massives des paysan·nes en Europe, en Asie et dans d’autres parties du monde contre des politiques agricoles défavorables aux agriculteur·trices. Ces manifestations ne se limitent pas à la recherche de prix équitables et d’une vie digne pour les paysan·nes, mais expriment également la nécessité d’une société orientée vers un avenir où l’agroécologie paysanne l’emporte sur les méthodes de l’agrobusiness et où la justice sociale et la dignité de chacun·e sont garanties. Il est impératif de garantir que personne ne soit contraint de quitter sa terre, sa famille et sa culture pour chercher une vie meilleure ailleurs tout en sacrifiant sa vie pour nourrir sa famille.

Nos luttes paysannes, profondément enracinées dans les principes de la souveraineté alimentaire, visent à établir un système inclusif qui promeut les économies rurales et soutient les moyens de subsistance des paysan·nes, tout en cultivant l’espoir d’atténuer des tragédies telles que le suicide, les ruptures familiales et les migrations forcées dans les zones rurales. Reconnaissant la souveraineté alimentaire, l’agroécologie paysanne et l’accès à la terre, au territoire et aux biens communs comme de véritables solutions aux crises globales, La Via Campesina plaide ardemment en faveur de la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), un instrument international crucial pour aborder les crises multiples auxquelles sont confrontés les paysan·nes. De plus, nous plaidons pour l’établissement d’un nouveau cadre commercial international basé sur la coopération et la souveraineté alimentaire pour défier le système commercial néolibéral qui perpétue la faim. Parallèlement, nous nous préparons pour le Forum mondial de Nyéléni en 2025, qui réunira le mouvement international pour la souveraineté alimentaire pour faire face aux défis de la faim et de la pauvreté en favorisant le développement et le renforcement des économies locales.

Le 17 avril, nous occuperons les rues et tous les espaces où les luttes paysannes se font sentir pour réaffirmer avec force notre voie paysanne et renforcer la souveraineté alimentaire dans nos territoires. Nous exhortons vivement tous les membres, alliés et sympathisant·es de La Via Campesina à se mobiliser dès maintenant et tout au long du mois d’avril, uni·es dans une seule voix de solidarité pour soutenir les luttes des paysan·nes contre les crises globales.

Construisons la solidarité ! Assez du génocide, des expulsions et de la violence !

https://viacampesina.org/fr/

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