Édition du 25 février 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Monde du travail et syndicalisme

Au travail dès deux ans, les capitalistes à la fête !

Introduction de Patrick Rozenblatt à son livre Le travail totalitaire

De Black Friday en Black Novembre, d’Halloween à Noël, les offres exceptionnelles de discount,à durée très limitée, explosent les yeux et les oreilles pour que nous concédions au culte des cadeaux.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/02/24/au-travail-des-deux-ans-les-capitalistes-a-la-fete/

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

Pour faire ses courses, le temps est incommensurable ! Trouver des idées de cadeaux neufs ou dorénavant recyclés, en fonction de l’état des porte-monnaies et des valeurs écologiques (345 euros en moyenne e 2023, selon Le Sofinscope-baromètre OpinionWay pour Sofinco), aspire une énergie démesurée jusqu’à la trêve des confiseurs, entre Noël et jour de l’An1 ! L’illusion peut ainsi exister qu’en suspendant l’activité de travail, pour une majorité de la population, cette trêve prolongerait laïquement les « trewa dei », trêve de Dieu par laquelle, au Moyen-Âge, «  l’Église limitait les guerres privées en interdisant toute hostilité entre seigneurs du mercredi soir au lundi matin et à certaines époques de l’année (Avent, Noël, Carême, Pâques)2 ». Elle serait le symbole d’un temps arraché aux capitalistes, un temps libre pour échapper à l’emprise permanente du travail subordonné !

Trêve d’illusions, ce temps des fêtes est surtout un temps contraint où s’offrent les cadeaux, où l’on va aussi les échanger, dans un continuum commercial frénétique. L’idéologie capitaliste l’entretient par un flot publicitaire hypnotisant qui dépasse de près d’un tiers son volume du reste de l’année. Les enfants perçoivent précocement tout le paradoxe de l’expression «  trêve des confiseurs », car c’est précisément le moment où ils ont plus de chance qu’à d’autres d’accéder aux produits marchands qu’ils soient cadeaux ou sucreries. Moment pour leur offrir les joies de l’insouciance ou moment pour les intégrer brutalement dans le monde impitoyable du travail à perpétuité  ?

En relation directe avec cette interrogation, on ne peut qu’être admiratif ou horrifié par un des jeux mis sur le marché de Noël en novembre 2023. Dès deux ans, la marque Infini Fun invite les parents à offrir à leurs enfants, pour moins de 40 euros et payable en trois fois, un kit de télétravail3. La publicité le présente en des termes qui invalident toute ambiguïté :

Comme papa et maman : je passe des appels avec mon téléphone, je participe à des vidéoconférences avec mon ordi et mon casque […], cinq modes de jeu sur l’ordinateur : télétravail (imitation), découverte et trois modes quiz sur les lettres, les chiffres et les couleurs. […] Le téléphone offre dix-huit zones tactiles qui déclenchent de nombreux effets sonores et musiques. Il me rappelle automatiquement […]. Le casque (factice) me donne l’air encore plus professionnel4.

Vive le travail et dès les fêtes ! Les parents sont dans l’ensemble ravis, leurs commentaires peuvent mêmes être élogieux. Reviennent le plus des formules comme « Super imitation », « Super ludique » qui disent l’essentiel d’une adhésion à socialiser les enfants aux idéaux de la logique compétence dès leur sortie du berceau5. Quelle progression car, après recherche, ce genre de dressage aux bons comportements, qui ont notamment pris leur essor durant le confinement imposé lors de la pandémie du Covid 19, s’adressaient plutôt aux enfants sachant déjà lire et écrire. À l’époque le site MoneyVox proposait plusieurs supports ludiques et pédagogiques afin «  d’apprendre aux enfants à gérer leur argent de poche et initier vos adolescents à l’économie et la finance  ». Il recommandait par exemple pour les petits de 6 à 10 ans une application sur mobile et tablette, de l’association Crésus qui vient en aide aux personnes en difficulté, dont l’objectif principal est de « montrer à l’enfant que l’argent n’est pas illimité, qu’il se gagne et se dépense  ». Le but du jeu est d’organiser avec un budget limité la plus belle fête d’anniversaire «  du choix du lieu en passant par la préparation du gâteau ». Pour y parvenir, l’enfant doit mobiliser «  des compétences de lecture, de calcul mental simple, de stratégie et de planification  ». En prime, le jeu sensibilise «  à l’alimentation saine, à l’entraide, à la solidarité  ». Quel beau programme !

C’est une société qui se croit civilisée car elle peut afficher des lois qui, littéralement, laissent à penser qu’à travers un long processus, et sans plus de conflictualité, elle a établi un monde permettant la coexistence harmonieuse et humaniste d’un temps pour travailler et d’un temps libre pour le bien-être de toute sa population, des plus jeunes aux plus âgé·es. Pour s’en assurer, il suffit d’aller voir sur le site du gouvernement de la République et de lire, y compris entre les lignes pour les non-dits, ce qu’il présente, à partir de la loi du 22 mars 1841, sur l’interdiction du travail des enfants. Car au commencement, cette présentation le reconnaît, il y a eu un capitalisme, sans morale ni limites, exploitant dans le cadre d’un « nouvel esclavage6  » toutes les forces vives tout en les épuisant prématurément :

En France comme en Angleterre, vers 1840-1850, les enfants de moins de 14 ans représentent 15 à 20 % de la main-d’œuvre des manufactures et des usines. Le travail des enfants n’est pourtant pas en soi une nouveauté, il est usuel dans l’agriculture comme dans l’artisanat. Mais avec les nouvelles conditions de travail engendrées par l’industrie textile mécanisée, il s’apparente à un nouvel esclavage7.

Le travail détruit à petit feu et détruit tout court, à tel point que :

Médecins, hygiénistes, philanthropes, réformateurs sociaux et industriels progressistes soulignent les effets mortifères pour les enfants de journées de 14 heures passées sous les métiers textiles : déformations physiques, rachitisme, tuberculose… La mortalité est également élevée : à Mulhouse, entre 1812 et 1827, parallèlement à la croissance de l’industrie, la durée de vie moyenne diminue de quatre ans et la moitié des enfants n’atteignent pas l’âge de 10 ans8.

L’humanité a pourtant bien du mal à imposer un droit de vivre puisqu’il faudra, accessoirement, ce que le site gouvernemental oublie de mentionner, une révolution en 1840, et les Communes des années 1870, pour voir promulguer les lois de 1841 et de 1874 qui interdisent respectivement l’embauche avant 8 ans, puis avant 12 ans. Malgré cet effacement de la mobilisation des esclaves concerné·es, histoire de ne pas dire que l’action ouvrière et syndicale n’a servi à rien, la note expose a contrario crûment le peu d’impact de la législation concernant la mise au travail car : «  Rareté des inspections, amendes insuffisantes, puissance des intérêts économiques en jeu, accord tacite des parents les plus pauvres9. »

Au final, à l’horizon de la Première Guerre mondiale, la réduction de ce fléau du travail des enfants sera peu résorbé dans l’industrie, et donc loin d’être effective ailleurs, que par « les progrès techniques et la nécessité de former les ouvriers, couplés aux nouvelles lois scolaires10  ».

On retrouve ici le recours à une logique déterministe du progrès technique, comme seule autorité acceptable pour juguler un esprit du capitalisme totalement insensible à l’irrationalité protectrice de droits humains universels.

En conséquence, si la mise au travail des enfants a reculé, si le temps de scolarisation s’est allongé, si l’idée d’un temps libre légal s’est glissée dans les représentations liées à la vie de l’enfance à la retraite, c’est fondamentalement parce que les configurations productives dans lesquelles sont incorporées en permanence des innovations technologiques modèlent des formes de division sociale du travail qui s’en accommodent.

Dès lors, si certains ont cru à un cheminement de l’histoire permettant d’établir, plus ou moins avec des luttes, une réduction régulière du temps de travail et une augmentation tout autant régulière du temps libre et choisi, peut-être ont-ils omis cette capacité de l’univers capitalistique et des penseurs à son service, à transformer des représentations mythiques et à bouleverser les croyances sur le sens des progrès acquis ?

Si l’on observe ce qui se passe aux États-Unis, quelques signes corroborent le bien-fondé d’une telle interrogation. Dans un article paru en juillet 2023, Steve Fraser analyse le retour en force du travail des enfants soutenu par la révision de législations protectrices :

Au cours des deux dernières années, quatorze États ont présenté ou adopté des lois annulant les réglementations qui régissaient le temps de travail des enfants, réduisant les restrictions sur les travaux dangereux et légalisant les salaires minimums pour les jeunes à partir de 14 ans. Prenez une grande respiration et réfléchissez à ce point : le nombre d’enfants au travail aux États-Unis a augmenté de 37% entre 2015 et 202211.

Sommes-nous très loin de suivre la même voie ? Le site officiel de l’administration française invite plutôt à le penser, ne serait-ce que lorsqu’il énonce les possibilités offertes légalement pour qu’un enfant ou un adolescent puisse travailler avant 14 ans « dans les entreprises de spectacle, de cinéma, de radiophonie, de télévision ou d’enregistrements sonores, du mannequinat ou encore dans une entreprise ou une association ayant pour objet la participation à des compétitions de jeux vidéo12 ». La dernière catégorie d’activités ajoutée en 2020 devrait mettre particulièrement « la puce à l’oreille », elle a d’ailleurs depuis été étendue aux enfants « youtubeurs » ! Elle signale que depuis l’incorporation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans les process de production, depuis les années 1990 et surtout depuis la diffusion massive des smartphones et des tablettes dans les années 2010, les vieilles catégories de représentations de l’exploitation du travail des enfants, notamment celles du travail industriel mutent vers d’autres lieux.

Nos catégories de penser et d’agir pour leur protection sont-elles encore pertinentes et que nous disent-elles aussi plus généralement sur les mutations profondes de l’exploitation du travail ? Ne voit-on pas les capacités enfantines, dès le plus jeune âge à se saisir des objets connectés et à converser avec les logiciels ? Pourquoi, dès lors, ne pas repenser la totalité des temps de la vie, raccourcir l’enfance comme le temps de retraite, et puisqu’ils passent par l’usage des mêmes objets connectés et que leurs pratiques s’entremêlent, arrêter de distinguer, pour toutes et tous, temps de travail et temps libre ? L’intransigeance du gouvernement sur l’augmentation de l’âge légal du départ à la retraite n’est-elle pas directement liée à cette représentation ?

Indéniablement, cet air du temps souffle au quotidien une petite musique qui porte des messages ayant vocation à orienter et à contraindre nos pensées et nos actes. Il s’insinue, via de multiples supports construits pour encadrer notre conscience du monde. Certains d’entre eux passent par des supports que nous choisissons comme la radio, la télévision, les journaux ou encore les réseaux numériques. D’autres sont plutôt imposés au travail, dans les transports jusque dans la rue où la publicité s’invite pour nous influencer. L’imbrication des deux se fait désormais via les mises en scènes et l’hypervalorisation de la parole des expert·es et des influenceur·euses qui vendent des « one best way » pour penser le monde, y vivre, voire y mourir. Faiseurs d’opinions, ils tentent d’imposer de bons comportements, n’induisent nulle mise en débat collectif mais appellent tout au contraire au mieux à commenter, au pire à déclarer qu’on les aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie !

Le phénomène n’est pas vraiment récent, Paul Lazarsfeld, sociologue américain, montrait dès 1940 comment les « leaders d’opinion » influencent les représentations politiques. Injonctions à croire, prêts à penser, produits à acheter, comportements à adopter, tenues à afficher, loisirs à ne pas manquer, lieux touristiques à voir absolument, cette liste non exhaustive se renouvelle quotidiennement faite d’imprécations culpabilisantes qui nous interpellent et segmentent nos réponses de la tête aux pieds. Le niveau de pollution atteint et l’emprise avilissante produite sur la capacité humaine à produire une pensée d’ensemble sont aussi insidieux que la diffusion des particules fines dans l’air respiré. Se rendre compte de cette aliénation béate et mortifère dans laquelle une culture mosaïque13 fait glisser l’humanité, se mettre en état de résister à toutes les pauvres féeries marchandes, se mettre en situation a contrario de produire, modestement mais avec ambition, une pensée démocratique, écologique et sociale, cela demande que chacun·e dispose, pour résister, d’un important temps libre de non-travail, arme incontournable mais qui fait cruellement défaut quand on examine avec précision ce qu’il en est au-delà des images d’Épinal.

Loin des discours idéologiques sur la fin du travail ou sur la société du temps libre et choisi, la thèse de ce livre et son ambition sont donc de rendre compte du processus en cours d’asservissement de la vie quotidienne et du temps libre aux rapports de production, de distribution et de consommation que cherche à imposer, au 21e siècle, la logique de mise en valeur du capital. Ce processus progresse, en France, sous l’étendard de la « Refondation sociale » soulevé par le CNPF-Medef dès le tournant du siècle. Depuis, il ne cesse de se légitimer, avec l’appui inconditionnel des forces et institutions d’État toutes mobilisées pour en asseoir l’hégémonie.

L’envahissement de nos vies par la logique d’une mise au travail forcé, aux seules conditions du Capital, s’est peu à peu instillé à travers la production de mythes et la propagation de croyances qui ont été patiemment inventées, puis médiatisées, afin de contraindre nos consciences et nos imaginations. Malgré luttes et résistances, elles se sont progressivement imposées comme autant d’avatars visant à édulcorer, afin de la faire accepter, la violence des rapports sociaux subordonnés.

Des mythes pour contraindre imaginations et consciences et faire consentir à l’esclavage moderne

Mythe de la compétence productrice d’une valorisation rationnelle du travail et de l’obtention d’un salaire décent ; mythe de la négociation, dite « entre partenaires sociaux », comme support à l’écriture des bases d’une société policée ; mythe d’un temps libre permettant d’en jouir ; mythe d’un habitat à soi assurant de vivre en toute intimité une vie sentimentale à l’abri des intrusions ; mythe d’un monde-village facile d’accès pour y passer des vacances.

Chacun de ces mythes, qui selon les moments, occupe plus ou moins le devant de la scène sociale et politique, participe à resserrer l’étau, en masquant l’exploitation et l’assujettissement de la force de travail dans les rapports sociaux de production, de distribution et de consommation. L’objectif commun de la propagation de ces mythes consiste à vendre le mirage d’un capitalisme émancipateur et pourvoyeur de bien-être. Le seul régime de production capable, comme l’ont écrit en 2000 les idéologues patronaux de la « Refondation sociale », d’être le gouvernement, non démocratique, d’une société moderne. La seule à leur convenance !

Ces mythes, dont certains trouvent leurs origines dans les trente dernières années du 20e siècle, contribuent à entretenir, en masquant les rugosités désastreuses de la réalité quotidienne de millions de travailleur·euses pauvres et de pauvres tout court, la réussite miraculeuse du capitalisme comme seul régime heureux de production, de distribution et de consommation.

En combinant prodigieusement les progrès de la science et de la technique, les beautés d’une éducation comportementale épanouie et les plaisirs de l’engagement humain dans le travail en mission, devenu le quasi seul vecteur admis, comme dans une religion, de la construction d’une identité socialement acceptable et légitime, ses laudateurs, grassement payés pour ce faire, ressassent comme des prédicateurs que l’ensemble de la population, si elle accepte de se discipliner, pourra en récolter les offrandes et en propager le ruissellement.

Côté scène, l’étalement de chiffres et une propagande médiatique à flux continu ne cessent d’en affirmer les bienfaits souriants, alors que côté cour, les exploiteurs du travail, sous toutes les formes possibles d’atomisation, font exploser sans vergogne, l’une après l’autre, les quelques représentations et droits restants : protection de la mise au travail (précarité contractuelle, ubérisation et travail gratuit, pauvreté), surveillance du temps de travail et du temps de repos (horaires flexibles, repos atomisés, retraite repoussée), séparation entre vie professionnelle et vie privée (télétravail, travail chez soi, travail anywhere).

Dans cette longue marche mortifère, la grande force du capitalisme et de ses servants, avec la complicité des institutions d’État, est de conserver un cadre de justification et d’échanges en apparence policé. Les concepts d’emploi, de rémunération, de temps de travail et de temps libre, de retraite, d’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, voire de concertation et de négociation, continuent à s’entendre alors qu’ils sont de plus en plus obsolètes et creux au regard des mutations déjà pleinement accomplies des formes d’exploitation du travail. Ils parviennent ainsi à circonvenir une pensée politique d’opposition et les revendications syndicales dans une seule logique de riposte corrective dans laquelle les logiques d’émancipation se dissolvent, voire tendent à s’éteindre, comme celle d’un droit fondamental, indispensable et inaliénable à l’oisiveté. Comme l’écrivait Bertrand Russel en conclusion de son remarquable essai :

Dans un monde où personne n’est contraint de travailler plus de quatre heures par jour […], les hommes et les femmes ordinaires, deviendront plus enclins à la bienveillance qu’à la persécution et à la suspicion. Le goût pour la guerre disparaîtra, en partie pour la raison susdite, mais aussi parce que celle-ci exigera de tous un travail long et acharné. La bonté est, de toutes les qualités morales, celle dont le monde a le plus besoin, or la bonté est le produit de l’aisance et de la sécurité, non d’une vie de galériens. Les méthodes de production modernes nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l’aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns et la misère pour les autres : en cela, nous nous sommes montrés bien bêtes, mais il n’y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indéfiniment

14.

Faute de déconstruire les concepts de l’esclavage moderne, il devient impossible de concevoir et de proposer, à ceux et celles qui ne vivent que de leur travail, une vision unifiante et alternative en imaginant des représentations et revendications pour sortir de ces cadres et formes d’exploitation idéologiques et matérielles.

À l’ère de l’automation, de l’informatisation, de la numérisation généralisée et mondialisée, alors même que la mise au travail forcé et le plus souvent gratuite, tend à s’étendre à l’ensemble de la vie quotidienne15, est-il encore sensé de batailler, dans les formes d’un dialogue social bien limité, en ne critiquant que la partie visible de l’exploitation capitalistique du travail humain  ?

En effet, comme dans une liste à la Pérec ou à la Prévert, on peut schématiquement pointer quelques cruelles réalités de cette implacable « refondation ».

* Un emploi sous des formes mitées qui ne couvre et ne couvrira bientôt qu’une partie marginale du travail productif et social, tout autant que la menace du travail forcé ira en s’accroissant, voire la mutation engagée du RSA (Revenu de solidarité active).

* Une rémunération qui s’éloigne de l’illusion contractuelle, liant salaire direct et indirect (cotisations) à des objectifs constants et durables, qui encourage avant tout la productivité jusqu’à l’usure du salarié·e et/ou du faux indépendant, et encense la démultiplication des primes individualisées, tel un retour au plaisir bourgeois, et religieux, de donner selon son bon vouloir un « pourboire ».

* Un temps de travail qui ne borne plus à l’antique pointeuse, ni même aux badgeuses individualisées, mais qui se propage du matin au soir, bien au-delà des seul·es télétravailleur·euses dans leur domicile « googlisé ». Il s’immisce, pour toutes et tous, dans les transports et en tous lieux où la connexion est possible selon le slogan managérial miraculeux « Anytime, Anywhere, Any device16 ». Un temps de travail amplifié démesurément sans que personne ne le mesure encore quantitativement comme un temps assujetti à l’organisation du travail que maîtrisent seuls les employeurs,

* Une mise au travail gratuite, via les outils de numérisation (NTIC), qui s’est imposée et s’enracine de manière ludique avec l’apprentissage précoce des enfants puis des étudiant·es, bien avant toute forme d’emploi salarial. Elle s’étend, notamment au domicile mais plus généralement dans nos déplacements nomades, à toutes les catégories de populations, contredisant d’une part l’approche distinguant les concepts de travail productif et reproductif (femmes, enfants et retraités) et en rendant absurde la distinction réifiante d’équilibre entre vie personnelle et professionnelle.

On a donc une tendance générale à l’augmentation de l’activité sous des formes salariales, reconnues ou travesties, dont seule une partie est considérée et prise en compte sous l’aspect monétaire. Elle se double d’une imprécation à un engagement accru et d’une mobilisation quotidienne épuisante à répondre aux attentes des donneurs d’ordre que l’on soit en emploi, en chômage ou catégorisé encore comme inactif. Ce beau programme s’accompagne d’une petite musique dansante qui vous enjoint de travailler agilement toujours plus, au quotidien et le plus tard possible, puisqu’il est gravé dans le marbre des chiffres, comme une tendance lourde et irréfutable, affirmant que nous devrions vivre plus vieux ! En attendant, l’imperium n’a de cesse d’exceptionnaliser le quotidien du droit du travail. Un projet de décret prévoit, par exemple, de permettre à titre temporaire, et sans compensations, de recourir à la dérogation au repos hebdomadaire pendant le déroulement des Jeux olympiques de Paris-2024 où «  le marathon ce ne sera pas uniquement pour les athlètes17 ».

L’ensemble de ces éléments factuels matérialise une représentation de la société où vous devez être conforme (look et relook) et où le temps et l’espace à soi se rétrécit, comme dans L’écume des jours de Boris Vian. C’est très justement ce que le capital ne cesse d’organiser afin de vous contraindre à ne pouvoir vous refuser à ses avances douteuses, qu’elles touchent aux modes de produire, de distribuer ou de consommer. Il vous faut donner, donner et donner encore plus et comme l’affirme, en juillet 2020, Élisabeth Borne, alors première ministre, le patronat ne doit surtout pas, en retour, être assujetti à vous le rendre ni par de nouveaux droits ni par l’impôt. Il est seulement invité à vous aider, à vous donner ou à vous redistribuer, selon son bon vouloir, tel jour une prime, le lendemain une ristourne sur le prix de tel ou tel bien et le surlendemain peut-être une augmentation de salaire. Et n’oubliez surtout pas d’apprendre à lui dire merci !

En quelques mots, tout est dit pour ceux qui gardaient quelques illusions : notre démocratie capitaliste bourgeoise ne tolère et ne concède qu’une égalité formelle dans les urnes et la refuse totalement dans les rapports de travail, ou devrions-nous dire plus précisément dans la mise en œuvre des formes d’exploitation du travail. Fin totale des illusions racornies sur « la citoyenneté dans l’entreprise  » promulguée dans le préambule des lois Auroux (1983), mais révérence et enthousiasme devant « l ’entreprise citoyenne », dont la jouissance est destinée aux seuls propriétaires du capital.

Le retour aux rapports fondamentaux de l’exploitation comme aux beaux temps du 19e siècle est ainsi pleinement acté : le travail appartient à celui qui le conçoit et le paie, et celui qui l’accomplit lui doit tout et se doit de lui concéder toute l’énergie et le temps qu’on lui réclame dans le quotidien, comme tout au long de sa vie. Le retour à ces fondamentaux renvoie à l’expression de l’enjeu essentiel, si ce n’est unique pour celui qui ne vit pas du capital : être humain à part entière ou être chose manipulable selon les besoins, c’est-à-dire être un esclave moderne. Pierre Naville dans le dernier chapitre de De l’aliénation à la jouissance (1954) exposait précisément le processus à l’œuvre :

L’esclave moderne ne l’est pas juridiquement, la loi l’a fait libre, mais sans propriété : donc contraint de travailler pour autrui, esclave du système. D’où ce conflit : il ne doit pas seulement subir sa condition mais l’accepter. Le système veut son « aveu » et pour l’obtenir, il brise en l’homme ce quelque chose qui se rebelle, et qui tient à sa personne. Seul le temps de travail y parvient, pourvu qu’il soit assez long et bien contrôlé. Le travail est une contrainte ; si cette contrainte est assez persévérante, si l’homme ne peut y échapper assez longtemps, il finit par s’y identifier dans la narcose (sommeil artificiel) et la détresse18.

Un affrontement essentiel et permanent sur le sens de la vie

On est ici au cœur de l’affrontement essentiel qui traverse tant les regards et controverses théoriques que les interrogations contradictoires que tout un chacun rencontre quand il lui reste un peu de temps pour s’interroger sur ce qu’il vit dans son quotidien. Dans cette quête de sens, Jean-Marie Vincent explicite théoriquement que «  le rapport de travail est un rapport de rapports sociaux multiples qui marquent fortement de leur empreinte ceux qui travaillent19  ». De plus, il souligne, en s’appuyant sur l’apport de Gerhart Brandt, que le travail n’est pas seulement soumission au commandement du Capital mais plus fondamentalement soumission à des processus abstraits de socialisation (soumission au travail abstrait, à la technologie, aux formes de l’échange marchand)20. L’ensemble de cette combinatoire enferme «  les salarié·es assujetti·es à la production de valeurs et de profits par toute une machinerie sociale qui n’est pas faite seulement de dispositifs d’oppression et de contrôle mais aussi de dispositifs d’exploitation et d’appropriation de l’agir ».

Il est ainsi subordonné même dans le temps du non-travail, ce temps défini comme celui devant nous permettre d’inventer et de vivre des rapports s’émancipant, peu à peu, de la domination des logiques capitalistiques de marchandisation de la vie, matérielle et sentimentale, pour nous préparer à nous en évader pleinement dans un processus permanent où le travail perdrait sa place hégémonique dans la vie quotidienne. C’est pourquoi nous partageons toujours son invitation à partir d’une critique du « mouvement ouvrier qui a poussé le plus loin la sacralisation du travail sous la forme paradoxale d’une mythologie laïque ».

Cette approche critique prolonge celle de Pierre Naville quand il propose que le processus de réduction du temps d’assujettissement au travail s’attaque à la transformation des contenus et des relations qui existent entre travail et non-travail pour produire dialectiquement leur conjointe métamorphose. Les rapports de travail peuvent alors se transformer en faisant reculer le plus rapidement possible les processus de domination, d’exploitation et de précarisation généralisée qui empêchent de penser ensemble les finalités de la production des biens et des services et leurs sens dans et pour la société. De même que les rapports de non-travail, dans toutes les relations de société et de proximité où ils se nouent, peuvent permettre de cultiver des rapports égalitaires de genre et rendre plus écologique nos vies quotidiennes.

Cette approche totalement contradictoire à celle de la « Refondation sociale » conçue par le Capital et ses servants permet de dépasser de fausses oppositions et de situer la totalité des implications de ce moment actuel de la lutte de classes qui couvre la période de 1968 à nos jours. Elle s’inaugure dans la lutte des Lip, conflit autogestionnaire et analyseur de l’héritage de Mai  68 pour les luttes d’émancipation, et notamment celle pour le contrôle de la production et celle pour la réduction massive du temps de travail qui s’affiche alors autour d’un radical «  Travailler moins pour vivre mieux ». Cette lutte des Lip, bientôt rejointe par plusieurs dizaines d’autres, ébauche des pratiques et donne à voir d’autres formes possibles de rapports productifs et sociaux qui déchaînera et mobilisera contre elles, dans une totale unité, les forces archaïques et modernistes du capital et de l’État.

Elle effraie alors d’autant plus qu’elle démontre en pratique que les damné·es de la terre ont l’imagination et les capacités d’élaborer et de mettre en œuvre une société qui s’émanciperait de leur joug. Elle effraie car elle s’acoquine avec l’orientation tracée par Paul Lafargue dès sa Réfutation du droit au travail de 1848, plus connue sous la dénomination provocatrice du Droit à la paresse21. Dans ce texte il s’interroge sur ce que peut valoir une vie dominée par l’emprise d’un travail dont le temps dicte le moindre moment de votre monde quotidien ? Sa réponse est sans appel : cette vie aliénée ne vaut rien et la pauvreté des familles enchaînées au salariat témoigne alors en France de ce constat. D’où son plaidoyer pour les inciter à ne pas accepter l’accaparement de leur temps de vie par le temps de travail en expliquant pourquoi et comment il est possible de réduire massivement le temps soumis à travailler pour un patron.

Le «  Lip c’est fini, fini  » vociféré à la radio et à la télévision, le 1er août 1973, par le premier ministre Pierre Mesmer, inaugure la mobilisation massive des forces patronales pour briser, concrètement et idéologiquement, l’acuité des idéaux de Mai 68 dans les rapports sociaux de production et dans la vie quotidienne. Il faudra au patronat et à l’État plus d’une bonne vingtaine d’années pour y parvenir dans une longue marche affirmée théoriquement avant l’aube de ce siècle. Et depuis, ils ne cessent de vouloir maintenir à toutes forces idéologiques et répressives, auxquelles participent les successions de mises en état d’urgence, l’emprise qu’ils ont tissée. Sur le temps formel de travail, ils seront pourtant obligés d’accepter des concessions jusqu’aux trente-cinq heures, mais ils en produiront le contournement en atomisant l’ensemble du salariat pour mieux contrôler son temps individuel et collectif de mise au travail et mieux accaparer le temps libre de non-travail à des fins productives. Par la saisie des compétences acquises hors-emploi dans le temps quotidien, par une mise au travail hors-emploi pour de multiples activités de service, par l’encadrement des loisirs et des modes de plaisir dans un temps urgent de consommation marchande, par le démantèlement dans l’habitat des temporalités intimes métamorphosées en temps de travail assujetti, s’est constitué et consolidé un vaste processus de résistance du capital visant à annihiler l’accès au temps libre de non-travail.

Si même les gains de temps formels ouvrent sur une vie quotidienne où les rapports au travail vous enserrent de plus en plus dans des formes d’esclavage moderne et où s’entretiennent des rapports sociaux androcentrés, comment peut-on entrevoir les voies d’une émancipation ? En campant sur le seul objectif indispensable d’une réduction quotidienne pour toutes et tous du temps de travail sans l’inclure dans une vision plus vaste des processus d’assujettissement au travail capitalistique, est-il encore possible de penser et lutter pour une transformation émancipatrice ?

Un livre pour contribuer à penser, à lutter et à débattre pour concevoir un temps de la vie quotidienne émancipée du temps de travail
Pour contribuer à la compréhension du tissage des configurations temporelles dans lesquelles nous sommes contraints de vivre et de penser, l’objet théorique de la qualification du temps quotidien et de sa légitimation doit être mis en discussion au plus près des pratiques que nous exerçons ou côtoyons d’ordinaire. Trois logiques temporelles s’entremêlent si l’on cherche à analyser les significations de ce temps journalier. Ces logiques que nous ayons conscience ou non de leur impact sur nos façons d’agir sont liées à des symboliques, parfois très anciennes, permettant de faire société. Elles pèsent dans leur combinatoire sur nos capacités à comprendre la société de travail dans lequel nous vivons ou survivons, et ce faisant, sur nos capacités à penser et à produire de possibles alternatives menant vers une société de liberté et de bien-être.

Ces trois logiques temporelles sont celles du sacré, du synchrone et de l’asynchrone.

La logique du sacré

Elle en réfère aux dogmes religieux et profanes. Elle encadre et rythme les moments marquants de la vie (naissance, baptême, mariage, enterrement, anniversaire, etc.) mais aussi des temps plus ou moins liés au retour des saisons ou à la commémoration de références sociales communes (par des processions, des fêtes, des célébrations politiques, associatives ou militaires, des manifestations, etc.). Elle se matérialise aussi dans le calendrier qui encadre le déroulement du temps et décline, au long de l’année, des mois et de la semaine, les jours chômés censés permettre de nous reposer mais aussi de nous rassembler afin d’être a minimaensemble.

Elle mène encore au quotidien, via le son des horloges puis le silence des montres individuelles, les délimitations du temps à consacrer aux activités contradictoires ou complémentaires de la prière, de la méditation, de l’étude, du travail, de la rêverie ou encore de la déambulation et du repos. Dans les religions monothéistes, le temps de la prière quotidienne dicte ainsi la segmentation du temps quotidien. Par exemple, en France, au 19e mais encore au 20e siècle il n’est pas rare d’observer des arrêts de la production consacrés à dire obligatoirement des prières, à genoux, particulièrement dans les ateliers de femmes. La logique du sacré participe à imposer des normes communes et à poser des interdits censés contraindre les diktats matérialistes du fonctionnement des marchés. Par exemple, dans les conflits autour du temps de travail entendre dire que « le dimanche c’est sacré », n’implique pas une adhésion à une religion mais exprime le refus de la disparition d’un temps commun pour vivre ensemble autour d’autres activités que le travail rémunéré dans un temps contraint.

La logique du synchrone

Elle affiche les coordinations incontournables requises dans l’organisation commune d’une société. Elle permet d’articuler dans l’organisation de la vie quotidienne ce qui relève de temps sacrés tout en introduisant les injonctions spécifiques venant d’organisations singulières dans la société de travail. Autrement dit, la logique du synchrone se propose de coordonner l’ensemble des temps spécifiques de l’activité quotidienne et de les mettre en rythme. Elle organise, initialement, la vie quotidienne à partir des temps transcendants construits sur le sacré puis y intègre toutes les représentations d’organisations immanentes des liens. Cela inclut diverses formes comme les us et habitudes ou les rituels autour par exemple de la mise au travail, de la sortie du travail, les temps de pauses et de repas, etc. Cela touche également par exemple aux horaires d’ouverture des institutions publiques tout autant qu’à la possibilité de concrétiser des liens sociaux d’intimité permettant de se retrouver dans un temps à soi qui peut être partagé. C’est sur la base d’une telle logique que le mouvement ouvrier s’est rallié profondément au projet revendicatif des huit heures de travail, huit heures de repos, huit heures de loisir comme la représentation idéale d’une vie quotidienne émancipée.

La logique de l’asynchrone

Elle a pour vocation à légitimer, en les délimitant et en les encadrant, les logiques temporelles qui perturbent les mises en commun issues originellement de la combinaison des temps sacré et synchrone. Par exemple, elle justifie au nom d’un intérêt général que lors du jour de repos commun plusieurs activités professionnelles soient autorisées, sans possible refus de s’y soustraire. Le travail s’invite alors pour certains dans un « temps familial sacré ». Le travail posté, le travail d’astreinte sont des figures marquantes, avec l’organisation permanente des services de la sécurité publique (police, gendarmerie et sapeurs-pompiers) de la légitimité d’une telle logique au nom du bien public ou de l’intérêt général. C’est ensuite au nom d’une urgence, banalisée par différents modèles d’organisation de la production et de la distribution, que cette logique initialement supplétive va tendre à asseoir son emprise dans l’espace de la consommation des biens et des services jusqu’à se promouvoir comme logique hégémonique dans l’expansion de la mondialisation des affaires. La logique de l’asynchrone devient alors motrice dans toute une série d’adaptations et de réorganisations des activités et des temporalités. Elle ridiculise les rythmes « ancestraux » du travail et du repos, altère les représentations cristallisées du temps et embrouille la qualification qui peut être donnée au temps de travail comme au temps de repos, de loisir ou d’oisiveté. De logique dominée, elle devient logique dominante généralisant l’urgence dans l’organisation de la vie quotidienne afin de nous faire consentir à la prorogation de l’esclavage moderne.

Ces trois logiques accompagneront notre réflexion, tout au long des cinq chapitres de ce livre, pour analyser les tensions, les conflits et la dialectique de leurs résolutions au regard des combats menés pour s’émanciper des rapports d’exploitation.

Le premier situe le conflit structurel sur le temps d’assujettissement à la logique d’exploitation et interroge le sens des réponses tronquées du mouvement ouvrier et syndical au regard de la transformation des rapports sociaux, notamment de genre.

Le second explore, face aux luttes pour « Vivre et travailler autrement », les angoisses et les premières ripostes patronales qui débouchent sur l’invention de l’aménagement flexible du temps de travail.

Le troisième analyse l’aggiornamento de l’esclavage moderne que fonde la théorisation de la « Refondation sociale » conceptualisée et propagée par le Medef.

Le quatrième examine la concrétisation de ses effets sur l’aliénation de la vie quotidienne ces vingt dernières années jusque dans ses ajustements post-Covid.

Le cinquième présente trois modèles actuels aux sources de la perpétuation de l’oppression par le travail et les met en discussion proposant d’orienter, réflexions, débats et luttes vers une critique radicale de la vie quotidienne.

Patrick Rozenblatt : Le travail totalitaire
Editions Syllepse, Paris 2025, 184 pages, 20 euros
https://www.syllepse.net/le-travail-totalitaire-_r_22_i_1101.html

1. Cette expression trouve son origine dans la décision prise en 1874 par les députés français de suspendre, durant ce laps de temps, leurs affrontements parlementaires sur l’élaboration de la constitution afin de laisser place libre au commerce.

2. Site de la BNF.

3. « Après la dînette, le “Kit du télétravail” pour enfants à partir de 2 ans ! », Contre Attaque, 13 novembre 2023.

4. Présentation sur le site de la FNAC.

5. Seul un papa s’inquiète de l’aspect addictif et une maman émet une critique sur les couleurs associant encore le rose aux femmes et le bleu aux hommes !

6. Première loi en France limitant le travail des enfants, gouvernement.fr.

7. Ibid.

8. Ibid. On peut ajouter que ce processus amenait à rejeter plus tard hors de la conscription obligatoire une partie importante des jeunes hommes, ce qui affaiblissait l’armée française.

9. Ibid.

10. Ibid.

11. Steve Fraser, « Le retour du travail des enfants », source TomDispach, traduit par les lecteurs du site Les-Crises.

12. Il existe un contrôle théorique de l’inspection du travail et une autorisation préalable. « À partir de quel âge peut-on travailler ? », Service-Public.fr.

13. Abraham M. Moles, Sociodynamique de la culture, Paris/La Haye, Mouton, 1967.

14. Bertrand Russel, Éloge de l’oisiveté, 1932, http://www.esprit68.org/.

15. Patrick Rozenblatt, Razzia sur le travail : critique de l’invalorisation du travail au 21e siècle, Paris, Syllepse, 2017.

16. Tout le temps, partout, avec n’importe quel support.

17. Le Canard enchaîné.

18. Pierre Naville, Le nouveau Léviathan, t.1, De l’aliénation à la jouissance, Paris, Anthropos, 1970.

19. Jean-Marie Vincent, « La légende du travail », dans Pierre Cours-Salies (coord.), La liberté du travail, Paris, Syllepse, 1995.

20. Gerhart Brandt, Arbeit, Technick und gesellschaftliche Entwicklung, Francfort, Suhrkamp, 1990.

21. Paul Lafargue, Réfutation du droit au travail de 1848, texte publié en 1880 et plus connu sous la dénomination provocatrice du Droit à la paresse.

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