Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Élections québécoises 2012

À quoi servent les débats des chefs ?

Je suis très politisé et je m’efforce de suivre, nettement plus que la moyenne, les enjeux des diverses campagnes électorales. Je me suis toujours fait un devoir d’écouter les « débats des chefs », au même titre que d’aller voter. Mais là, je n’en suis plus capable !

Il faut vraiment être très patient, masochiste ou être un journaliste payé pour les commenter pour continuer à subir ces séances rituelles de « combat de coqs ». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la plupart des chroniqueurs en parlent comme d’un match de boxe où l’on cherche un vainqueur, avec ou sans KO ! Quand on en est rendu à mesurer le résultat d’un débat par le nombre de « tweets » qui ont circulé sur Untel ou Unetelle, ça dit tout !

Faire de la politique, au sens noble de gérer la chose publique, le vivre-ensemble collectif, demande-t-il vraiment qu’on se « crie par la tête », qu’on ne réponde systématiquement pas aux questions, qu’on utilise n’importe quel « raccourci » qui paraît bien, et qu’on cherche essentiellement à « faire trébucher l’adversaire », à marquer des points à tout prix ?

Peut-on débattre des enjeux collectifs de manière intelligente ? Ou est-on condamné nécessairement à subir le même cirque que la « période des questions » ? M. Charest, Mme Marois ou M. Legault sont-ils capables d’exprimer autre chose que leurs cassettes respectives, infiniment prévisibles et répétitives ? Peut-on enfin admettre ses erreurs (quand elles sont évidentes pour tous) ou reconnaître les bons coups des autres sans passer pour faible ou pour « manquer d’agressivité » ?

Les débats actuels, les traditionnels à plusieurs ou les nouveaux face-à-face inventés par Québécor, ne nous apprennent rien, sinon quel est le meilleur coq, le meilleur « performeur ». Or nous avons besoin, plus que jamais, de leaders politiques ; pas de bons comédiens, orateurs ou « débatteurs ».

On discutait hier, au Téléjournal de Radio-Canada, des problèmes de financement de l’éducation supérieure et on concluait qu’il s’agissait d’un « choix de société ». Comme on aurait pu le dire de l’environnement, de l’emploi, de la santé, du Plan Nord ou de la pauvreté. Or quand ferons-nous ces « choix de société », si ce n’est à l’occasion du choix de nos élus ? Encore faudrait-il qu’on puisse en discuter vraiment, autrement qu’à travers des « clips », des « bonnes lignes » ou des « slogans » !

Et c’est possible, mais autrement : la seule présence de Françoise David, au débat de dimanche, en a fait la preuve. Et les interventions de Jean-Martin Aussant, malheureusement exclus du débat officiel, le confirmait aussi. Il est urgent que les vieux politiciens, que leurs partis soient anciens ou tout neuf, s’en rendent compte et qu’ils fassent de la place au sang neuf. Vivement l’adoption d’un scrutin proportionnel et une nouvelle culture de débat politique ! Remplaçons les « combats des chefs » par les débats d’idées.

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