Je suis impliqué dans la construction de la gauche indépendantiste, écologiste et féministe au Québec depuis 1995. J’ai débuté avec le PDS en 1998, qui faisait 0,5 % aux élections avec ses 500 membres. Puis, une première fusion qui mène à l’UFP, c’est 1000 membres et son résultat de 1 % en 2003. Puis une 2e fusion avec Option citoyenne et le score de 3,7 et 3,8 en 2007 et 2008 pour Québec solidaire passe rapidement de 2000 à 5000 membres. Et les résultats de 2012, avec un beau 6 % et 13 500 membres. Le tout, sans diluer le discours ou faire de compromis sur les principes, mais en incluant toujours plus de monde, en participant aux luttes sociales et osant proposer un autre projet pour le Québec.
Le PQ vole des votes à QS
Le Parti québécois a exclu de son programme la réforme du mode de scrutin pour maintenir un régime britannique du XIXe siècle, un héritage de la conquête. Certains, qui ne font rien pour changer cette situation, poussent l’odieux de nous accuser de ne pas les soutenir et de faire passer la droite. À ce discours, plusieurs réponses s’imposent. Je ne mentionnerais ici que deux idées peu développées jusque ici sur le sujet.
Premièrement, il faut reconnaître le fait que des milliers de personnes qui voteraient QS (et ON) se considèrent contraintes de voter PQ. L’inverse n’est pas vrai, aucun péquiste ne se considère contraint de voter QS. Le mode de scrutin favorise doublement le PQ, qui se retrouve encore une fois avec beaucoup plus de députés qu’il n’en mérite et en plus, il vole des votes à QS (et ON).
De plus, comme une enquête de La Presse l’a bien démontré, 53 % des électeurs de la CAQ sont à gauche. Ils ne veulent pas les vieux partis et souhaitent du changement ! Il y a donc un rôle pour QS, qui doit aller chercher des votes à la CAQ. Il faut doubler la droite par la gauche, particulièrement sur les intérêts contradictoires entre les familles de la classe moyenne et ceux du 1% qui contrôle l’économie et les médias et qui sont desservit pas la droite politique.
Enfin, il faut se faire un devoir de mémoire et se rappeler du fossé entre le discours péquiste en élection et ses décisions au pouvoir. Le PQ est le parti qui a fait les pires attaques en éducation et en santé au Québec, avec les coupures de 1982-83 et de 1996-98, ces dernières étant suivies de baisses d’impôt favorables aux plus riches. Le PQ a aussi joué un rôle clé dans l’établissement du libre-échange avec les É-U, un autre élément fondamental de la dynamique néolibérale. Soulignons enfin de Pauline Marois a été ministre sous Lucien Bouchard, avec François Legault, et qu’elle ne regrette pas les décisions prisent alors. Elle aurait même augmenté les frais de scolarité en 1996, n’eut été d’une grève générale, et elle a imposé aux infirmières gravement touchées par ses coupures l’équivalent de la loi 78. J’irai même plus loin. Le PQ est pire que le PLQ parce que des secteurs importants du mouvement syndical et social l’ont laissé appliquer des politiques qui n’auraient pu être appliquées par les libéraux.
Quelques perspectives
La construction de la gauche indépendantiste, écologiste et féministe reste un incontournable au Québec et la montée de Québec solidaire est particulièrement encourageante. Il faudra par contre relever certains défis.
Accueillir et former les milliers de membres qui adhèrent à Québec solidaire, pour enrichir notre démocratie interne et développer notre rayonnement.
Établir des relations dans toutes les régions avec les militantEs d’Option nationale, sur la base d’un projet de gauche pour l’indépendance du Québec.
Et surtout, établir des relations avec les mouvements sociaux. On ne pourra pas construire la gauche sans un appui du mouvement syndical, étudiant, populaire, écologiste, féministe, etc. Il faudra donc, tout en maintenant l’autonomie de l’un et l’autre, développer des pratiques de réflexions et d’actions communes et développer un vaste réseau de militantEs de gauche dans les mouvements sociaux.
Ajoutons que la construction de la gauche est dépendante de la dynamique sociale en général. La croissance des luttes et l’accumulation des victoires et de l’expérience militante seront déterminantes. La naissance d’une nouvelle génération politique avec le printemps érable annonce probablement un retournement de la conjoncture favorisant la construction de la gauche.
Un danger serait de modérer les revendications devant un gouvernement péquiste minoritaire, alors qu’il faut au contraire augmenter la pression pour contrebalancer la force de la droite dans le PQ, le PLQ et la CAQ. Une autre erreur serait de ne pas prendre en considération les raisons qui poussent des travailleur-se-s, étudiant-e-s, retraité-e-s et des sans-emploi à voter à droite. La gauche se doit d’être cohérente, accessible, en lien avec les luttes, mais aussi enracinée dans la réalité quotidienne de la majorité. Le défi et donc de construire une organisation de masse qui soit à la fois démocratique et inclusive, radicale et combative, mais aussi familiale et festive.
Construisons ensemble un Québec solidaire
Sébastien Bouchard,
Candidat de Québec solidaire dans Chauveau
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