Il nous semble que l’analyse souvent proposée dans vos pages tient pour acquises certaines hypothèses qui mériteraient d’être remises en question. Il nous paraît aussi qu’au moins un fait important a été négligé.
Si, du côté du Parti Québécois, on se plaint amèrement de la division du vote souverainiste, du côté de Québec solidaire, on essaie plutôt de rallier les votes progressistes. Le discours à l’effet que le Parti Québécois peut attirer tous les votes de gauche ne tient pas compte de l’historique très néolibéral de ce parti dans les 20 dernières années ni de ses frasques antisyndicales en 1982, 1983 et 1999 entre autres.
Parier que tous les votes qui sont allés à Québec solidaire iraient naturellement au Parti Québécois est fort risqué. En effet, une part importante des votes de Québec solidaire, notamment chez les jeunes, ne trouvait pas son expression dans les élections précédentes ou aurait pu se diriger vers des partis encore plus marginaux.
Un aspect fondamental pour compléter l’analyse consiste dans le fait que c’est surtout la division des votes de droite qui a causé la défaite des libéraux. On constate par ailleurs que tant le Parti Québécois que le Parti libéral ont perdu des votes sur leur droite au profit de la CAQ.
Devant une telle situation, les enjeux sont surtout à notre avis liés à la nécessité de trouver des façons de mieux convaincre l’ensemble de la population québécoise de l’importance de voter pour un programme visant le bien commun.
Dans l’état actuel des choses, peut-être y aurait-il lieu de trouver nos points de convergence, de créer un dialogue fécond et sans complaisance sur les façons de travailler ensemble sans occulter la force considérable de la droite.
Il ne nous paraît pas souhaitable de vouloir gouverner majoritairement avec une minorité des voix, mais plutôt de travailler à une démocratie plus proche de la volonté populaire tout en cherchant à faire avancer les forces progressistes. C’est pourquoi il faut un système électoral comprenant une composante proportionnelle, la véritable question étant de réfléchir ensemble comment on peut ramener les votes vers la gauche plutôt que de se quereller sur la façon de se les répartir.