René Descartes déclara : « Je pense donc je suis. », Albert Camus ajouta : « Je me révolte donc nous sommes. » et je complèterai, bien humblement : « Nous sommes donc nous vaincrons. »
Il est interdit de maitriser son destin
Maîtriser son propre destin et aspirer à un meilleur cadre de vie pour soi et les siens et choisir de vivre et de s’épanouir dans une société juste et égalitaire : voici un singulier exercice d’imagination qui peut s’avérer utopiste et surtout tellement présomptueux.
Il est interdit de chercher le bonheur
Déception et perte de temps précieux, voilà essentiellement ce qui résulte de cette stérile quête perdue d’avance d’un pseudo-bonheur romantique ou philosophique. À ce que l’on sache, aucune étude n’a jamais établi qu’il faille être heureux pour être productif.
Il est interdit de rêver
Que d’attitudes franchement volages et de pensées chimériques engendrées par ces vaines rêvasseries et ces doucereux petits pelletages de nuages suaves. On ne vous l’a pas pourtant bien inculqué sur les bancs d’école que seuls les riches détiennent le droit et les idiots le temps de rêver.
Il est interdit de se plaindre
Depuis fort longtemps et particulièrement depuis l’avènement des sociétés chrétiennes, la souffrance s’est toujours avérée une expérience enrichissante et salvatrice pour toute personne éprouvée.
Il est interdit de manger à sa faim
En fait, à voir la taille de certaines personnes, il n’y a rien de plus sain que de contrôler ses fringales passagères et chasser ses habitudes alimentaires malsaines qui s’avèrent coûteuses en absentéisme en plus de grignoter les profits des entreprises. Prenez donc exemple sur les populations du tiers-monde (trois-quarts monde) où l’on y observe pourtant moins d’obésité.
Il est interdit de partager
Aux yeux des diligents dirigeants, le partage du moindre gain risque d’entraîner l’irréparable au sein des obligés actionnaires et provoquer des bouleversements à hauts risques pour la saine compétitivité et le rayonnement des entreprises. Nous ne devons jamais perdre de vue que la sauvegarde de ces dernières s’avère certes laborieuse, mais ô combien salvatrice pour l’actionnariat et capitale à l’équilibre et au bon fonctionnement de l’économie.
Il est interdit d’exercer un travail de son choix
Veuillez prendre note qu’en aucun cas vous ne devez ignorer que détenir un emploi si nul soit-il à vos yeux, selon votre égoïste et incompétente évaluation, représente néanmoins un immense privilège accordé à la classe laborieuse. D’ailleurs, pensez-y bien car un privilège ne constitue en rien un droit et il peut vous être retirer …
Il est interdit de caresser des projets
Habituellement et grâce à un peu de bonne volonté, l’être humain parvient aisément à chasser ces caprices éphémères et à se passer de ces envies de réaliser des projets aux lendemains souvent incertains et hypothétiquement gratifiants. La société a pourtant tellement de beaux projets construits d’avance pour vous.
II est interdit de se battre pour la paix
Les conflits et les guerres incarnent depuis des millénaires le moteur principal de l’histoire seul capable de générer de la richesse au bénéfice des nations dominantes et de leurs censitaires. Ces conflits favorisent le maintien du capital des nantis, des argentiers et armuriers, des géants du commerce, de l’industrie et de la finance, des marchands de jeux et de rêves, des créateurs de mensonges et des boutiquiers de la propagande du bien-être.
Il est interdit de manifester
Les fondements initiaux du modèle démocratique occidental commandent à toute personne ou à tout groupe de personnes de bien vouloir se fondre à la majorité silencieuse. Et, en aucun temps et pour aucune raison, de ne point troubler la gouvernance et l’ordre établi. Surtout, de ne jamais franchir délibérément les périmètres de sécurité barbelés érigés par les poseurs de barrières et surveillés par les gardiens du pouvoir. D’ailleurs, ne l’oubliez pas, ce pouvoir est souverain et il détient tous les droits et privilèges. Ainsi, il élabore les constitutions, promulgue les chartes, les lois et les mesures de guerre. Il gouverne secrètement ou publiquement par décrets pour son bon plaisir et à l’occasion pour le bien commun, mais toujours dans l’intérêt des ami.e.s du pouvoir … Ô enfants de la Patrie enchaînés à l’arbitraire payroll de la société marchande, pris dans les tourbillons des spas de vos illusions et tétanisés par votre anxiété et lobotomisés dans vos aspirations, souvenez-vous – n’est-ce pas la devise oubliée d’un Québec oublié – que même si on piétine vos droits et vole vos destinées, il est tout de même recommandé de courber l’échine, d’abaisser vos mains et d’annoncer votre parcours de vie et de manifestation. Cela est certes juste et bon pour l’image … Mais, surtout essentiel pour votre propre sécurité.
Il est interdit de contester
Halte-là citoyens et citoyennes de la plèbe ! Ce sont là des comportements rebelles, subversifs et dignes de fieffés terroristes. La contestation porte atteinte à la survie politique des régimes en dérogeant aux dogmes libertariens et en perturbant l’expansion des économies et des zones franches et de libre-échange. En définitive, seule la pensée unique doit être autorisée puisqu’elle souscrit au fonctionnement optimal des régimes et assure leur croissance et leur indispensable stabilité.
Il est interdit de réviser sa citoyenneté
Au nom de la mondialisation, de la sauvegarde des capitaux et du mieux-être des acteurs privilégiés du système, le rôle d’agent économique des citoyens et des citoyennes doit demeurer leur unique prérogative reconnue par les autorités. Ces mêmes autorités agissant sous les bienveillants hospices de l’OMC, du FMI, des banques et des agences de crédit dont les notations confortent les marchés, réconfortent les transnationales et leurs besogneux actionnaires. Elles « maaloxent » également l’anxiété des consciences de ces Merlin enchanteurs du pouvoir et des malins encanteurs de la haute finance. Toutefois, il subsiste une dérogation inscrite dans le Petit livre rouge du néolibéralisme intitulé : « Les Pensées de NÉO ». Cette lénifiante dérogation stipule qu’il est à la fois légitimement et légalement permis de mourir pour son bien-être et celui du système. En effet, cela apparaît socialement acceptable de s’y conformer et parfaitement en accord avec les valeurs du régime. Cependant, cette dérogation spéciale ne peut être accordée qu’en périodes inflationnistes de fusion ou d’acquisition et ne doit pas avoir lieu avant la 17e heure GMT … Pourquoi donc ? Parce que cela perturberait la production en réduisant ainsi les bénéfices et propageant une fort mauvaise image qui laisserait présumer d’une certaine faiblesse de la part d’un patronat pourtant toujours diligent envers sa classe laborieuse. En terminant, veuillez surtout ne pas oublier qu’on vous paie pour travailler et que ce n’est pas le travail qui tue, mais c’est plutôt vous-même qui vous tuez au travail … En conséquence, il nous est donc légalement permis de déclarer officiellement que vous êtes ainsi les seules personnes véritablement responsables de tout ce qui pourrait vous advenir sur les lieux du travail.
Il est interdit de défendre la liberté
Pour la masse, l’impératif ultime se doit de résider dans la ferme obligation de soutenir et bien servir le système en place avant tout. De le faire au moindre coût et dans les meilleurs délais possibles et tout en conservant en tête l’obligation de laisser choir ses bons sentiments dans un grand mouchoir de poche écologique. Le bon peuple a aussi l’obligation d’accrocher sa dissidence, si vertueuse soit-elle, au vestiaire de la bonté et de l’empathie et de ranger ses convictions au plus profond de sa boîte à lunch.
Et vlan dans les dents ma gang de … dixit le pouvoir !
La désobéissance civile au banc des accusé.e.s et au ban de la société
Bien des nations sont pourtant venues au monde ainsi – les États-Unis, la France, Haïti et l’Inde – et d’autres ont survécu ou retrouvée vie – la Pologne, l’Ukraine – grâce à des actions de désobéissance civile avec pour rempart des actions directes et des révoltes légitimes pour contrer les infamies des régimes autoritaires et même de ceux déclarés démocratiques en invoquant « la défense de nécessité ». Chez-nous, pensons au traitement inique réservé aux activistes qui ont escaladé le pont Jacques-Cartier et ceux et celles membres du collectif écologiste Antigone qui ont bloqué le terminal pétrolierValero ou la poursuite et la condamnation insensée de 665 millions de dollars US infligée à Greenpeace aux États-Unis – en appui aux membres de la tribu Sioux de Standing Rock – par le groupe Energy Transfer. Dans ce cas-ci, nous sommes à mon sens en présence d’une réelle et scandaleuse poursuite-bâillon. Sans oublier l’organisation écologiste Just Stop Oil au Royaume-Uni qui a vu ses militant.e.s emprisonné.e.s et soumis.e.s à de fortes amendes. En contrepartie, leurs actions d’éclat ont tout de même entraîné la création d’une politique gouvernementale ce qui en soi constitue une belle victoire, malgré un lourd tribu, que l’on peut attribuer à ces actions de désobéissance civile. En effet, ces actions ont permis des modifications législatives en plus d’alerter et de sensibiliser l’opinion publique aux questions environnementales qui sont d’une importance capitale pour l’humanité et pour la planète. Et comme le déclare si bien Amnesty International : « Il est temps que le monde freine la cupidité des entreprises qui détruisent notre planète et nuisent à tous ses habitant.e.s. ».
Malheureusement, toutes ces manœuvres d’intimidation judiciaire risquent de produire un dramatique effet boule de neige comportant des impacts sérieux et mettant en péril l’existence d’organismes et d’organisations. Comment ? En voulant les réduire au silence et en les épuisant psychologiquement et financièrement. Et surtout, en leur imposant par surcroit une forme insidieuse de censure dans les débats publics et en limitant le droit d’association, de réunion pacifique, de mobilisation citoyenne ainsi que l’essentiel travail terrain – ne serait-ce que pour concevoir et distribuer des tracts au nom de la liberté d’information – des citoyens et citoyennes ainsi que des organisations militantes de divers horizons.
Le sale culte de l’Or noir « sale »
Précisons que le Canada est le seul pays du G7 dont les émissions de GES ont augmenté depuis 1990. Plus grave encore, il vient tout juste d’approuver un autre prêt de 20 milliards de dollars pour l’oléoduc Trans-Mountain (TMX) pour un faramineux montant total de 50 milliards de dollars de l’argent des contribuables injecté dans ce projet ! Avec un beau gros chèque aux pollueurs : quelle sacré belle façon de lutter contre les difficultés économiques et les catastrophes climatiques qui nous assaillent déjà de toutes parts et qui « maintenant » sans l’ombre d’un doute ne vont aller qu’en s’accentuant … Et pourtant, que de projets bénéfiques, essentiels et structurants pour la population nous pourrions réaliser avec une telle somme ! Quel affreux et sale scandale ! Merci mon beau Ô Canada …
Les invasions barbares
Malheureusement, depuis le nouveau millénaire, de vieux démons sont réapparus pour s’emparer d’un nombre grandissant de gouvernements pour les pousser dans une nouvelle ère d’aveuglement volontaire, de fanatisme, de racisme, d’intolérance idéologique, de violations des droits et de sanctions imposées aux États et ciblant également certaines communautés de la société. Notons également que les changements dramatiques, brutaux, imprévisibles et même haineux de paradigme qui surviennent actuellement dans le monde et notamment au sud de « notre frontière protégée » risquent d’accentuer l’anxiété et la peur, la censure, de semer l’incompréhension, faire germer la discorde et entraîner une déferlante de vagues à la fois de crise et de révolte avec pour réponse aveugle un déchainement de violents épisodes de chantage et de répression. Surtout depuis la montée incessante de la droite radicale fasciste qui en train de semer à tous vents les germes de la bêtise humaine, de la haine et de l’intolérance dans les esprits et chez bon nombre de gouvernements du monde entier. Sans compter le dangereux pingouin-empereur-président-psychopathe-fou – et fou que de lui-même –, ce Trump gravement atteint du syndrome de Caligula dont la morale était : « Si le trésor a de l’importance, alors la vie humaine n’en a pas. » et qui apparaît maintenant littéralement boulonné au siège capitonné du bureau ovale muni de son stylo plume feutre cracheur de décrets – Ô grand malheur ! Serait-ce un Mont-Blanc fabriqué à Hambourg en Allemagne ou un Wing Sung provenant de Guangzhou en Chine… et non pas des USA ? – scotché dans sa main droite et de son lourd poignard tarifaire dans la gauche et en scandaleuse compagnie de sa coterie de frénétiques faucons et insensibles vassaux oligarques issus des complexes tehnologico-industriel et de l’IA. Force est d’admettre que nous subissons présentement une inédite, intempestive et inattendue forme d’invasions barbares. Puisque cette fois-ci les invectives et les attaques à la fois traîtresses et frontales proviennent plutôt de l’intérieur même de nos rangs et menacent de destruction massive les tourelles des remparts de la civilisation.
Vive la désobéissance civile et la révolte !
Mais ces terribles bouleversements orchestrés, ces attaques répétés à la démocratie, ces soubresauts d’autoritarisme violemment affichés au frontispice des pages de la déraison et ces affronts à la liberté d’expression et à nos droits fondamentaux ne doivent pas empêcher la société civile de s’exprimer, de s’indigner et d’agir. Au contraire, la société civile doit manifester sa légitime et essentielle opposition aux injustices, aux dénis de droit et aux errances funestes des nouveaux et dangereux régimes issus de la droite radicale fasciste qui est en train de scrupuleusement de répandre son venin idéologique dans les esprits et au sein de nombreuses formations politiques dans le monde. L’humanité est en péril car un immense chaos géopolitique et climatique frappe de plus en plus fort à ses portes. Nous vivons présentement en situation d’extrême urgence et ne perdons surtout pas de vue que des organismes, des organisations, des institutions et des populations entières courent de grands dangers et vont souffrir davantage et que les enjeux en cause sont multiples, complexes, cruciaux et mondiaux et dont leurs résolutions ou non seront déterminantes pour l’avenir.
« L’histoire d’aujourd’hui nous force à dire que la révolte est l’une des dimensions essentielles de l’homme. Elle est notre réalité … La révolte est souvent légitime, elle est l’expression la plus pure de la liberté et semble revêtir le visage de l’espoir. » Albert Camus
Vers la libération !
À l’évidence, le monde actuel s’enlise dans les marécages boueux de la fuite en avant et de la bêtise et s’éloigne de plus en plus de la paix en tentant d’emprunter les sentiers barbelés de la radicalisation et minés de la militarisation. Cependant, nous ne devons pas commettre l’erreur de plier l’échine et de nous retrancher derrière les barricades de la peur et du silence et de dissimuler nos convictions profondes sous les nuages sombres de la capitulation. Nous devons plutôt ouvrir tous ensemble toutes grandes ces portes de la libération pour empêcher le monde de se fractionner et de penser intimement et collectivement que cette libération n’a rien d’utopique. Bien au contraire. Nous devons nous révolter et manifester haut et fort notre opposition pour mieux affronter et contrer ce péril qui nous assaille de toutes parts et défendre avec force et conviction nos valeurs universelles et faire cesser au nom de la dignité, de la justice et de la paix cet outrageant hold-up de nos droits et libertés. Il y va de nos vies et de celles de nos enfants !
« … l’adjectif « utopique » ne désigne plus ce qui n’a pas de place, dans l’univers historique, mais plutôt ce à quoi la puissance des sociétés établies interdit de voir le jour. » Herbert Marcuse
(À titre d’exemple, pensons à la Palestine qui revendique « depuis 78 ans » déjà son indépendance politique et sa souveraineté sur son territoire.)
Gaétan Roberge
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