Pendant ce temps en Palestine le génocide reprend en s’approfondissant
À travers ce chapelet qui ne cesse de s’allonger, la rupture de la trêve à Gaza par le gouvernement sioniste et la reprise de la guerre génocidaire avec plus d’intensité que jamais passent quasiment inaperçu malgré l’ajout barbare d’un blocus pour affamer les Gazaouis. Maintenant, le néo-fascisant Trump non seulement cautionne la reprise de l’aspect tuerie du génocide mais y additionne le nettoyage ethnique heureusement hors portée, pour le moment, à cause du refus gazaoui à travers mille souffrances et de la pression populaire sur les dictatures susceptibles d’y collaborer. Est-ce paradoxalement à cause de la forte association Trump- Netanyahou et de la persécution ouverte de la propalestinienne militance racisée étatsunienne par Trump que nos grands média montrent enfin plus de sympathie à la cause palestinienne ?
N’en reste pas moins que le drame palestinien reste le dernier des soucis du gouvernement canadien. Il s’assoit sur ses positions mi-chair mi-poisson à la mode Libéral en particulier pour l’exportation d’armements. C’est ce que dénonce la campagne « Votez Palestine » « développée en consultation avec la communauté palestinienne et ses partenaires solidaires à travers le Canada » et qui réclame d’« imposer à Israël un embargo bilatéral sur les armes », de « mettre fin à l’implication du Canada dans les colonies israéliennes illégales », de « Lutter contre le racisme anti-palestinien et protéger la liberté d’expression sur la Palestine », de « Reconnaître l’État de la Palestine », et de « Financer correctement les efforts de secours à Gaza, y compris l’UNRWA ».
Pour les sans statut de couleur et les LGBTQ+, c’est l’enfer face à un Canada fermé
Dans la sillage anti-immigrant habituel des ÉU, présidences démocrates comprises, Trump rajoutent couches sur couches. Dernièrement, il n’a pas craint de faire fi du système judiciaire pour déporter des centaines de Vénézuéliens vers le bagne quasi-esclavagiste construit sur mesure par l’autocrate président du San Salvador. Puis il a décidé d’enlever leur statut légal à un demi-million de migrants latinoaméricains les plongeant dans les pires angoisses. Trump s’acharne en particulier sur les gens LBGTQ+ et plus encore sur ceux trans jusqu’au « ‘’nettoyage’’ des références au ‘’délire transgenre’’ ». Plus largement, ce nettoyage va jusqu’à l’instauration d’une ‘novlangue’ supprimant, entre autres, toute référence aux politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) accusées de crimes imaginaires.
S’ensuit comme le titre Le Devoir que « L’exode américain LGBTQ+ vers le Canada a commencé » à coups de « centaine de demandes par semaine ». Faut-il se surprendre que face à Trump qui lors de son discours d’intronisation « a enfoncé le clou sur lequel il tapait déjà en campagne : ‘’À partir d’aujourd’hui, la politique officielle du gouvernement des États-Unis sera qu’il n’y a que deux sexes, masculin et féminin’’, avait-il alors déclaré, avant de signer dans la soirée un décret présidentiel en ce sens. » Faut-il se surprendre que les personnes LGBTQ+ qui en ont les moyens financiers et sociaux se disent « On va [,,,] payer tout ce qu’il faut pour sortir de cet enfer ». Le Canada leur ouvre-t-il les bras ? « La réponse courte de l’avocate en immigration Stéphanie Valois : non. Même si théoriquement, les Américains peuvent demander l’asile, comme toutes les autres personnes, ‘’être accepté serait très très difficile’’, statut la coprésidente de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration (AQAADI). »
La « nation » tape encore sur le droit à l’avortement : les femmes doivent enfanter
Quant au droit à l’avortement, le jugement de la Cour suprême de 2022 abolissant l’arrêt Roe c. Wade et ainsi la garantie fédérale du droit à l’avortement ne suffit pas à Trump. Il a pris des mesures anti-avortement supplémentaires devant des milliers de personnes « pro-vie » manifestant à Washington. « Ce rassemblement s’est déroulé au lendemain de la grâce accordée par le nouveau président républicain à 23 personnes qui avaient participé à des manifestations contre l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et étaient poursuivies sous la précédente administration du démocrate Joe Biden. » Le président américain a abrogé deux décrets pris visant à protéger certains accès à la santé reproductive des femmes. « Son chef de la diplomatie a, dans le même temps, ordonné l’arrêt de toute subvention publique américaine en faveur de l’avortement à l’étranger ». Et que dire de la déclaration du vice-président Vance qui « a insulté en 2021 les femmes sans enfants en les traitant de ‘’childless cat ladies’’ (des femmes aux chats sans enfants) » ?
Le borné nationalisme de la CAQ et du PQ a depuis longtemps pris la voie trumpiste
L’ultra-nationalisme trumpien ne craint pas d’aller jusqu’au bout de la lutte contre le « wokisme », comme la droite prénomme, pour mieux la stigmatiser, la lutte et la défense des personnes opprimées. Le borné nationalisme duplessiste de la CAQ a depuis longtemps pris ce chemin, du refus de la reconnaissance du racisme systémique lors de l’affaire Joyce Echaquan, et malgré le précédent épouvantable de la tuerie de la Grande mosquée de Québec, jusqu’au renforcement de l’islamophobe loi 21. L’affaire du député Solidaire Haroun Bouazzi a plus que montré non seulement le racisme inhérent du principal parti de l’Assemblée nationale mais aussi de l’autre parti au nationalisme mesquin qui domine les sondages en disputant au premier son électorat. Que ce soit l’ancien meneur de claques de la soi-disant Charte des valeurs du PQ qui est aujourd’hui le parrain du projet de loi bonifiant la loi 21 est en soi révélateur. Quant aux deux autres partis, ils n’ont pas trouvé mieux, y compris le sien et avec le concours des médias, que de tomber à bras raccourcis sur le tête du député.
L’ultranationalisme néo-fascisant exige de reproduire la famille traditionnelle
La politique générale de Trump, qui n’a de chaotique que l’apparence, s’en prend à l’ensemble du peuple-travailleur, disons au 90 %. Toutefois, elle vise d’abord et avant tout celles et ceux sur la première ligne de tir soit les gens opprimés parce qu’ils ne répondent pas aux normes sociétales traditionnelles de la famille bourgeoise. L’épine dorsale en est la transmission de l’héritage à la descendance du mâle… de préférence aux fils qu’aux filles. En découle la persécution des genres non conformes à la reproduction de la famille traditionnelle, les gens LGBTQ+..
Cette persécution s’étend aux personnes racisées réputées irresponsables tant visà-vis la loi, d’où leur profilage policier, que face à la fidélité maritale. (À remarquer que le racisme en marginalisant ces personnes racisées peut paradoxalement engendrer illégalité et familles brisées.) Les préjugés envers les personnes handicapées donnent lieu aux mêmes stéréotypes. Quant aux femmes, inutile de dire que leurs rapports sexuels doivent être sous surveillance mâle, fidélité oblige. Les mâles, eux, peuvent s’accoupler sans limites. La fascisation du monde nous ramène à ce dogmatisme conservateur dont s’abreuvent toutes les grandes religions et que leur fondamentalisme transforme souvent en caricature sordide.
Québec solidaire parlera aux « travailleurs »… qu’advient-il des gens opprimés ?
Pour se sortir du trou, la direction de Québec solidaire prétend dorénavant ne plus s’adresser aux « classes moyennes », interprétées comme un mélange de la petitebourgeoisie professionnelle et de la couche la plus instruite du prolétariat. Néanmoins, la jeunesse de ces couches n’est pas nécessairement la mieux payée, plusieurs tirant le diable par la queue. On reconnaît là cet entre-deux qui constitue la direction / permanence / militance Solidaire plein de mansuétude pour les gens opprimés. Cependant, elles ont soin de s’en distinguer malgré que socioéconomiquement parlant elles en partagent souvent la précarité et la pauvreté si ce n’est qu’en tant que population étudiante.
Opportunisme électoral oblige, le parti à partir de maintenant s’adressera aux travailleuses et aux travailleurs. La vieille gauche férue de luttes syndicales et mal à l’aise avec tout ce qui s’en différencie ne s’en plaindra pas. « Pour elle [Ruba Ghazal], le choix est clair ; c’est la lutte pour les droits des travailleurs et contre les répercussions de la hausse du coût de la vie [‘’et du délabrement de nos services publics’’ d’ajouter la présidente du parti dans sa lettre aux membres, NDLR] qui devrait figurer au sommet du programme solidaire d’ici la prochaine élection. » Pourrait-il en ressortir des boules à mites, ce qui est loin d’être une évidence, la revendication non-pragmatique des nationalisations ? Qu’advient-il de tous ces gens victimes d’oppressions de toutes sortes contre lesquels s’acharnent les gouvernements ultra-nationalistes qui pullulent et dont le duo Trump-Poutine est le chef de file mondial ?
Les « faibles » sont majoritaires et la majorité « forte » deviendra demain « faible »
La direction Solidaire a-t-elle remarqué que les femmes étant la moitié du ciel, ces non mâles blancs sont de loin la majorité de la population québécoise et la très grande majorité de celle mondiale ? Cette minorité d’hommes blancs hétérosexuels et en bonne santé qui trône au pinacle de la pyramide sociale, ayant pris soin de coopter des gens de paille parmi les couches opprimées pour bien paraître, risque fort demain de faire le grand plongeon. Ce plongeon affectera surtout ceux ne faisant pas partie du 1%, grand accapareur de la plus-value capitaliste. Même pour ces derniers, rien n’est garanti : pensons à la longue agonie douloureuse de Steve Jobs, le fondateur d’Apple.
Ils ne sont pas à l’abri d’accident, de maladie chronique, d’important handicap permanent, de chômage ou tout simplement de l’inexorable et souvent débilitante vieillesse. Quand on y pense sérieusement, au point de départ la majorité nationale ou mondiale appartient au camp des « faibles » et la majorité du camp des « forts » d’aujourd’hui passera demain au camp des « faibles ». Cette prise de conscience que toutes et tous sont concernés devrait produire un réflexe de front uni pour la défense des gens opprimés, par le fait même un front uni contre leurs pires persécuteurs, les forces et les gouvernements néofascistes si ce n’est tout simplement ultranationalistes. C’est une question d’humanisme élémentaire.
Le front uni des gens opprimés pour préparer la voie de celui pour le soin et le lien
L’exigence de front uni ne se limite pas à la lutte « wokiste » pourrait-on dire. La catastrophe en cours et s’accélérant de l’effondrement climatique et de la sixième grande extinction menace par définition le monde entier. Certes, quelques multimilliardaires, tout comme ils recherchent sans rire l’« éternelle jeunesse », se préparent une planque pour eux et leur descendance quand la terre sera devenue un four. Le commun des mortels, cependant, est condamné à vivre sur terre. Le tournant « travailleur » Solidaire laisse voir qu’il fait fi de sa priorité d’antan soit la lutte climatique et pour la biodiversité. Pourtant l’alternative d’une société solidaire du soin et du lien, expression tirant son origine de la principale centrale syndicale française, répond aux besoins socio-économiques du monde du travail. Elle y répond en réduisant drastiquement, et pour un plus grand bien-être, les besoins directs d’énergie et ceux indirects pour la fabrication d’une orgie de matériaux pour la consommation de masse.
La collectivisation du logement social écoénergétique pour toutes et tous et celle du mur à mur transport en commun électrifié, confortable et fréquent libèrent le budget des ménages populaires de ses deux poids majeurs qui en plus font peser sur lui le joug du capital financier. Cette dématérialisation draconienne, d’autant plus que l’économie québécoise est déjà dotée de ressources naturelles et moyens de production adéquats pour la fabrication de logements et celle de moyens de transport collectifs, libère le Québec du chantage tarifaire à la Trump. L’alimentation non carnée par l’agrobiologie, un défi plus difficile, fera le reste aiguillonnée par une politique de prix administrés découplée du marché.
La propriété socialisée comme conséquence du soin et du lien, et non sa cause
Comme les soins aux gens et à la terre-mère sont incompatibles avec la rentabilité et que la décroissance l’est par rapport à l’accumulation, la propriété privée des moyens de production est condamnée à faire choux blanc dans une société de soin et de lien. En découlera pour la réaliser la socialisation de l’épargne nationale, de l’énergie, de la communication, des transports, du logement et de la pharmacie. Par contre l’inverse n’est pas vrai car les monopoles étatiques peuvent rentabiliser l’entreprise privée. Hydro-Québec peut, plus efficacement que le privé, doubler la production électrique afin de satisfaire la croissance du capitalisme vert. En prime, la société du soin et du lien permettra de partager un temps de travail réduit et de créer la solidarité nécessaire à l’accueil et au soutien des « damnés de la terre ». Comme quoi, le jeu vaut la chandelle d’une rude bataille contre le capitalisme qui en se néo-fascisant ne lâchera rien.
Marc Bonhomme, 30 mars 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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