« Depuis plus de 20 ans, la FIQ dénonce le recours aux agences privées, qui siphonnaient des milliards de dollars des fonds publics, tout en accentuant la précarité des équipes de soins. Nous avons exigé du ministre Dubé une loi pour y mettre fin et avons salué sa volonté d’agir. Toutefois, nous avions prévenu que sans mesures d’accompagnement solides, ce retrait précipité mettrait le réseau en difficulté. Malheureusement, le temps nous donne raison », observe Julie Bouchard, présidente de la FIQ.
Certes, 4 100 soignantes issues des agences ont rejoint le réseau public, mais le recrutement demeure un défi majeur. Pire encore, le gouvernement freine lui-même l’embauche en gelant des postes et en révisant à la baisse de 20 % les besoins en personnel. Selon les données de la Fédération, environ 2 250 postes vacants ont été tout simplement éliminés. C’est un non-sens absolu ! En Mauricie-Centre-du-Québec et en Abitibi-Témiscamingue, 71 infirmières issues de la main-d’œuvre indépendante (MOI) ont quitté, mais seules 19 ont été embauchées. Comment espérer assurer la continuité des soins dans ces conditions ?
« Le manque de personnel est déjà criant et ça se traduit par des fermetures temporaires de lits, comme à l’urgence de l’hôpital du Suroît. Parmi les 18 établissements visés dans la première phase du plan pour sortir du recours à la MOI, le CISSS de la Montérégie-Ouest est celui qui dépend le plus des agences. Pourtant, en un an, il n’a recruté que 40 infirmières et 15 infirmières auxiliaires. Si ça continue comme ça, ce sont les patient-e-s qui vont en souffrir. Et avec un budget provincial qui prévoit seulement une hausse de 3 % pour la santé, combinée aux récentes coupes de 1,5 milliard de dollars, c’est clair : le gouvernement choisit de continuer avec sa politique d’austérité », note Mme Bouchard.
La FIQ reconnaît la nécessité de réduire les coûts liés aux agences - qui ont coûté 2 G$ aux contribuables en 2023-2024 - et salue la baisse de 50 % du recours à la MOI en un an. Toutefois, la fin du recours aux agences doit aller de pair avec des investissements massifs pour stabiliser les équipes et assurer la rétention du personnel. Sinon, la pression retombera sur les professionnelles en soins, forçant le retour au temps supplémentaire obligatoire et accélérant l’exode vers le privé.
« La solution est simple : il faut absolument offrir des horaires prévisibles pour mieux concilier la vie personnelle et le travail, mettre fin aux suppressions de postes et au gel des embauches, et surtout, valoriser l’expertise des professionnelles en soins pour éviter un nouvel exode. Il est grand temps d’investir dans les équipes de soins, au lieu de se contenter de se féliciter des économies réalisées. La FIQ continuera de se battre pour que cette transition ne se fasse pas sur le dos des professionnelles en soins ni au détriment de la qualité et de l’accès aux soins », conclut la présidente de la FIQ.
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