Qu’elles soient blanches, racisées, autochtones, jeunes ou vieillissantes, lesbiennes ou hétérosexuelles, des centaines de femmes ont pris part à un événement extraordinaire pour le mouvement féministe. Ce rassemblement était l’aboutissement d’une démarche de plus de deux ans initiée par la Fédération des femmes du Québec (FFQ) durant laquelle a été entrepris un vaste chantier de consultation. Ce processus a par la suite mené à la mise sur pied de tables de travail afin de pousser la réflexion plus avant sur plusieurs enjeux de société.
Certes, il aurait fallu plus de quatre jours pour traiter l’ensemble des résolutions soumises à la réflexion et au débat. Toutefois, au sortir de cette rencontre, les femmes avaient adopté une série de propositions constituant les fondements d’un monde de liberté, d’égalité, de paix, de justice et de solidarité pour toutes et tous.
Pour changer les choses
Ces propositions traitent notamment d’une vision féministe de la santé des femmes, de la remise en question du système économique et politique, de la protection de l’environnement, de la lutte à la pauvreté, des ressources à pourvoir à celles désirant se sortir de la prostitution et de la solidarité à développer avec toutes les femmes, en dénonçant entre autres les inégalités vécues par les femmes migrantes, racisées ou autochtones.
Bien évidemment, s’il est possible d’obtenir l’adhésion des femmes sur plusieurs sujets les concernant, d’autres questions moins consensuelles demeurent plus sujettes à la polémique, comme les enjeux entourant la prostitution ou le projet de charte des valeurs du gouvernement Marois, par exemple. Conscientes de ces divergences de vues, mais voulant embrasser largement, les organisatrices de l’événement ont plutôt cherché à voir « comment développer une culture de la solidarité, du respect et de l’écoute ».
Femmes autochtones : une riche complicité
Il faut saluer les liens étroits tissés avec l’organisation Femmes autochtones du Québec (FAQ) durant tout le chantier qui a mené aux états généraux. « La collaboration avec les femmes autochtones remonte à l’organisation de la Marche mondiale des femmes, en 2000, où un siège leur avait été réservé sur le comité international, pour tenir compte de l’oppression spécifique qu’elles vivent partout dans le monde, et aussi au Québec », rappelle Marie-France Benoit, conseillère syndicale à la CSN et membre du comité d’orientation des états généraux. « On a eu cette volonté, aux états généraux, d’inscrire cette lutte et nous voulons continuer à travailler ensemble et à faire avancer certaines revendications, dans le respect de nos valeurs. C’est très positif », se réjouit madame Benoit.
Des défis à hauteur de femmes !
Une démarche d’une telle ampleur qui s’est déroulée sur plus de deux ans, c’est une expérience hors de l’ordinaire. « Le bilan reste à faire, estime madame Benoit, mais c’est mission accomplie ! Les enjeux étaient importants tant techniquement qu’au plan idéologique. Malgré nos différences, nous avons réussi à débattre dans le respect sans que des fractures importantes n’apparaissent. En soi, c’était un grand défi ! », conclut la militante féministe.
Emmanuelle Proulx
Conseillère syndicale