La place accordée au secteur privé à but lucratif par les dirigeants du réseau de santé public, en croissance constante depuis plusieurs années, atteint aujourd’hui des proportions alarmantes au Québec, dépassant, même parfois de loin, ce qui a cours dans de nombreux pays de l’OCDE. Les résultats des solutions promises par le privé à but lucratif, qui cherche à nous vendre ses remèdes miracles à fort prix, n’ont jamais été au rendez-vous. On a plutôt assisté au transfert des ressources publiques vers les comptes personnels d’investisseurs motivés d’abord par la volonté d’accumuler toujours plus de profits. Face aux absurdités et aux aberrations auxquelles on assiste quotidiennement dans le réseau, il devient urgent d’agir. Le nier n’est pas une option, s’y attaquer et trouver des solutions sont des obligations.
Pour moi, la solution est claire : il nous faut innover en mettant sur pied de nouveaux modèles de soins, sans craindre de sortir des sentiers battus.
Que ce soit pour nos parents, ou éventuellement pour nous-mêmes, peut-on imaginer, par exemple, une maison où il ferait bon vieillir ? Un endroit à l’échelle humaine et sécuritaire où la clientèle n’est pas catégorisée en fonction du nombre d’heures-soins dont elle a besoin, mais dans lequel les personnes peuvent choisir de vivre sans être déracinées. Un milieu dans lequel les aînés et leur famille participent activement au choix des services et des loisirs ainsi qu’aux décisions qui régissent leur quotidien. Une maison ouverte sur la communauté et dans laquelle un centre de jour accueille également les aînés des alentours pour échanger et se divertir. Un lieu où les professionnelles en soin seront davantage impliquées et auront une plus grande autonomie, leur offrant ainsi la possibilité d’exercer leur travail au plein potentiel de leurs capacités et d’en faire bénéficier les aînés. Un endroit développé en dehors de toute logique de profit et qui permettra, enfin, de placer les aînés au cœur de l’hébergement.
Une vision semblable peut aisément s’étendre aux soins de première ligne, un autre secteur où le privé à but lucratif a décuplé sa présence depuis quelques années sans pour autant résoudre les problèmes de coûts et d’accès aux services..
L’heure est à l’innovation et à l’audace. Il faut oser penser autrement si l’on veut arriver à se donner des services qui répondent vraiment aux besoins de la population et qui mettront en valeur le plein potentiel professionnel de celles qui soignent. Le changement passe par nous !