Les violences.
La violence faite aux femmes est un phénomène généralisé dans nos sociétés actuelles parce que nous vivons comme femmes dans une société de domination et d’exploitation. Les violences servent à nous « remettre à nos places ».
Nous remettre à notre place au foyer car le travail d’entretien, d’éducation, de soins et d’attention que nous faisons doit continuer à se faire gratuitement. Imaginez devoir payer toutes ces heures faites par amour et par devoir ? Là est notre première place dans la société : des ménagères.
Nous remettre à notre place aussi sur le marché du travail car nous pouvons y accéder mais pas trop haut, pas trop payées et avec pas trop de responsabilités. Il faut garder les forces pour la deuxième journée de travail. Le harcèlement est là pour que les femmes n’oublient pas qu’elles ne sont que de passage sur le marché du travail. Notre deuxième place dans la société c’est comme cheap labor à statut précaire.
Le mouvement de dénonciation rend donc publique la généralisation de cette violence. Le silence est brisé. L’ampleur est connue l’espace de quelques jours, de quelques semaines. Le patriarcat qui fait que le sexe mâle profite des femmes se combine au capitalisme qui s’enrichit du travail gratuit et bon marché des femmes. . Mais vite les profiteurs de la domination et de l’exploitation des femmes vont attirer l’attention générale sur d’autres sujets. Le secret, le retour à la vie personnelle et surtout privée, pour éviter de voir la généralisation et la structuration de notre société. Ne mettons pas trop en vedette le patriarcat. Face aux violences faites aux femmes, insistons sur l’individu homme et ne nous questionnons pas trop sur la socialisation des hommes et des femmes dans notre société.
Après le cycle de dénonciations de Nathalie Simard, celui de Sue Connely, il y en aura d’autres tant que les vrais fondements ne seront pas changés.
La maternité
Autre façon de nous remettre à notre place, c’est par notre rôle de mère. Quoi de mieux pour nous attacher davantage au foyer que de nous remettre l’entière responsabilité de l’éducation des enfants. Pourtant la maternité est un acte éminemment social. C’est construire la société de demain, assurer la descendance et la survie de l’espèce.
Pourquoi en faire une affaire individuelle et personnelle en disant : « C’est aux parents qui veulent des enfants à payer, pas à ceux celles qui n’en veulent pas, qui en ont eu et dont la famille est élevée !!!! » C’est sur cette base culpabilisante que les mesures néolibérales du gouvernement Couillard prennent racines. Remettre aux femmes du Québec les soins des enfants en coupant dans la politique de la petite enfance : finies les garderies à 7 $ et le support aux familles.
Pourtant 1$ investi dans la politique familiale rapporte 1.50 $ au gouvernement. Et il faut le dire dans ce secteur social, il n’y a pas d’abris fiscaux ou de paradis où cacher les profits.
De plus le système de garde au Québec a fait ses preuves : les enfants y sont bien éduqués, les travailleuses majoritairement syndiquées, y sont maintenant mieux payées et mieux protégées. Et le système a permis à des milliers de femmes du Québec de garder leur autonomie financière en leur permettant d’intégrer le marché du travail. C’est un acquis social important pour l’avenir du Québec et pour les femmes en particulier.
Avec ce massacre dans les services, le patriarcat prend la vedette en poussant les femmes à rester à la maison et à exercer leur rôle traditionnel.
Les suites
Le PQ tente de faire bonne figure ces jours-ci. Il reprend son discours à gauche qu’en moins de 100 jours de pouvoir il avait abandonné. Seules les étudiants et étudiantes avaient hérité de ces mesures progressistes. Maintenant, il se flatte la bedaine en se proclamant le « père » des principales mesures à l’enfance. Mais qui était prêt à augmenter les frais de garde, qui augmentait au compte-goutte les places en garderie ? Madame Marois assumait la logique néolibérale et les coupures qui en découlent. Sa première cible n’était peut-être pas les familles, mais les femmes étaient dans ses priorités. Alors le PQ n’a pas de gorges chaudes à faire, ni de leçons à donner. En ce sens le discours de madame Maltais à Québec pour la manif des garderies était loin d’être de circonstance !
Dimanche, partout au Québec, des parents, des travailleurs et travailleuses de la petite enfance, des femmes et des hommes ont marché contre la mise en place de ces coupures. Les mobilisations se préparent et les gens se promettent d’être dans la rue le 29 novembre. Et si le 29 novembre devenait un moment important pour dire NON au massacre à la chain saw ? Les femmes ont beaucoup à perdre.
Peut-être qu’au lieu de l’austérité ce sera la solidarité qui comptera et alors le patriarcat perdra de son vedettariat.
On avance, on avance…On recule pas…on peut pas !