Quelques jours après la fin de la rencontre entre les ministres de la Condition féminine des provinces et territoires et du Canada, où la question des crimes d’honneur a été à l’avant-plan, le chef de l’Assemblée, Ghislain Picard, accuse les gouvernements d’oublier les femmes autochtones.
Si plusieurs groupes, dont Femmes autochtones du Québec, demandent un plan national pour s’attaquer aux problèmes de violence, la ministre fédérale, Rona Ambrose, a rejeté l’idée d’un plan à la grandeur du pays. En octobre dernier, elle a toutefois alloué une enveloppe de 10 millions de dollars pour tenter de régler le problème des disparitions de femmes des Premières Nations.
« Cette attitude est inqualifiable, a indiqué le chef Picard, par voie de communiqué. En même temps, elle ne me surprend pas de la part de gouvernements qui s’accommodent très facilement de la violence vécue par nos populations, et en particulier nos femmes et nos filles. » La violence est trois fois plus présente dans la vie des femmes autochtones que dans celle des autres femmes.
Ghislain Picard demande aux dirigeants des provinces et territoires et au premier ministre du Canada, Stephen Harper, « de rappeler à l’ordre leurs ministres de la Condition féminine » d’ici la réunion du Conseil de la fédération, qui s’ouvrira le 20 juillet à Vancouver.
Selon M. Picard, Québec aussi doit faire plus. « Le Canada et le Québec n’ont pas d’autre choix, ils doivent prendre leurs responsabilités et appuyer nos efforts. »
La ministre de la Condition féminine du Québec, Christine St-Pierre, répond que son ministère fait déjà beaucoup pour soutenir les femmes autochtones, qui sont intégrées au coeur de son plan d’action en matière d’égalité ayant été publié il y a deux semaines.* « Elles sont vraiment incluses dans les dossiers sur la violence conjugale et les agressions sexuelles, a expliqué Mme St-Pierre en entrevue téléphonique. Il me fera plaisir de rencontrer M. Picard pour lui montrer tout ce qu’on fait déjà. »
Mélissa Guillemette, Le Devoir, le 9 juillet 2011
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Note de Sisyphe
Voici ce qu’on peut lire sur les femmes autochtones dans le Plan d’action don parle la ministre :
"54 / Soutenir financièrement des projets lancés par les femmes autochtones
Les femmes autochtones ont de la difficulté à mettre en place des projets, principalement par manque de ressources financières, alors que plusieurs d’entre elles ont des préoccupations majeures quant aux problèmes sociaux et éducatifs, notamment, auxquels les membres de leur communauté doivent faire face. Il s’agit donc de rendre accessible une aide financière qui s’adresse précisément aux femmes pour les amener à être davantage engagées dans leur communauté et auprès de leurs autorités politiques, le tout pour favoriser l’émergence d’initiatives et de projets significatifs, en particulier auprès des membres des Premières Nations et de la population inuite.
Groupe cible : les femmes autochtones vivant ou non dans une communauté autochtone »
Les femmes autochtones font partie des "minorités visibles, les minorités ethniques, les autochtones et les personnes handicapées". Le Plan d’action ne comporte aucun chapitre sur la situation particulière des femmes autochtones dont le 1/4 vivrait de la violence conjugale. Voir ce plan sur le site du Secrétariat à la Condition féminine.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 12 juillet 2011