Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Nucléaire

25 ans après Tchernobyl

Bonjour de Paris

Je vous envoie un texte sur les 25 ans de Tchernobyl, qui a été co-signé par Jacques Testard, qu’on ne présente plus, Frédérick Lemarchand sociologue, Marc Atteia mathématicien, Paul Ariès philosophe et moi-même qui l’ai commis.

L’accident de Fukushima est venu comme un révélateur : qu’avons-nous appris de Tchernobyl et "ces leçons" ont-elles été utilisées pour Fukushima ? La réponse est négative pour des raisons qu’il serait trop long de tirer ici mais qui sont déductibles du texte joint.

D’ailleurs, nous pouvons d’ores et déjà dire que Fukushima est en grande partie une répétition de Tchernobyl, même si techniquement, factuellement, politiquement, économiquement, les conditions sont différentes.

Mais reste un point commun capital : la biosphère et les populations seront aussi touchées quelle que soit la partie du monde où le prochain accident grave se produira. Seule l’orientation des vents et des pluies feront la différence. Autrement dit les autorités privées et publiques seront amenées à mentir autant qu’elles mentent encore sur Tchernobyl et Fukushima.

Or si nous sommes, nous citoyens français, parmi les plus exposés au monde, vous l’êtes également ainsi que la polulation des USA. C’est en lisant l’article de Gentile que j’ai eu envie de vous envoyer cet article encore inédit en France. Et aussi pour jeter un pont sur l’Atlantique (un des sites les plus sérieux sur le nucléaire est celui d’Arnie Gundersen sur Fairewinds.com).

Jean-Marc Royer


Il fût et il reste très difficile de se faire une idée de ce que représente Tchernobyl, tant parce que l’évènement a surpris toutes nos représentations habituelles de la catastrophe que parce la vérité met de très nombreuses années à se frayer un chemin dans le nucléaire, c’est une constante depuis Hiroshima. Les nuages radioactifs n’ayant pas le bon goût de s’arrêter aux frontières, les responsabilités internationales des États nucléaires sont à l’évidence mises en jeu, elles sont énormes, ils le savent.

En effet, ce sont plus de 2 000 explosions, dont certaines équivalaient à 50 fois celles du Japon qui ont eu lieu, sans parler des ratés et des dizaines d’accidents dont les premiers connus datent de l’automne 1957 à Windscale (UK) et Maïak (URSS). Mais qui en connaît les conséquences ? Aucune enquête épidémiologique internationale digne de ce nom n’ayant été diligentée à ce propos, un comité européen sur les risques de radiations (CERR) [1] a étudié, à la demande des députés verts, et confirmé, l’impact de l’activité atomique depuis 65 ans sur les populations mondiales, ce dont on pouvait se douter étant donné qu’on en retrouve les traces, années après années, jusque dans les glaces du Pôle Sud [2].

Les enjeux sont tellement grands que les effets pathologiques de toutes ces contaminations à petites doses au long cours sont farouchement niés par tous les pays et les organisations intergouvernementales dans un bel ensemble. L’omerta, y compris médiatique, est à la mesure du problème. C’est pourquoi ceux qui travaillent à l’émergence de ces vérités qui dérangent si fort de si nombreux acteurs ont droit à notre profond respect. La grande majorité des informations qui suivent sont extraites du livre d’Alexeï V. Yablokov, Vassili B. Nesterenko, Alexeï V. Nesterenko, « Tchernobyl, conséquences de la catastrophe pour l’homme et la nature », annales N°1181 de l’académie des sciences de New York [3] 2 et dont le choix des textes traduits en français sont dus à Wladimir Tchertkoff avec la collaboration de Lisa Mouravieff.

Irradiation et multi contaminations « à rebonds » imprévisibles.

Tout comme le 6 août 1945, le 26 avril 1986 est une date historique pour l’ensemble de l’humanité. Pour s’en faire une idée, il faut brosser à grands traits le tableau des irradiations, des contaminations et de leurs conséquences sur le long terme. En explosant, le réacteur N°4 de la centrale Lénine de Tchernobyl n’a pas seulement rejeté des gaz et des aérosols divers issus de la désintégration atomique du combustible comme le ferait une bombe, mais également « des particules chaudes solides » de combustible : ce sont des morceaux de toutes tailles qui, combinés avec d’autres radionucléides, sont retombés sur le site ou à proximité de la centrale.

Au moment de l’accident, l’activité de certaines « particules chaudes » atteignait 10 à 12 mille becquerels, ce qui pouvait provoquer la mort en quelques heures. Par la suite, des « particules chaudes liquides » se sont également formées dans le sol à la suite des pluies. Lorsque ces particules pénètrent dans l’organisme à travers la peau, l’eau et l’alimentation ingérés ou l’air inhalé, elles produisent, même longtemps après leur émission, des doses élevées d’irradiation. Dès les débuts du cataclysme, les irradiations sont donc violentes, multiples, complexes et pérennes quelle que soit la distance de l’accident, c’est une des particularités de Tchernobyl par rapport aux bombardements de 1945. Cette remarque est importante pour la compréhension de la suite et des suites de cet accident.

Dans le documentaire « La bataille de Tchernobyl » on peut voir des réservistes, bardés de plaques de plomb attachées avec de la ficelle (on dirait de grands enfants se prêtant à des jeux de rencontres moyenâgeuses comme il en existe sur Internet), qui enlèvent ces « particules chaudes solides » hautement radioactives du toit d’un bâtiment, pour les balancer en contrebas, à concurrence de deux pelletées maximum par personne, avant de décamper rapidement, conformément à l’ordre qu’ils ont reçu afin de préserver leurs chances de survie.

Depuis le jour de la catastrophe, les irradiations sont peu à peu supplantées par des contaminations de long terme, mais la situation radiologique évolue d’une manière que personne ne pouvait prédire. En effet, suite aux processus de désintégration du plutonium-241, la formation naturelle de l’américium-241, puissant émetteur de rayons gamma, va constituer un aspect important de la contamination de nombreux territoires distants, jusqu’à un millier de kilomètres. À cause de cette désintégration progressive, les territoires dont le niveau des rayonnements gamma était faible, sont devenus à nouveau dangereux.

Par ailleurs, il y a eu une forte redistribution des radionucléides dans les écosystèmes du fait de leur concentration par les organismes vivants et de leur migration, après quelques années, dans les parties du sol où plongent les racines : ces radionucléides deviennent alors de plus en plus accessibles pour les végétaux qui les reportent pour la deuxième fois à la surface du sol. C’est l’une des causes de l’expansion et de l’aggravation de la morbidité et de la mortalité atomique dans les territoires contaminés.

D’après les données existantes relatives à l’action des radionucléides incorporés sur la santé, à partir de 50 Bq/kg d’accumulation du césium-137 dans l’organisme de l’enfant (70-75 Bq/kg pour les adultes), des altérations pathologiques peuvent apparaître dans les systèmes vitaux (cardio-vasculaire, nerveux, endocrinien, immunitaire), dans les reins, le foie, les yeux et les autres organes :
 La glande thyroïde concentre jusqu’à 40% de la quantité totale des radionucléides d’iode chez les adultes et jusqu’à 70% chez les enfants. L’hypophyse aussi la concentre considérablement (de 5 à 12 fois). Du fait que tous les autres organes de la sécrétion interne (glandes parathyroïdiennes, épiphyse, pancréas et glandes surrénales) sont étroitement liés dans l’équilibre hormonal, la contamination radiologique de Tchernobyl a influé sur le fonctionnement de tous les organes du système endocrinien.

L’effondrement de la fonction hormonale du thymus joue le rôle principal dans le développement de la pathologie du système immunitaire.
 Les maladies des organes circulatoires sont l’une des causes principales d’invalidité et de mort des « liquidateurs ».
 Le vieillissement accéléré provoqué par la catastrophe de Tchernobyl a déjà touché des centaines de milliers de personnes et en touchera des millions dans le futur.

Par ailleurs, dans le documentaire déjà cité, de nombreuses personnes parlent du goût de plomb qu’elles avaient en permanence dans la bouche durant les évènements. Et en effet, entre 2400 et 6720 tonnes de plomb ont été déversées au cours des opérations d’extinction. Pendant les quelques jours qui ont suivi, une partie importante de ce plomb a été rejetée dans l’atmosphère suite à sa fusion, à son ébullition et à sa sublimation dans l’incendie du réacteur. C’est pourquoi le saturnisme est devenu une des pathologies importantes de Tchernobyl.

De plus, les conséquences génétiques de la catastrophe de Tchernobyl, en ajoutant de nouvelles atteintes, toucheront pendant des siècles des centaines de millions de personnes, parmi lesquelles :
 celles qui ont subi le premier choc radiologique (irradiation externe forte et brutale), parce que la quantité des radionucléides rejetés par la Catastrophe dans la biosphère fût des milliers de fois supérieure, et bien plus virulente que celle d’Hiroshima ;
 celles qui vivent, et vivront pendant les 300 ans à venir dans les territoires contaminés par le strontium-90 et le césium-137 ou qui vivront dans les territoires contaminés par le plutonium et l’américium pendant des milliers d’années,
 les enfants des géniteurs irradiés pendant des générations, où qu’ils vivent par la suite.

Le Secret, la falsification officielle sans retour des statistiques en ex URSS, l’absence d’une statistique fiable en Ukraine, au Bélarus, la volonté des structures gouvernementales et de l’industrie atomique, ainsi que des principales organisations intergouvernementales (CIPR, AIEA et OMS) de minimiser les conséquences de Tchernobyl sont légion, en voici quelques exemples.

Dans aucuns des livrets militaires des 60 000 militaires en service qui ont participé aux travaux de « liquidation », n’a été enregistré le dépassement de la norme de 25 rœntgens, alors en vigueur. Mais l’examen clinique de 1100 militaires liquidateurs a révélé chez 37% d’entre eux les symptômes hématologiques de la maladie des rayons qui indique que ces personnes ont reçu à l’évidence plus de 25 rœntgens.

D’autre part, Vingt et un ans après la Catastrophe, les observateurs des mystérieux vols d’avions et les « pluies noires » qui s’en sont suivies à partir du 1er mai ont commencé à parler ; les pilotes militaires aussi, qui pulvérisaient réellement de l’iodure d’argent pour déclencher ces pluies et empêcher ainsi qu’une dangereuse contamination radioactive n’arrive sur les territoires densément peuplés de Voronej, Nijni Novgorod et … de la place rouge à Moscou.

La médecine officielle n’a commencé à reconnaître la fréquence de la cataracte « tchernobylienne » que 8 ou 9 ans après que la chose ait été découverte. Même chose en ce qui concerne le cancer de la thyroïde, la leucémie et l’affection du système nerveux central. Cette façon de faire traîner la reconnaissance de l’évidence (et la prise des décisions nécessaires pour en minimiser les effets) restera sur la conscience de ceux pour qui les intérêts de l’industrie atomique sont plus importants que l’aide aux millions de victimes.

Les autorités soviétiques ont non seulement officiellement interdit aux médecins de faire le lien entre les maladies et l’irradiation mais elles ont de plus classé « secrets » tous les matériaux concernant Tchernobyl. Des années après, lorsqu’il est devenu impossible de cacher la manifestation évidente de la hausse de la morbidité, on a tenté d’expliquer cette hausse par les conséquences d’un stress national généralisé et une psychologie de très bas étage (phobie de la radioactivité !), alors que la psychologie n’a jamais été la préoccupation majeure des organisations soviétiques ou internationales en question.

Hors des frontières de l’ex URSS, on a entrepris de cacher les informations sur la morbidité grandissante des populations directement ou indirectement touchées par les retombées de Tchernobyl : il n’y a pas de données instrumentales disponibles de la contamination de tous les pays d’Europe par tous les radionucléides de Tchernobyl, et désormais il n’y en aura plus jamais. S’appuyant sur ce manque, le rapport de l’AIEA/OMS « Forum Tchernobyl » (2005) ne discute que des données concernant les territoires du Bélarus, de l’Ukraine et de la Russie Européenne, passant sous silence la contamination des autres pays européens.

Dans le même ordre d’idée, même si la densité actuelle de la contamination n’est pas actuellement élevée dans un territoire, l’énorme contamination des premiers jours et des semaines qui ont suivi la catastrophe - on sait par reconstruction que dans certains territoires l’activité des retombées radioactives dépassait 10 000 fois les niveaux du fond naturel - ainsi que la faible contamination persistante pendant des décennies, a pu causer et causera une influence considérable sur la santé des habitants et de l’environnement. Les déclarations rassurantes comme quoi la contamination de Tchernobyl n’ajoute que 2% au fond radioactif naturel sur la superficie de la Terre, constituent donc une désinformation consciente.

D’autre part, la suppression des institutions chargées des suites pathologiques de Tchernobyl, le détournement des équipes de chercheurs de l’étude des problèmes engendrés par la catastrophe, le harcèlement et l’emprisonnement de certains médecins spécialisés, sont autant de tentatives concertées et persistantes de cacher la vérité. Yuiri Bandajevski fût arrêté en juillet 1999, prétendument dans le cadre des mesures d’urgence destinées à combattre le terrorisme. Arbitrairement détenu, puis accusé de corruption et condamné le 18 juin 2001 à 8 années de prison malgré la rétractation publique de son accusateur au terme d’un procès digne de ceux des années 30, il fût incarcéré jusqu’en 2005.

Vassili Nesterenko, directeur de l’Institut indépendant biélorusse de protection radiologique Belrad qu’il a créé en 1989 avec l’aide d’Andreï Sakharov, Ales Adamovitch et Anatoli Karpov, a été menacé d’internement en asile psychiatrique par le KGB, a subi deux attentats et est décédé le 25 août 2008 après une opération à l’estomac. Aussi, l’exigence avancée par les spécialistes de l’AIEA et de l’OMS de la nécessité d’une « corrélation certaine » entre la charge radioactive d’une personne concrète (jamais reconstituable avec précision, et pour cause), et l’atteinte à la santé pour qu’il y ait démonstration évidente du lien de la maladie avec l’irradiation de Tchernobyl, relève-t-elle d’une série de manœuvres intellectuelles particulièrement malhonnêtes.

En résumant sommairement les données publiées dans le livre déjà cité, la contamination radioactive de Tchernobyl a touché près de 400 millions de personnes (205 millions en Europe et environ 200 millions hors de l’Europe), à un niveau de 4 kBq/m2 (0,1Ci/km2) et plus. L’analyse des courbes de la morbidité générale des enfants vivant dans les territoires contaminés de l’ex URSS est particulièrement désespérante : seulement 20% d’entre-eux sont en bonne santé.

Dans certaines régions du Polessié il n’y en a plus un seul. En Allemagne, les dents des enfants nés après la Catastrophe avaient 10 fois plus de strontium-90, tout comme on retrouve de l’Uranium dans les dents de lait des enfants anglais habitants près de Windscale (rebaptisé Sellafield) 53 ans après cette catastrophe atomique. Le nombre des victimes de Tchernobyl croîtra pendant plusieurs générations. Au cours des 15 premières années après la Catastrophe, celui-ci peut être estimé de la manière suivante :
Bélarus, Ukraine Russie d’Europe 237 000
Le reste de l’Europe-contaminée à plus de 1 Ci/km2 170 000
contaminée de 0,1 à 1 Ci/km2 255 000
Asie, Afrique, Amérique du Nord 323 000
Le monde entier 985 000 [4]

Une nouvelle race d’hommes appelée à se développer : « les liquidateurs ».

Cette expression est en soi un subterfuge qui vise à faire croire que ce type de catastrophe, qui est essentiellement en devenir, « serait liquidable », de manière à clore le dossier des responsabilités. On ne connaît pas le nombre exact de personnes (armée, polices, milices, réservistes, mineurs, volontaires …) ayant participé à la « liquidation » car :
 des dispositions secrètes interdisaient de rendre public l’appel à la participation aux travaux concernés (lettre du Ministère de la défense de l’URSS du 9 juin 1989) ;
 amenés de toutes les régions de l’ex-URSS par des moyens d’urgence gouvernementaux, ils y ont été renvoyés aussitôt après sans le moindre début de suivi épidémiologique.

Leur nombre total s’élève vraisemblablement à plus de 800 000. Leur exposition, lorsqu’elle était contrôlée, (la limite fût relevée à 25 Rœntgens), était de toute manière systématiquement minimisée (documentaire cité). Comme au cours des premières années il a été officiellement interdit d’établir une corrélation entre la morbidité et la radioactivité, celle des liquidateurs, obtenue avant 1989 a été falsifiée sans retour. Mais nous savons qu’au début, tous les liquidateurs étaient obligatoirement des jeunes gens en bonne santé. En Russie, cinq ans après la catastrophe, 30% d’entre eux étaient déjà considérés officiellement « malades » ; dix ans plus tard, moins de 9% des liquidateurs étaient considérés « en bonne santé », et après 16 ans il n’en restait » pas plus de 2%.

Qu’est-ce qu’une catastrophe au temps de l’Anthropocène

 [5] ? Des sols de cours d’écoles ont été entièrement retournés au Japon, mais il n’y a aucun moyen de décontaminer des territoires entiers avec leur faune et leur flore. Se pose toujours la même question lancinante du « stockage de déchets éternellement radioactifs » (bel oxymore). À l’échelle continentale, il s’agirait rien moins que de créer d’immenses cimetières de la Terre. Les catastrophes atomiques ont ceci de particulier qu’elles délimitent toujours une fracture multidimensionnelle de l’histoire du vivant :
 La perte irrémédiable de tout un monde vivant sur d’immenses territoires, un printemps sans les cris des oiseaux, et des arbres roussis par un gigantesque et silencieux incendie.
 Une mortalité si nombreuse dans des conditions si inhumaines que le travail de deuil s’avère impossible à réaliser, surtout « au temps de la mort sèche » [6].
 Un évènement imprévu et inconcevable, qui dépasse nos facultés d’imagination, et dont les conséquences futures sont elles-mêmes imprédictibles.
 Des irradiés/contaminés subissant une atteinte aussi bien mentale que physique dont certains effets s’étaleront sur plusieurs générations pour donner naissance à des lignées d’êtres difformes.

Autrement dit, « un avant et un après » sans retour possible. Un trou dans la mémoire symbolique des humains, dans leur inconscient, ce qui nous prépare « un retour du refoulé » à la mesure de l’évènement. Mais de plus, et c’est là le « double effet paradoxal » des catastrophes atomiques, elles n’ont pas de fin, pas de terme prévisible : c’est un monstre qui pousse et dévore de l’intérieur l’humanité, dont la morbidité persistante est difficilement évitable. La catastrophe atomique « colonise l’avenir et n’offre aucune possibilité d’échapper au destin tragique : aucune culture n’est prête à affronter ce pari » [7].

Une politique négationniste

Face à ce cancer, les États et les organisations intergouvernementales (UNSCEAR, CIPR …) ont délibérément minimisé les conséquences sanitaires de Tchernobyl : ce parti pris des jugements concerne également l’OMS et sa fameuse thèse d’une trentaine de morts, car un accord a été signé en 1959 entre l’AIEA et l’OMS obligeant celle-ci à soumettre sa position à celle de l’AIEA dans tous les cas où le nucléaire est en jeu. Quand les nucléaristes déclarent, vingt ans après la Catastrophe de Tchernobyl : « aujourd’hui, la condition principale de la garantie de la sûreté radiologique n’est plus dans l’abaissement des charges de doses déjà insignifiantes, mais dans la garantie du fonctionnement efficace des entreprises et de la production de l’énergie atomique », ils tentent par ce biais de faire oublier le sort de millions de victimes de la catastrophe.

Cette politique nationale et internationale consistant à tout faire pour effacer les traces et la mémoire de la catastrophe … rappelle furieusement celle qui a accompagné la « solution finale ». Un autre versant de la politique négationniste face à tous ces dangers, consiste en un raisonnement de type scientiste qui les transforme en risques statistiques : c’est un nouveau mode de justification rationnelle des aspects périlleux à court, moyen et long terme de l’industrie atomique. Ce type de calcul du risque a connu depuis trente ans une vogue envahissante qui se décline dans ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui le rapport comparé des coûts et des risques encourus.

Cette raison calculatrice est complétée par une politique systémique d’externalisations maximales, lesquelles seront imputées de facto aux populations et à la biosphère. Ce que vise à cacher cette manipulation intellectuelle du risque, c’est qu’en cas de catastrophe (« le risque résiduel »), ce sont toujours les États qui sont appelés à la rescousse car les moyens privés sont à l’évidence insuffisants pour y faire face.

Mais depuis Tchernobyl et Fukushima, les habitants de tous les pays de la planète savent également qu’ils ne peuvent plus compter sur leurs gouvernements pour le protéger efficacement ni avant et encore moins après une catastrophe atomique. C’est pourquoi nous pouvons dire que les populations du monde entier, après avoir été évacuées du choix politique - aucune société civile ne fût jamais consultée - courent le risque d’être évacuées de leurs territoires nourriciers.

Étant donné la taille et la complexité des réalisations techniques de l’ère « thermo-industrielle » [8], cela transforme de facto le monde en « laboratoire d’essais » : ce fût le cas à Hiroshima comme à Tchernobyl. Le concept de « laboratoire-monde », tiré du livre d’Alain Gras sur les macro-systèmes techniques, renvoie, d’une part à l’extension planétaire des réseaux qui permettent la division internationale du travail (à vous la fabrication et les risques majeurs, à nous la conception et le profit majeur) et d’autre part à une volonté de puissance illimitée sur le monde.

Ce qu’il s’est produit à la centrale Lénine, destinée à devenir la plus grande usine de production d’électricité atomique au monde (6 000 MW), en est malheureusement une parfaite illustration. En effet, la catastrophe trouve son origine dans le projet inouï consistant à « expérimenter » en vraie grandeur : il s’agissait, dans le cas d’un arrêt d’urgence, d’utiliser le dégagement calorifique résiduel pour une production supplémentaire d’énergie électrique ! Une véritable expérience atomique dans le laboratoire-monde, la suite logique d’un fantasme de toute puissance.

Autrement dit, le monde vivant est devenu le laboratoire à grande échelle de la technoscience. Mais le rejet du seul réacteur N°4 de la centrale Lénine a provoqué une contamination des dizaines de fois supérieure à la contamination due aux bombes lâchées sur Hiroshima et Nagasaki et le « nuage de Tchernobyl » a fait au moins deux fois le tour de la Terre, ce qui fait de Tchernobyl la plus grande catastrophe technologique de l’anthropocène [9] à ce jour.

Mais il y a plus grave. Le Pr. V. Nesterenko, qui fut directement en charge des conséquences de la catastrophe, explique dans le documentaire déjà cité, que 1400 kg du mélange uranium-graphite au contact de l’eau constituaient une masse susceptible de provoquer une explosion atomique d’une puissance de 3 à 5 Mégatonnes soit entre 50 et 80 fois la puissance de l’explosion d’Hiroshima si une quantité suffisante de Corium, qui avait déjà percé la cuve du réacteur, avait transpercé la dalle de béton qui le séparait des masses d’eau contenues dans les sous-sols du réacteur. « Une explosion d’une telle puissance pouvait provoquer des radiolésions massives des habitants dans un espace de 300-320 Km de rayon (englobant la ville de Minsk) et toute l’Europe pouvait se trouver victime d’une forte contamination radioactive rendant la vie normale impossible. […] Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable.  » [10] .

Qu’est-ce qui a permis d’éviter l’apocalypse Européenne à Tchernobyl ? D’abord cette nouvelle race d’hommes appelée « liquidateurs » que l’on conduit rapidement et par milliers sur les lieux du sacrifice : les réservistes qu’on envoie ramasser les débris mortels du réacteur, les pompiers qui évitent la propagation de l’incendie puis auxquels on demande de pomper l’eau sous le coeur en fusion, les mineurs qui creusent une galerie souterraine de cent cinquante mètres et une chambre de 1800m3 trois fois plus vite qu’en temps ordinaires pour combler le sous-sol de béton et tous les autres services, civils et volontaires.

Puis on distribue des diplômes, des médailles, on édifie des stèles et des statues dans le plus pur style réaliste socialiste aux nouveaux hommes de marbre du nucléaire, (y compris en Occident et bientôt au Japon), mais on continue de dissimuler, de falsifier des documents, de déroger aux plus élémentaires principes de sécurité ou de précaution envers les populations civiles et l’on pourchasse les physiciens ou les médecins qui mènent des études sur les suites de ces catastrophes. On encense les uns pour mieux isoler ou décrédibiliser les autres. Quand on se souvient de la durée et des efforts gigantesques qu’il a fallu déployer à Tchernobyl, on peut clairement affirmer que Fukushima sera dans l’actualité pour un long moment, malheureusement pour les habitants de l’archipel et du monde entier.

En effet, les moyens mis en œuvre par le puissant régime totalitaire soviétique sont sans commune mesure avec ce que peut faire le Japon ou n’importe quel autre pays au monde (Chine exceptée) : en ex-URSS il était possible d’enrôler 800 000 « liquidateurs », les services de secours civils de tout un immense pays, des centaines de pompiers, dix mille mineurs, une armée encore puissante avec ses milliers de réservistes, sur ordre du secrétaire du Politburo. Le déploiement de tels moyens ne sera plus possible dans d’autres cas similaires et il est douteux que l’appel aux autres pays soit suffisant : en démocratie libérale, il y aura peu de volontaires pour mourir dans des souffrances que l’on sait atroces et pérennes sur plusieurs générations.

Au Japon, vu leur état, les systèmes de refroidissement ne pourront plus jamais être remis en service. Tandis que l’on injecte du Bore pour inerter l’atmosphère des réacteurs en fusion, une énorme quantité d’eau y est quotidiennement déversée pour les refroidir afin d’éviter qu’ils ne transpercent l’enceinte et atteignent ces mêmes des masses d’eau, ce qui pourrait être très grave. Or la chape de béton, construite dans les années soixante-dix, dont l’épaisseur ne fût pas prévue pour une telle éventualité, est par ailleurs vieillie.

Et ce n’est pas un, mais quatre réacteurs, dont le N°3 qui fonctionnait au MOX [11] français, qui sont concernés. Sans parler des conséquences d’une éventuelle réplique sismique qu’on ne peut malheureusement pas écarter vu la situation de la centrale. Dans ces conditions, qui peut prédire les effets cumulatifs possibles de ce type de situation au Japon, ou ailleurs ? Or, ce qu’il fût possible de mettre en place à Tchernobyl pour éviter la catastrophe planétaire, ne le sera vraisemblablement plus jamais sauf, pour quelques temps encore en Chine …

On l’a vu, une catastrophe de grande ampleur, continentale, ne peut être exclue.

Dans les territoires contaminés par les dépôts de Tchernobyl, il est dangereux de s’occuper d’agriculture, il est dangereux de cultiver les forêts, dangereux de pêcher le poisson et de chasser le gibier, il est dangereux de consommer les denrées produites localement sans contrôler leur radioactivité, dangereux de boire le lait et même l’eau. Tout ce qui constituait depuis des millénaires la plus sûre et la plus fidèle des sources de vie - l’air, les eaux naturelles, les fleurs, les fruits de la terre, les forêts, les fleuves et les mers - tout cela est devenu en quelques jours source de danger pour l’homme, car les radionucléides se sont propagés du réacteur en ruines à travers tous ces territoires et au-delà [12].

Les éléments radioactifs ont rempli tout notre espace vital et sont devenus source d’irradiation et de contamination dangereuse pour l’homme et toute la biosphère, ce que le rapport du Comité européen sur les risques de radiations (CERR) [13] a été le premier à confirmer en 2003. Sans doute est-ce d’ailleurs là un des facteurs expliquant l’explosion du nombre de cas de cancers dans le monde (les cas ont officiellement doublé en France entre 1985 et 2000).

La perspective d’une survie en territoire contaminé impose de bien comprendre la différence essentielle entre irradiation et contamination. Les discours officiels se focalisent sur l’irradiation due aux rayons émis par les matières fissiles lors de l’explosion. La catastrophe ukrainienne nous l’a enseigné, il faut également prendre en compte les effets délétères sur la santé des « faibles doses » inhalées ou ingérées par l’alimentation, qui vont ensuite se fixer dans l’organisme et produire leurs effets des années plus tard.

Les produits radiotoxiques issus des centrales (Césium137, Strontium 90, etc.), sont d’une toxicité phénoménale : de toutes petites doses produisent un effet qu’il est impossible de nier. Des mesures efficaces de protection pour la diminution de la teneur en radionucléides incorporés doivent commencer à partir du niveau d’accumulation du césium-137 de 25-28 Bq/kg dans l’organisme (ce qui correspond à la charge de dose de 0,1 mSv/an) mesure que le CERR recommande également dans son étude. Les appareils automatiques de spectrométrie de radiation interne du corps humain tels le SCRINNER en usage en Biélorussie, sont conçus pour mesurer l’activité dans le corps humain des radionucléides suivants : Cesium-137, cesium-134, potassium-40, radium-226, thorium-232, manganèse-54, cobalt-60, iodine-131, etc.

Ces appareils devraient être d’usage courant dans tous les pays sous le vent de centrales atomiques en activité. Par ailleurs, dans de véritables prescriptions publiques à grande échelle, il faudrait préciser les avantages et les limites des pastilles d’iode et des mesures de confinement, les gestes qui sauvent, les « périmètres d’évacuation » des plans d’urgence …

C’est pourquoi, dans tous les pays, les organisations de la société civile doivent considérer l’importance de la création d’un système de contrôles radiologiques indépendant du système officiel.

Figures de la défaite déshonorante, les « hibakushas », assimilés aux pestiférés par peur d’une contagion fantasmée, furent l’objet de la honte publique, décourageant ainsi la plupart des rescapés de participer à un quelconque travail de mémoire, témoignages dont on a vu avec Primo Lévi, Robert Antelme, David Rousset et les autres survivants l’importance capitale dans l’Europe intellectuelle de l’après-guerre. Les édiles japonais procédèrent à une « reconstruction » rapide de la ville qui eût pour but avoué d’effacer méticuleusement toutes les traces de leur défaite et … de ce crime effroyable. Comme si à la place d’Auschwitz s’élevait maintenant une sorte de parc d’attraction ultra moderne pour la paix.

Les USA ont activement contribué à ce processus en menant sur place et avec l’aide des autorités japonaises des études sur toutes les conséquences de ce bombardement. Mais « la raison d’État » primant sur les souffrances de milliers d’innocents, ces études furent versées dans des archives secrètes de Washington, longtemps inaccessibles. Plus de traces, telle est le credo commun à tous les criminels et négationnistes (Cf. ce qu’en dit plus précisément Günter Anders). Contrairement à ce qui s’est produit pour la Shoah, vainqueurs et vaincus se sont associés pour aveugler l’humanité, avec succès jusqu’à ce jour, sur la nature des crimes commis à Hiroshima et Nagasaki. Il en fût de même à Tchernobyl et en sera de même à Fukushima. Le travail de mémoire est ainsi forclos comme on tente d’enfermer un déchet radioactif dont on sait pertinemment qu’on en repasse la dangerosité aux générations suivantes.

L’invention atomique était manifestement porteuse de mort généralisée du vivant sur la planète, mais les gouvernements et la plupart des médias occidentaux (la guerre froide, qui devait durer quarante ans, y a bien pourvu) ont tout fait pour recouvrir cette défaite historique de l’humanité d’un épais manteau d’admiration et de dévotion devant le génie et la puissance des chercheurs, de la science, de la technique, de l’industrie … Un nouveau dieu est apparu ce 6 août, à la puissance inquiétante certes, comme tous les dieux, et à la gloire duquel de nouveaux hymnes ont été forgés illico presto (une étude qui reste à faire).

Le largage des bombes atomiques ainsi que « l’expérience Tchernobyl » furent non seulement un crime contre l’humanité, mais fait nouveau, un crime contre la Nature, ce que l’on appellerait aujourd’hui un Écocide. Si le refoulement de ce type de catastrophe systémique pour la biosphère persiste, il ne sera pas sans conséquences pour l’avenir de l’humanité et sa manière d’en écrire l’histoire.

À travers son concept de « banalité du mal », Hannah Arendt a démontré dans les années soixante que des crimes contre l’humanité avaient été perpétrés par des hommes ordinaires parce qu’ils ne se posaient pas de questions sur les fins de leurs « activités ». À partir du moment où ils étaient liés par un serment de fidélité à leur hiérarchie (ou à une idéologie, toutes choses qui sont aujourd’hui érigées en valeurs universelles par la raison calculatrice dans le monde du « travail » et ailleurs), ils tenaient ces activités pour légitimes. Ces « hommes » manquaient d’imagination ou l’avaient bannie en tant « qu’état d’âme contre-productif » (comme on dirait aujourd’hui) s’opposant à l’efficience technocratique.

Ce concept de « banalisation du mal » n’est donc pas issu de supputations sur une « nature humaine », mais bien d’une analyse socio-historique de ce qui s’est passé en Europe entre 1933 et 1945 et de ce qui en a préparé l’avènement. Soixante ans après, à moins de croire en un monde fixiste, il faut oser tirer les conclusions de ce qu’Hannah Arendt avait écrit. Historiquement, la banalisation du mal occidental s’est répandue à grande échelle à partir du moment où le travail et les êtres humains ont été « thermo industrialisés » avec l’appui massif de la technoscience, c’est-à-dire coupés de leur réalité nourricière, terrestre, pour être encasernés, prolétarisés, disqualifiés, déréalisés et finalement déshumanisés.

À partir de ce moment, tout a été possible dans l’ordre de la banalisation et tout est devenu acceptable dans l’ordre du mal puisque toutes les fins humaines ont été discréditées au seul profit de l’aliénation productiviste, marchande et consommatoire. Les choses ne se sont pas arrangées depuis un siècle : cela est vérifiable sur tous les plans, y compris psychique [14]13. Alors, il faut avoir le courage de dire que cette banalisation du mal est devenue omniprésente et qu’en conséquence nos sociétés ne sont plus que des « totalitarismes démocratiques » qui nous mènent au(x) désastre(s) définitif(s), ce qui devrait être analysé comme tel dans l’ordre du politique. Et le comble du cynisme négationniste, le « point de vue darwiniste/social » qui consisterait à dire que l’espèce humaine est de toutes manières « de passage sur terre » pour finalement disparaître, n’est pas plus acceptable, ni pour nous, ni pour nos enfants.

Une conclusion s’impose donc : il faudrait mettre sur pied un tribunal international, du type de celui de Bertrand Russel, jugeant les crimes contre l’humanité à Tchernobyl et ailleurs, depuis le 6 août 1945, jusqu’à Fukushima en passant par Falloujah.


Voici une courte présentation des signataires

Jacques Testart Agronome et biologiste, docteur en sciences, directeur de recherche honoraire à l’Inserm ; ex président de la Commission française du développement durable (1999-2003). Dernière publication : « Labo-planète. Ou comment 2030 se prépare sans les citoyens » avec Catherine Bourgain et Agnès Sinaï.

Frédérick LEMARCHAND, Sociologue, Co-directeur du pôle RISQUES, Maison de la recherche en sciences humaines, Université de Caen, Membre du Conseil scientifique du CRIIGEN.
Auteur de « Les Silences de Tchernobyl », Auteur du film « La vie contaminée », Conseiller de l’exposition internationale « Il était une fois Tchernobyl » Intervention sur : « Après Fukushima, repenser l’évaluation du risque nucléaire ».

Marc ATTEIA - Docteur en mathématiques appliquées, Marc Atteia professeur honoraire de mathématiques de l’Université de Toulouse. A publié : « Hilbertian kernels and spline functions », « Le technoscientisme, le totalitarisme contemporain », avec D. Bancel et Igor Gumowski : « Nonlinear problems of analysis in geometry and mechanics ».

Paul Ariès, philosophe et écrivain, intellectuel de référence du courant de la décroissance. Dernier ouvrage publié : « La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance ».

Jean-Marc ROYER, Ingénieur aviation civile, cadre supérieur honoraire d’Aéroports de Paris, ex-responsable syndical Orly. A paraître chez Yves Michel : « Décoloniser l’imaginaire ; Tome 1 : La science creuset de l’inhumanité occidentale », rédacteur du texte « Tchernobyl 25 ans après ».


[1Synthèse et commande du rapport : www.euradcom.org. Pour le CERR, environ 65 millions de morts sont imputables à l’industrie atomique depuis 1945 !

[2Lorius Claude, Voyage dans l’Anthropocène, Actes Sud, 2010.

[3Version américaine partiellement consultable en ligne sur : http://books.google.fr/. D’autres sites en proposent le digest français.

[4Alexeï V. Yablokov, Vassili B. Nesterenko, Alexeï V. Nesterenko, opus cité.

[5Ere caractérisée par le fait que l’homme en est devenu la force géologique principale (Georgescu-Roegen, A. Gras, J. Grinevald ou C. Lorius).

[6Allouch Jean, Erotique du deuil au temps de la mort sèche, EPEL, 1995.

[7Frédéric Lemarchand, Sociologue, Membre du Conseil scientifique du CRIIGEN, article du 17 mars 2011, Les Echos.

[8Révolution thermo-industrielle, terme proposé par Alain Gras, Jacques Grinevald ou Claude Lorius à la suite de Georgescu-Roegen pour signifier que l’élément décisif du changement au 19°siècle, c’est l’utilisation de la machine thermique fonctionnant au carburant fossile.

[9Lorius Claude, opus cité.

[10Lettre du Professeur Nesterenko à Wladimir Tchertkoff, Solange Fernex et Bella Belbéoch, Janvier 2005.

[11Combustible dans lequel se trouve également du plutonium, ce qui réduit les marges de sécurité, sa température de fusion étant + faible et + rapidement atteinte.

[12C’est-à-dire jusque dans les glaces du pôle Sud : Lorius Claude, opus cité.

[13Synthèse et commande du rapport : www.euradcom.org. Pour le CERR, 65 millions de morts sont imputables à l’industrie atomique depuis 1945 !

[14Melman Charles, Lebrun Jean-Pierre, La nouvelle économie psychique, une nouvelle façon de penser et de jouir aujourd’hui, Eres, 2009.

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