Money money
Des sommes éblouissantes qui, certes, participeront à la restauration, la conservation et la protection de nos milieux naturels. Le ministre Charette compte également sur la participation d’autres organismes « afin de bonifier significativement le réseau d’aires protégées québécois ». Mme Claire Ducharme, VP au Québec de Conservation de la nature Canada, un partenaire du Ministère de l’environnement pour le Plan Nature 2030, renchérit en soulignant que « pour renverser la perte de la biodiversité et lutter contre les changements climatiques, nous devons unir nos forces, tous ensemble, car chaque dollar investi par le gouvernement du Québec nécessite notre engagement à trouver un dollar de plus. » Car, disons-le : protéger la biodiversité, ça coûte cher !
Une solution gratuite sur un plateau d’argent
Comment expliquer alors qu’une des mesures pour contribuer à la protection de nos milieux humides, une solution simple et gratuite, dont les nombreux impacts sont connus du gouvernement, ne soit pas appliquée ? Stopper le traitement de centaines d’hectares de milieux humides au Québec à l’insecticide Bti ne coûterait absolument rien !
Le Bti - un non sens sur toute la ligne
Depuis des décennies maintenant, parce que les moustiques et les mouches noires, c’est fatiguant, on traite de nombreux plans d’eau au Québec à l’insecticide Bti (Bacillus thuringiensis israelensis), sans se soucier des risques que cela pose pour la vie dans ces précieux écosystèmes.
L’industrie clame que le Bti, c’est un biopesticide parce que son ingrédient actif est constitué d’une bactérie retrouvée naturellement dans la nature. Depuis près de 40 ans maintenant, l’industrie n’a même pas eu à changer sa lucrative campagne de désinformation : c’est biologique donc, c’est pas dangereux et ça ne détruit que les moustiques et les mouches noires. FAUX : de nombreuses études affirment tout le contraire. Par ailleurs, la bactérie ne compte en moyenne que pour moins de 10% dans les produits commercialisés, le reste étant constitué d’additifs de toutes sortes - non divulgués - car protégés par le sacro-saint secret industriel. Mais encore, détruire les moustiques, pour des raisons de confort, c’est aussi détruire leur proche cousin, les chironomes (non piqueurs), une espèce à la base de la chaîne alimentaire dans ces milieux. Pour faire court : détruire les larves des moustiques, des mouches noires et des chironomes prive les milieux de tout ce que ces dernières offrent et ce, à plusieurs ou chacun des 4 stades de leur développement (oeufs, larves, pupes et adultes), soit : filtrer la matière organique dans l’eau, la dégrader, servir de nourriture aux prédateurs aquatiques et terrestres et polliniser. En bout de ligne, le Bti affame les poissons, les grenouilles, les libellules, les oiseaux insectivores, etc. Le Bti, c’est un triste éteignoir du magnifique concert qu’offrent nos étangs à chaque printemps !
De la cohérence s.v.p.
La commotion qu’a créé le vaste et inquiétant rapport sur le Bti du gouvernement du Québec en avril 2023 dans la population, déjà préoccupée par les dangers du Bti pour la faune, ne va pas s’estomper : comment ce gouvernement peut-il, d’une part, produire un rapport d’une telle rigueur scientifique et, d’autre part, continuer à émettre des autorisations d’épandages aux municipalités et entreprises qui le souhaitent ?
Lobby sur le dos de la biodiversité
Et l’indignation va grandissante lorsqu’on creuse le Dossier Bti au Québec et au Canada et qu’on se rend compte à quel point l’industrie a le bras long pour pouvoir continuer à profiter, sur le dos de la nature, de son lucratif commerce. Et pourtant, en dehors des pertinentes alternatives individuelles que nous connaissons (crèmes, vêtements longs, filets, moustiquaires, etc.) les alternatives pour les grandes superficies, existent bel et bien (comme dernier recours). Il y a, en effet, au moins une entreprise au Québec qui a mis au point une efficace borne à base de CO2 recyclé et qui ne cible essentiellement que les moustiques et mouches noires femelles (les mâles ne piquent pas). Or l’Agence de réglementation antiparasitaire (ARLA, Santé Canada) bloque chez nous ces bornes au plan administratif en exigeant un interminable processus d’homologation. Pourquoi le fédéral fait-il obstruction à cette technologie terrestre toute simple et des plus sélectives pour le contrôle des moustiques, aussi efficace que le Bti mais ce, sans toucher aux milieux aquatiques ? Pourquoi ce type de bornes est-il déployé sans problèmes ailleurs en Europe et dans le monde… mais pas chez nous ?
Des villes prennent les devants
Actuellement, ce sont les municipalités, telles Labelle, Terrebonne, Bécancour, Longueuil et Gatineau qui, une à une, décident de rompre enfin avec ces programmes de traitements archaïques qui coûtent des millions aux contribuables.
La biodiversité, pour se redéployer, ne demande qu’une chose : qu’on la laisse tranquille. Ainsi, pour donner un joyeux coup de barre à la vie dans nos étangs, et celle sur la branche, et pour que notre province commence enfin à montrer du sérieux par rapport à ses engagements à la COP15, nous demandons au gouvernement du Québec d’interdire une fois pour toute le Bti sur notre territoire, une solution de restauration tout à fait gratuite.
Claire Charron
Coalition Biodiversité - Non au Bti
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