La démarche en vaut le coût d’autant plus que tout récemment le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, refusait de reconnaître l’existence au Québec d’une « école à trois vitesses ». Qu’on se le dise, il n’y a pas que les filières de formation conduisant ou non à l’université qui doivent retenir notre attention quand nous examinons notre système d’éducation. Les statuts d’emploi et le salaire versé aux personnes qui y travaillent sont, dans plusieurs cas, déplorables. Nous sommes en présence d’un système d’éducation à vitesses multiples comportant de trop nombreuses et inacceptables différenciations.
Au niveau collégial il y aurait apparemment, à l’enseignement régulier, environ 40% des professeur.e.s à statut précaire. Pour ce qui est de l’éducation des adultes, à une certaine époque, de mémoire, il y en avait plus de 90% d’enseignant.e.s contractuel.le.s non-permanent.e.s payé.e.s à la leçon. À combien s’élève ce pourcentage aujourd’hui ?
Que dire maintenant de l’enseignement à l’université. Dans certains de ces établissements de haut savoir, les cours de premier cycle sont donnés par environ 70% de chargé.e.s de cours. Des personnes hautement qualifiées à qui on accorde un statut d’emploi précaire et qui ne sont pas toujours rémunérées à la hauteur de la valeur de leur prestation de travail.
Il faut mentionner aussi que nous retrouvons parmi les enseigant.e.s et les professeur.e.s à statut précaire un certain nombre qui se sont lourdement endetté pour se qualifier en vue d’exercer leur profession. Ces personnes doivent rembourser leur dette étudiante à même un salaire ridiculement bas.
Cet état de fait résulte de différents facteurs (manque de planification, profession sous-valorisée, conditions de travail difficiles, etc.) et trouve son origine, pour l’essentiel, dans un choix politico-économique douteux effectué par les gouvernements qui se sont succédé à Québec et à Ottawa depuis la fin des années soixante-dix jusqu’à aujourd’hui. Les ministres et la majorité des député.e.s au pouvoir ont décidé de réduire le financement de l’éducation et de l’enseignement supérieur en vue de permettre une réduction des impôts des contribuables.
Pour conclure
Le premier ministre actuel du Québec, François Legault, prétend que l’éducation est une priorité pour son gouvernement. Aux personnes qui oeuvrent dans ce secteur, il offre 9% d’augmentation salariale pour les cinq prochaines années et pour les député.e.s qui décident des politiques publiques nuisibles aux différentes composantes du système d’éducation, il entend leur accorder une bonification immédiate de 30%.
Manifestement, les politiques appliquées en éducation par les gouvernements au pouvoir depuis les quarante dernières années ont été un échec sur plusieurs plans. À quand la fin de ces trop nombreuses inacceptables différenciations en éducation et en enseignement supérieur ?
Yvan Perrier
29 mai 2023
10h
yvan_perrier@hotmail.com
Sources :
https://www.ledevoir.com/societe/education/791808/les-syndicats-pas-surpris-qu-il-y-ait-30-000-enseignants-non-qualifies-au-quebec. Consulté le 29 mai 2023.
https://www.ledevoir.com/politique/quebec/791125/bernard-drainville-au-devoir-table-editoriale. Consulté le 29 mai 2023.
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