Édition du 18 juin 2024

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Opinion

Un autre dérapage de Mario Dumont

Suite à la décision des syndicats des professeurs de cégep de lancer une campagne de sensibilisation politique, Mario Dumont s’insurge contre cette initiative. Pour lui, aborder le néolibéralisme d’une manière non partisane ou critique relève de la doctrine, du dogme, de la propagande...

En premier lieu, expliquons-lui ce que signifie le terme propagande. La propagande, selon le dictionnaire Larousse, se définit comme suit : « action systématique appliquée sur l’opinion pour faire accepter certaines idées ou doctrines, notamment dans le domaine politique ou social ». La propagande est donc utilisée pour promouvoir une idéologie, une doctrine, ou un dogme. En deuxième lieu, assurons-nous qu’il saisisse bien ce que signifie le mot idéologie. Dans les sciences sociales, ce terme se définit comme « un système d’idées, de principes et de représentations mentales servant à guider un ensemble de pratiques sociales » » (Michèle Martin, 2002, p.111).

Je suis désolé, mais la propagande parsème notre quotidien. Que ce soit par la publicité omniprésente, la télévision, les journaux, les magazines, les institutions - publiques ou privées -, nous sommes constamment ciblés par une propagande. Les partis politiques, de droite ou de gauche, sont mus par des idéologies. Les gouvernements légitiment leur pouvoir par l’idéologie dominante. Quoi de plus naturel alors que les idées qui nous proviennent d’eux ne soient pas empreintes d’impartialité. Des exemples de propagande institutionnelle ? Le bon vieux scandale des commandites, les prix de la gouverneure générale, les programmes de jeunes entreprises dans les écoles secondaires, le programme d’instruction des cadets de l’armée (où l’on apprend aux jeunes à être de bons citoyens de « Sa majesté »...), pour n’en nommer que quelques-uns. Nous sommes envahis de propagande de droite, de propagande fédéraliste, de propagande néolibérale, mais lorsque Mario Dumont entend un son autre que celui de l’idéologie dominante ou de celle qui se situe à sa droite (bien que ce soit peu probable), il crie au scandale. Allons Mario, allons, il est possible aussi de réfléchir à gauche...

Chez Mario Dumont et l’ADQ, contrairement à ce qu’ils affirment, c’est le règne de la pensée unique. Pour eux, le fait de porter un regard critique sur le néolibéralisme et les politiques de droite signifie une attitude inacceptable qui relève de l’endoctrinement. Savez-vous ce qui est formidable de l’idéologie dominante ? C’est que lorsqu’on en est bien imprégné, comme Mario, on ne se rend pas compte du cadre idéologique dans lequel nos raisonnements se forment. Pour eux, tout ce cadre relève de la réalité et tout ce qui se situe hors de cette référence est simplement « idéologique », relevant de l’endoctrinement, bref du dogmatisme. Mais Mario, quel meilleur terrain pour débattre sur le fond de l’avenir politique national et international, que les cégeps ? En passant, le thème des effets du néolibéralisme est largement abordé dans les universités un peu partout dans le monde. Est-ce que les universités feraient aussi dans la propagande ? Peut-être devrions-nous fermer les facultés de sciences sociales pour ne pas que nos jeunes soient épris d’idées subversives, mais en s’assurant toutefois que les départements d’économie et d’administration restent ouverts, car eux, ils enseignent la « vérité » et surtout la stabilité.

Mots-clés : Opinion Québec

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