Pas la peine de sourire, vous êtes espionnés
Martine Éloy a commencé par expliquer comment les grandes entreprises de communication (Google, Apple, Microsoft, Facebook, Twitter, etc.) et les états espionnent massivement les populations en enregistrant automatiquement les données échangées (courriels, chats, communications téléphoniques, navigation sur Internet, paiements électroniques, etc.). Ces données, stockées dans de gigantesques centres appelés data centers, sont ensuite analysées au moyen d’algorithmes pour établir des profils.
« La surveillance actuelle ne s’exerce pas uniquement sur des criminels, a expliqué Martine Éloy. On vise plutôt à surveiller tout le monde pour ensuite établir des profils de risque. Or il est très facile de se retrouver dans un profil de risque. »
Il en résulte qu’on peut être privé de certains droits sans savoir pourquoi et sans avoir le moindre recours. Par exemple, ne plus pouvoir monter dans les avions qui survolent les États-Unis ou encore se voir refuser une assurance vie.
Espionner : ennemis, alliés, populations… tout le monde, finalement
Dominique Peschard a poursuivi la conférence en évoquant des dispositifs gouvernementaux, nationaux ou internationaux qui permettent cette surveillance quasi totale des populations. Les états, par leurs agences de renseignement, « écoutent » directement les communications entre personnes et entre machines situées sur leur territoire. Il en est de même avec les données qui ne font que transiter par leur territoire. Les états imposent également une collaboration aux grandes entreprises de communication.
Les principales sources d’informations sur cet espionnage systématique des communications électroniques sont les fameux lanceurs d’alertes. Les plus célèbres sont sans doute Julian Assange, porte-parole de WikiLeaks et Edward Snowden qui a révélé au grand public l’existence de programmes tels que PRISM.
La société de surveillance est incompatible avec la démocratie
Enfin, Nicole Filion a évoqué l’impact de cette surveillance sur les démocraties en général et sur celle du Canada en particulier : « Se savoir surveillé est néfaste à la démocratie. Elle provoque l’autocensure et la baisse de l’engagement dans les mouvements sociaux. » La L.D.L. revendique le droit à la vie privée qui comprend, entre autres, le droit à l’image et le droit à l’anonymat, et qui est une des conditions de la dignité humaine.
Mais comment agir, comment se prémunir de telles intrusions dans nos vies privées ? Tout d’abord, nous pouvons adopter des pratiques d’utilisation sécuritaire des nouvelles technologies : choisir des logiciels libres, utiliser des moteurs de recherche non suivis et crypter nos données.Nous pouvons également refuser les campagnes de peur qui préparent les populations à accepter la diminution de leur droit à la vie privée et exiger du gouvernement qu’il établisse des balises à la surveillance électronique.
« Le Canada est spécialement démuni d’entité de surveillance — parlementaire ou autre — des activités des agences de renseignements, qui pourrait déceler des abus », a précisé Dominique Peschard. Dans cet esprit, la L.D.L. invite les internautes à appuyer une déclaration commune contre le projet de loi C-51, qu’elle juge liberticide et inutile.