Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

Silence, on empoisonne !

La liste des substances chimiques entrant dans le liquide qui sert à la fracturation hydraulique peut compter jusqu’à 700 produits. Parmi ceux-ci se trouvent de nombreuses substances toxiques, biocides, cancérigènes, perturbateurs endocriniens, tératogènes (qui créent des malformations chez les nouveau-nés) et même radioactives, comme le radon. Au nom du secret industriel, les compagnies ne sont pas tenues d’en fournir le contenu exact, cela en dépit des problèmes de santé animale et humaine observés partout où l’industrie s’est implantée.

Ceux et celles qui s’intéressent à ce qui se passe à Anticosti ont pu apprendre par les réseaux sociaux que les boues résultant des forages exploratoires sont ou seront prochainement répandues directement sur les sites de forage partout sur l’île. Nous savons que les forages avec fracturation devraient débuter en 2016. Une étude rendue publique dans le cadre des évaluations environnementales stratégiques (ÉES), portant sur la filière des hydrocarbures et sur Anticosti, évalue que chaque puits fracturé exigera en moyenne 22 millions de litres d’eau. Il n’existe aucune infrastructure pour traiter cette eau contaminée et les boues de fracturation sur l’île. Si le gouvernement du Québec persiste à vouloir sonder, et peut-être même exploiter, le potentiel gazier d’Anticosti malgré l’évidence de non-rentabilité, permettra-t-il que les boues et les eaux usées de la fracturation soient répandues sur l’île comme c’est le cas avec les résidus des puits non fracturés ? Il y a tout lieu de le penser.

Les scientifiques réitèrent l’importance de mettre un frein radical à nos émissions de gaz à effet de serre (GES) si nous voulons éviter un emballement incontrôlable et irréversible du réchauffement climatique. La hausse continue des GES est, pour une part importante, attribuable à l’augmentation vertigineuse de la consommation de gaz naturel dans le monde. Malgré cela, le gouvernement québécois multiplie les projets, tous plus polluants les uns que les autres, liés à cet hydrocarbure : Pétrolia à Anticosti, Énergie Saguenay à Grande-Anse, Stolt à Bécancour, Tugliq en Gaspésie, Gaz Métro à Montréal, Hoegh sur la Côte-Nord, en plus de l’usine d’engrais IFFCO, projets qui feront exploser les émissions de GES alors que nous devons travailler à les réduire.

Le comportement de l’équipe Couillard en matière de politique énergétique ressemble à celui de ces rois fous qui ont traversé l’histoire de l’humanité. Les intérêts particuliers d’une petite caste au pouvoir prévalent sur l’intérêt commun. La toxicité de la pollution atmosphérique ambiante serait-elle responsable de cette dérive de l’intelligence ?

Louise Morand
Comité vigilance hydrocarbures de l’Assomption
2 novembre 2015

Louise Morand

Comité Vigilance hydrocarbures de l’Assomption

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