En effet, des membres des nations Dakota et Lakota ont établi un campement à Sacred Stone Camp qui est près de la jonction des rivières Missouri et Cannonball afin de protester contre la construction du pipeline, un projet de 3,8 milliards de dollars, qui traverse leurs terres ancestrales et des cimetières autochtones.
Depuis leur établissement en avril dernier, les campements ont attiré des milliers de sympathisants. Samedi dernier, alors que se poursuivaient les constructions, des agents de sécurité ont attaqué les protestataires avec des chiens et du poivre de cayenne.
“Aujourd’hui, il faut se lever, se tenir debout et soutenir les actes de résistance des peuples de premières nations où qu’ils soient“, nous dit Jay Mason, un activiste Mohawk. “Notre but principal est de nous assurer que le monde entier porte attention à ce qui est en train d’arriver là-bas”.
Les protestataires doivent être relocalisés
Jeudi matin à 08h30, environ 40 personnes sont arrivées aux portes du consulat américain à Toronto sur University avenue, entre Dundas et Queen street.
“Progressivement, le nombre de manifestants a augmenté jusqu’à environ 100”, d’après Teddy Syrette, un co-organisateur de la manifestation.
Les agents de sécurité du consulat ont alors demandé aux manifestants de libérer le trottoir et de se déplacer un peu plus loin sur University avenue.
“Nous nous sommes dit : oh c’est tellement typique, par ce qu’on impose constamment aux habitants de Premières nations d’être relocalisés sur d’autres terres. Plusieurs personnes ont été contrariées à cause de cela”, explique Syrette.
Au nouvel emplacement, “nous fumes capables de bien occuper l’espace et de déployer les tambours” nous dit Syrette. Les manifestants marchèrent jouant du tambour et se tinrent par la main en entonnant des chants cérémoniaux.
Avant que ne cessent les tambours, le groupe avait pu exécuter deux danses traditionnelles sur le terre-plein central de University avenue et une sur le trottoir devant le consulat, avec l’aide des agents de sécurité. La manifestation s’est conclue vers midi.
Cette manifestation était la deuxième à se tenir devant le consulat depuis un mois. Chacune a été organisée par différentes personnes, avec des buts différents mais toujours pour la même cause.
Des conversations inter-générationnelles allant au-delà des frontières
La manifestation d’hier à Toronto est un des exemples de témoignages de solidarité qui émanent de partout au Canada. Un ralliement similaire a eu lieu devant le consulat américain à Montréal également hier matin. Par ailleurs, plusieurs membres des premières nations de Winnipeg se sont rendus à Standing Rock.
“Pour nous, la solidarité est si importante que, peu importe de quelle nation vous êtes, peu importe de d’où vous êtes et peu importe où vous êtes”, a dit à Rabble Jacob Parcher, coordonnateur du programme ODE : Remembered Voices (la branche torontoise de “2 Spirit/LGBTQ Indigenous Youth group”, NDLT).
Parcher explique que la frontière qui sépare les États-Unis et le Canada est totalement arbitraire : “une ligne invisible ne peut être une frontière”, dit-il.
La construction de pipelines et d’autres projets similaires détruisant l’environnement ne sont pas exclusivement des enjeux américains, nous explique Mason. “La rivière Saskatchewan est polluée par Husky Oil. Nous avons des enjeux avec le fracturation hydraulique à l’est, notre eau est polluée de façon importante. Voyez le nombre de déversements de pétrole récents dans nos lacs et nos rivières. Et rien ne les arrête, ils s’attaquent à l’eau !”, déclare Mason
“Pour nous, c’est le coeur de la tortue là-bas, c’est de là que provient toute l’eau qui nourrit les Grands Lacs et qui s’écoule jusqu’à Turtle Island, ce sont les veines et les artères. Et ils s’attaquent à cela”, poursuit Mason.
Parcher espère que ODE : Remembered Voices puisse inspirer la jeunesse autochtone afin qu’elle se joigne au combat pour une eau potable et saine.
“Cela va affecter tout le monde, pas seulement les communautés autochtones. Ces corporations, ces entreprises, ces banques pensent essentiellement à court terme. Ils ne pensent pas en fonction de ce qu’ils lèguent aux générations futures”, nous confie Wasse Abino Kwe, un jeune activiste autochtone et membre de ODE : Remembered Voices.
“Et nous pensons constamment en termes d’impacts pour les sept prochaines générations”, intervient Parcher.
Mason est un activiste défendant les droits autochtones depuis les années 70. “J’ai attendu si longtemps pour que survienne un changement de paradigme qui pourrait stopper ces envahisseurs. Mais les choses n’arrivent pas assez rapidement.”
Les enjeux n’ont pas changé tant que ça depuis les années 70, avance Mason. “Tout ce que nous avons aujourd’hui, c’est une nouvelle classe sociale où il y a des autochtones appartenant désormais à la classe moyenne supérieure et d’autres à la classe des plus pauvres. C’est tout ce qui a changé.”
Mais pour Mason, des excuses, de petits programmes de soutien et des promesses creuses ne sont pas aptes à provoquer un changement significatif. “Des excuses sans expiation n’est qu’une excuse qui annonce une récidive”.