La négociation a débuté il y a neuf mois en décembre 2015 mais aucun progrès n’a été réalisé à la table de négociation jusqu’à l’intervention du médiateur spécial la semaine dernière. La direction de Postes Canada s’en est tenue à son offre globale qui imposait des reculs majeurs relatifs au régime de retraite, aux avantages sociaux et à la sécurité d’emploi. En même temps qu’il tenait la ligne dure et refusait de négocier, il faisait en avril une demande de conciliation afin d’accélérer le processus et précipiter la possibilité d’un conflit de travail.
En effet le 13 juin la situation n’avait toujours pas changé et la conciliation prenait fin après 60 jours de rencontres et 7 mois de négociations. Le Code canadien du travail prévoit une période de 21 jours avant que les parties n’obtiennent le droit de grève ou de lockout, par conséquent ce droit est devenu effectif le 2 juillet dernier. Le syndicat décidait à ce moment de ne pas appliquer le mandat de grève voté par ses membres le 28 juin et de poursuivre la négociation.
La contre-proposition de la société d’État avait été rejetée vendredi le 7 juillet par le Syndicat. Postes Canada acceptait l’offre syndicale de prolonger de 30 jours les négociations, à condition que le syndicat se soumette à l’arbitrage exécutoire en cas d’impasse. Le syndicat a rappelé qu’il avait déjà rejeté le recours à l’arbitrage, parce qu’il l’obligerait à abdiquer son droit de négocier une convention collective. À ce moment la direction de Postes Canada indiquait qu’elle ne pouvait accepter de délais supplémentaires et avait émis un avis de 72 heures pour décréter un lock-out. Avis qu’elle a finalement retiré le 10 juillet.
Lise-Lyne nous explique aussi que si le code canadien du travail oblige les syndicats pour y avoir droit à renouveler leur mandat de grève après 60 jours, il n’en va pas ainsi de la partie patronale qui n’a pas de restriction autre qu’un avis de 72 heures pour effectuer un lock-out. Avis auquel le syndicat est en plus assujetti. Le syndicat a ainsi dû recourir à un autre vote de grève le 25 août afin de maintenir son droit de grève.
L’entente de principe est survenue suite à la nomination d’un médiateur par la ministre du travail le 26 août dernier. Jusqu’à cette date la direction de Postes Canada avait refusé de modifier sa position. L’entente de principe prévoit une convention collective de deux ans pour les deux unités de négociation urbaine et rurale. Lise-Lyne nous explique que c’est certainement une durée très courte qui oblige le syndicat à reprendre le processus de préparation à la négociation avec les membres dès juin 2017. Mais on ne sait pas ce que va donner l’étude du mandat dont le rapport sera déposé au gouvernement en décembre prochain, ce n’est donc pas une mauvaise chose qu’on puisse être en situation de négociation par la suite. Par ailleurs ce n’est pas la première fois que le syndicat négocie une convention de courte durée, ça a été le cas en1992 et en 1995.
Le syndicat utilisera cette période de temps pour étoffer ses dossiers concernant le régime de retraite, l’expansion des services postaux et la participation au comité d’étude portant sur l’équité salariale des Facteurs et factrices ruraux et suburbains (FFRS).
Pour l’instant la convention collective prévoit une augmentation salariale de 1,5 % la première et la deuxième année pour les FFRS et de 1%, et 1,5% pour l’unité urbaine avec rétroactivité. Compte tenu de l’écart salarial entre les deux groupes, cette augmentation représente un montant à peu près similaire.
Le régime de retraite à prestation déterminée auquel la direction de Postes Canada voulait s’attaquer est maintenu mais il faut évidemment s’attendre à ce qu’il revienne à la charge lors de la prochaine négociation. Dans l’ensemble les conventions collectives sont maintenues avec des améliorations aux régimes de soins médicaux complémentaires.
En ce qui concerne les FFRS un comité sur l’équité salariale sera formé et remettra son rapport dans 19 mois. C’est une question qui a été retirée de la négociation parce qu’elle est liée à la loi et que Postes Canada doit s’y conformer. Autre gain important, l’ancienneté sera reconnue à partir de la date d’embauche et servira de critère à l’obtention d’un poste permanent. C’est une demande syndicale que la direction avait toujours refusée jusqu’à ce jour.
Selon la présidente de la section locale de Montréal, ce règlement permettra aussi au comité de révision du mandat de la société des postes d’effectuer ses travaux sans menace immédiate de démantèlement du service postal. Ce comité tiendra ses premières audiences à Montréal le 14 octobre prochain.
Les deux prochaines années seront exigeantes, nous rappelle Lise-Lyne, mais nous avons gagné une partie de nos objectifs et nous savons quels sont les enjeux. Nous utiliserons cette période pour nous préparer.