De Paris Omar HADDADOU
Indubitable évidence ! Celle des rapports de force qui évoluent et la diplomatie changeant de ton au grès de la puissance affichée. Y a -t-il des mises en bandoulière légitimes et d’autres pas ? Des pays dépositaires de la Démocratie et des Etats arsouilles méritant le sort d’un gibier de potence ? Heureusement, il nous reste (nous citoyens) un fragment de souveraineté méditative : Celle de faire la part des choses.
En honorant de sa présence au sommet de l’OTAN, ce lundi 14 juin à Bruxelles, le Président Emmanuel Macron se voulait précautionneux dans ses déclarations au moment où Joe Biden et le Secrétaire général de l’Organisation, Jens Stoltenberg, adoptaient un phrasé alarmiste, moulé dans l’anathémisation, digne de la guerre froide. Echaudé par l’alignement controversé à Donald Trump, le chef de l’Etat français s’est montré très circonspect en parlant de la menace chinoise : « Je pense qu’il est important de ne pas nous disperser et de ne pas biaiser le rapport à la Chine. Il est beaucoup plus large que le sujet militaire. Il est économique, stratégique, technologique et de valeurs ».
Au cours de ce sommet ressuscité, Joe Biden ne cachait pas sa volonté d’allier ce qu’il appelait « Les Démocraties européennes » pour contrer l’influence croissante des régimes « autocratiques », pointant du doigt la Russie et la Chine, accusées de tous les maux : « Je veux que ce soit clair. L’Otan est d’une importance capitale pour nos intérêts. Si elle n’existait pas, nous devrions inventer ce qu’elle permet à l’Amérique de faire dans le monde », a déclaré le président américain dont la présence visait à un renforcement et une redynamisation de l’OTAN, à laquelle Macron greffait le qualificatif « en mort cérébrale » en 2019.
Au cours de cette réunion, les chefs d’État et de gouvernement des pays de L’Organisation ont fait part de leurs préoccupations, face à la Russie, la Chine, les nouvelles menaces dans l’espace et le cyberespace, le terrorisme, la montée des régimes autoritaires. Dans ce climat de défiance et de course effrénée vers l’arsenal nucléaire, le comportement du géant asiatique est qualifié de « défi systémique ». Bien que le spectre d’une guerre froide soit dissipé, les appels à l’adaptation de l’Alliance au challenge posé par Pékin, restent pressants : « La Chine n’est pas notre adversaire, notre ennemi, dira le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, il n’y aura pas de nouvelle guerre froide avec la Chine. Mais nous devons faire face à ses défis pour notre sécurité et nous devons les relever ensemble en tant qu’Alliance ».
L’essor chinois est tellement fulgurant que l’Europe et les Etats-Unis y voient un maelstrom à diaboliser, à annihiler, sous peine de disparaitre. Il faut chercher des poux à ce rival tous azimuts qui se rapproche des puissances coalisées, annonçant la couleur dans le cyberespace, la conquête de l’Arctique, les investissements en Europe, en Afrique, développant une puissance militaire à maintenir les attentions aux aguets. L’envol et le rythme chinois sont tellement déroutants qu’il faille composer avec l’ennemi que de l’affronter !
Et le rapprochement entre Moscou et Pékin a de quoi inquiéter l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord qui dans sa déclaration finale, soulignait : « La stratégie nucléaire de la Russie ainsi que son programme complet de modernisation, de diversification et d’expansion de ses systèmes d’armes nucléaires – y compris l’augmentation du nombre de ses armes nucléaires non stratégiques et leur perfectionnement – contribuent toujours davantage à une posture d’intimidation stratégique se faisant plus agressive ».
En bonifiant sa coopération avec la Chine, l’Afrique et nombres de pays émergeants, Moscou suscite le courroux de l’Alliance qui, par la voix du norvégien Stoltenberg, réagit : « Nous allons adresser un message important à Moscou : nous restons unis et la Russie ne saura pas nous diviser ».
La normalisation des relations avec les alliés est subordonnée au respect du Droit international par le Président russe, en honorant ses obligations et responsabilités. Les membres de l’OTAN se disent ouverts au dialogue périodique et substantiel. Une disposition de bonne volonté qui augurerait des bons offices diplomatiques en attendant la rencontre majeure de demain à Genève entre le Poutine et Biden, après un périple en Europe pour un sommet du G7 et une réunion de l’UE à Bruxelles.
Poutine sera-t-il réduit à un mis en cause ayant en face de lui un homologue à la stature d’un Magistrat de circonstance, l’interpelant sur l’Ukraine et l’affaire Navalny ? Les heures qui viennent éclaireront notre lanterne.
O.H
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