Tiré de Politis.
C’est un syndicaliste de Sud-Rail qui a accueilli ce « club des 12 », le syndicat étant le seul officiellement représenté. Si quelques CGTistes étaient dans le « public » composé essentiellement de journalistes, la direction de la CGT avait décidé au dernier moment de bouder la rencontre après que des bisbilles entre centrales sont apparues sur les modalités de la grève – la CGT plaidant pour une grève deux jours sur cinq, Sud pour annoncer d’emblée une grève quotidienne longue.
« Quelque chose est peut-être en train de déborder »
Si, à trois jours du début de la grève à la SNCF, ce n’est pas l’amour fou côté syndical, côté politique en revanche, l’heure est à une concorde qu’on n’avait pas vue depuis longtemps. Au micro, Éric Coquerel venu représenter la France insoumise aux côtés de Clémentine Autain, mais aussi de Danielle Simonnet, du Parti de gauche, a fait mine de s’étonner : « Je vois que certains journalistes sont surpris de nous voir tous ensemble ». Puis d’expliquer qu’« à attaque inédite [de l’État social], une réponse inédite » se devait de voir le jour.
Premier à avoir pris l’initiative de lancer une mobilisation unitaire derrière les cheminots il y a quelques semaines, Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, a insisté sur le fait que les cheminots n’étaient pas seuls :
Il y a aussi des mobilisations dans la finance publique, à Air France, dans les facs… Il y a quelque chose qui est peut-être potentiellement en train de déborder. C’est pour ça qu’il faut y aller ensemble, et pas en ordre dispersé.
Gérard Filoche, l’ancien socialiste à la tête du collectif Démocratie et Socialisme, a abondé dans le même sens, dénonçant une « vindicte politique contre le salariat » en général. « On disloque la République quand on supprime les services publics », a ajouté Benoît Hamon, l’autre ex-socialiste de l’affaire. Et le fondateur du mouvement Génération.s d’avertir : « Derrière [la volonté de transformer la SNCF], ce qui est visé, c’est l’ensemble des services publics qui reliaient les citoyens entre eux. Si cette digue là tombe, la vague nous submergera. »
Quitte ou double
Dans le fond, la gauche en est persuadée : la mobilisation qui s’annonce est un jeu à quitte ou double. Soit le mouvement social, aiguillé par les cheminots et épaulé par la gauche politique, arrive à créer le rapport de forces avec Emmanuel Macron. Soit il échoue, auquel cas c’en sera fini pour des années de la résistance des Français au néolibéralisme. Éric Coquerel n’a pas hésité à comparer la mobilisation actuelle et celle des mineurs anglais au temps de Margaret Thatcher, et Lucien Jallamion, pour République et Socialisme, a prévenu : "Si les cheminots n’y arrivent pas, ce sera l’effet domino."
Enfin, David Cormand a solennellement appelé, au nom d’EELV, Nicolas Hulot, ministre d’État à la Transition écologique, et chargé à ce titre de chapeauter le ministère des Transports, à se positionner sur les dégâts écologiques suscités par un affaiblissement de la SNCF. « Nicolas Hulot ne peut pas rester silencieux car c’est [le secteur de] la route qui est en train de gagner. » L’adresse est lancée. Pour l’heure, le ministre n’a pas encore répondu.
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