Dans ce cirque, on se fait dire qu’on a besoin d’une gauche « responsable », qui accepte les « règles du jeu » et qui finit par endosser les désastres et les catastrophes du système actuel. Tony Blair en Angleterre et François Hollande en France, pour n’en nommer que deux, sont devenus « respectables », applaudis même par les élites en perpétuant la glissade vers la pauvreté, l’exclusion, la destruction de l’environnement et la guerre.
Il n’y a pas si longtemps, Lucien Bouchard et Bernard Landry ont fait cela au Québec en alignant les gouvernements du PQ sur l’austérité, le libre-échange, le déficit zéro, la privatisation et tout le reste, quitte à saupoudrer le tout de quelques réformes qui, dans la plupart des cas, résultaient des pressions des mouvements populaires.
Ceux qui refusent cette arnaque sont condamnés sans appel. Ils sont de vulgaires « populistes » qui commettent le crime de répondre aux attentes du peuple, qu’ils soient de droite (fascistes) ou de gauche (socialistes). Ce discours est tellement omniprésent qu’on a peur d’être libellés de cette manière. On craint effectivement d’être mis dans le même sac que les démagogues de droite.
Mais il y a là un piège. Il ne faut pas avoir peur de sortir du « périmètre » et refuser cette pseudo démocratie qui nous offre de choisir entre Dupont et Dupond. Il faut faire cela en se démarquant, sans ambiguïté, des faussaires qui se présentent comme des critiques du 1 % en détournant la colère légitime contre les responsables du gâchis vers les boucs émissaires, qui sont presque toujours les « autres », immigrant-es, réfugié-es, déclassées de la terre.
Généralement, ces réactionnaires, en plus de diaboliser une partie du peuple, vont glorifier un « cheuf », un « sauveur suprême », qui va prendre les « vraies décisions », parce que, disent-ils, le peuple aspire à être gouverné par une « main de fer ». Plus de mouvements populaires, plus de partis, plus de débats publics, un cheuf, un « vrai homme ».
Alors que faire devant ces politiques qui empoisonnent les débats ?
L’élan de la gauche doit être résolument populaire, partisan et même polarisant. On n’est certainement pas là pour faire les guignols, les « socialistes de service ». On a un projet, et ce projet implique une rupture avec le système, avec le « périmètre ». Réclamer une fiscalité juste et équitable qui va empêcher le 1 % de tout prendre, mettre les droits des gens et de l’environnement au-dessus des impératifs de l’accumulation, se battre pour une réelle égalité avec les peuples, combattre sans répit le sexisme, le racisme, la xénophobie, s’allier aux peuples au lieu de se faire les porteurs d’eau des projets impérialistes, cela a à voir avec la défense du peuple, pas avec le populisme. Cela n’a rien d’exagéré, même si on doit se battre pour cela avec le souci d’être bien compris et surtout, d’avoir comme interlocuteur principal un peuple auto-organisé, conscient de son potentiel et aussi de ses limites, soucieux de créer une masse critique, pour changer, progressivement mais systématiquement, le rapport de forces avec l’oligarchie. Ce rapport de forces, il est inévitable, n’en déplaisent à ceux qui veulent imposer la religion du consensus qui est en fin de compte la religion du « périmètre ».
Cependant, il faut s’y attendre, les mercenaires, notamment dans les médias, vont continuer à répandre leurs insultes. Mais nous, on tiendra le coup, parce qu’il le faut, et parce que c’est comme cela qu’on finira par gagner.
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