Rien n’est plus révélateur de l’état des rapports de force commerciaux et politiques entre nations que leur consécration dans le droit.
Or après la conclusion (à l’arraché) de la dernière version d’un Accord de libre-échange, nettement plus favorable aux États-Unis que le précédent (ce qui n’est pas peu dire), un conseiller de la Maison-Blanche a parlé de « toilettage juridique » pour sa mise au point finale sur le plan légal.
Cet homme traduisait très bien par sa franchise brutale l’état d’esprit qui prévaut en ce moment au sein de l’administration Trump, soit un impérialisme sans retenue et sans complexe de la même farine que celui ayant conduit à la décision de déménager l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Une injustice sans hypocrisie.
Cette orientation politique populiste de droite sans fard possède au moins le mérite de mettre cartes sur table et d’abandonner toute sophistication et à fortiori toute subtilité dans la conduite des affaires publiques, qu’elles soient nationales ou internationales.
Tant pis pour la masse des perdant-e-s ! Malheur aux vaincu-e-s. Les travailleur-euse-s mexicain-e-s vont passer au tordeur de la surexploitation, parce que la sauvegarde des intérêts de leur classe politique l’exige. Pour sa part, Justin Trudeau a sauvé une part de la mise canadienne en obtenant le maintien (même « assoupli ») du tribunal d’arbitrage des litiges commerciaux avec les États-Unis et le Mexique, mais en sacrifiant jusqu’à un certain point les producteur-trice-s laitierère-s du Québec au profit de l’industrie automobile ontarienne.
Que voulez-vous. On ne peut réussir une omelette sans casser des oeufs... ou sans renverser un verre de lait québécois.
Jean-François Delisle
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