Démocratie. Que de crimes ont commet (ou laisse commettre) en ton nom ! Cette affirmation se vérifie pleinement dans le cas du conflit israélo-palestinien. La démocratie et la « civilisation » nicheraient selon certains et certaines du côté israélien alors que la dictature et l’inculture seraient le monopole des « Arabes » (diverses sociétés très différentes les unes des autres), mais les sionistes occidentaux ne tiennent guère compte de ces nuances importantes. Pour eux, il existe d’une part des Israéliens démocrates et d’autre part des Arabes intolérants (dont les Palestiniens et Palestiniennes sont un rameau). Je force un peu le trait pour les besoins de ma démonstrations, mais pas tant que ça.

Dans leur logique, appuyer Israël revient à soutenir le seul type de civilisation « valable ».

Bien entendu, la tradition démocratique n’existe guère dans le monde arabe, en tout cas elle n’y paraît pas très forte. Mais quand un mouvement démocratique et émancipateur y voit le jour (comme en Palestine), les classes politiques occidentales hégémoniques (en particulier celle des États-Unis) s’empressent de s’y opposer soit parce qu’il menace Israël, ou encore qu’il porte atteinte à leurs intérêts commerciaux et économiques. Elles contredisent ainsi sans vergogne leurs principes de démocratie et de tolérance hautement proclamés par ailleurs. Et ces politiques cyniques nourrissent en retour le discrédit dont les pays occidentaux font l’objet chez les Arabes.

Pourtant...

Les nations arabes ont une longue et souvent glorieuse histoire : philosophes, penseurs, savants d’orgine arabe et pratiquants musulmans ont contribué à l’avancement du savoir et de la culture de l’Occident, voire du monde entier. L’Islam ne se réduit pas à sa version intégriste. Il ne le cède en rien sur le plan intellectuel au christianisme ni au judaïsme.

Les Arabes furent de grands conquérants c’est vrai ; ils ont même menacé l’Europe de conquête complète au début du Moyen-Âge. Mais les Croisades au Proche-Orient quelques siècles plus tard par ailleurs résultent de l’initiative de certains États européens et elles y ont produit pas mal de ravages.

Ainsi, toujours présenter les sociétés arabes comme des exemples d’obscurantisme et de dictature n’aide en rien à y encourager la démocratie, loin de là. Surtout, la politique du double standard de certains pays occidentaux hégémoniques en faveur d’Israël contre les Palestiniens et Palestiniennes nourrit la colère des opinions publiques arabes à l’endroit des principaux protecteurs de l’État hébreu. Mettons-nous à leur place : accepterions nous de bon coeur un État arabe établi de force récemment quelque part en Europe ou en Amérique du Nord ? Les Américains, grands parangons supposés de la démocratie seraient-ils prêts à céder un de leurs États en pleine souveraineté à une nation améridienne dépossédée au dix-neuvième siècle ?

Il faudrait commencer par promouvoir une vue plus positive de l’histoire et de la culture arabes en général chez nous, sans tomber bien entendu dans la naïveté. Ensuite, les gouvernements occidentaux devraient cesser de donner priorité à leurs intérêts géostratégiques et commerciaux au détriment des aspirations des peuples arabes à plus de justice sociale et d’égalité. De façon réaliste, il faut admettre que ces intérêts ne disparaîtront pas du jour au lendemain et que les gouvernements occidentaux ne peuvent mettre une croix dessus purement et simplement. Mais au moins, qu’ils arrêtent de leur donner la priorité en toutes circonstances. Il s’agit là d’une politique méprisante dont les Arabes ne sont pas dupes.

En particulier, l’administration républicaine de Donald Trump par son propre obscurantisme se coule auprès des masses arabes. Et à bien y penser, aussi auprès d’une bonne part de ses propres administrés...

Jean-François Delisle